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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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renforcée de barres de fer. En
     bas, un grand trou carré devait servir à passer la nourriture. Elle s’accroupit pour regarder mais c’était trop sombre. Des
     insectes peu farouches couraient sur le sol. On les avait enfermées dans un tombeau.
    Elle savait pourtant qu’Olivier viendrait, et elle sentait la présence rassurante de la dague contre sa cuisse. Peut-être
     pourrait-elle creuser quelque passage, se dit-elle.
    Plus tard, la nuit étant tombée, la porte s’ouvrit en grinçant. Marguerite se réveilla, terrorisée. Une sœur entra, véritable
     colosse. Elle tenait un bâton noueux. Derrière, sur les dernières marches de l’escalier, se tenait l’abbesse, derrière encore,
     un homme, peut-être le concierge ou un gardien.

    — Ave Maria. Je suis sœur Catherine de la Vierge, dit l’abbesse d’une voix atone. Le Châtelet vous a confiées à notre maison. Nous sommes des franciscaines clarisses. Nous nous saluons par les deux mots de la salutation angélique : Ave Maria . Vous ferez comme nous. Pour manger, nous recevons un pain pour dix jours, ce sera pareil pour vous. Nous jeûnons plusieurs
     fois par semaine pour nous rapprocher de Dieu, vous ferez de même aussi. Le servicedivin a lieu trois fois par jour, et la nuit nous chantons de minuit à trois heures pour le Seigneur, vous chanterez comme
     nous. Vous ne verrez personne d’autre que nous, sauf le commissaire et les procureurs. Si vous vous rebellez, vous serez fouettées.
    Ils ressortirent et la porte fut refermée.
    — Nous sommes à demi mortes, murmura Marguerite dans un sanglot.
    — Non, lui dit Cassandre en la prenant affectueusement par le cou. Nous sommes à demi vivantes. Cela suffira pour leur échapper.
    On ne leur porta pas de pain mais on passa une cruche d’eau par le trou. Elles s’allongèrent finalement sur la paillasse,
     réveillées plusieurs fois par une vermine affamée toute joyeuse d’avoir à manger. Elles étaient parvenues à s’endormir plus
     profondément quand les verrous grincèrent à nouveau. C’était la sœur colosse avec son bâton et une lanterne à chandelle de
     suif.
    — C’est l’heure de la messe, venez!
    — Non, dit Cassandre encore à demi ensommeillée.
    L’autre fit un pas et leva son bâton.
    — Essayez et je vous tue!
    Cassandre s’était levée, maintenant complètement réveillée. Devant son visage décidé, la sœur hésita, puis recula et sortit.
    Elles allaient se rendormir quand la porte s’ouvrit. La peur saisit Cassandre qui se leva immédiatement tandis que Marguerite
     se recroquevillait sur la paillasse, terrorisée. C’était toujours la sœur avec une lanterne, cette fois accompagnée d’un homme.
     Une brute en gilet de cuir, la cinquantaine, pas rasé, la bouche édentée. Il tenait une sorte de nerf de bœuf ou de fouet
     court à la main.
    — Vous refusez d’aller à la messe? menaça-t-il en avançant d’un pas.
    Sans attendre de réponse, il frappa Cassandre qui était la plus près.
    Le coup l’atteignit à la hanche et la fit chanceler. Puis ce fut la douleur, fulgurante, comme une brûlure. Elle perdit un
     instant tout contact avec la réalité. En un éclair, il lui vint l’image d’un homme qu’elle avait vu se battre à Montauban,
     un soldat de son père. Plus petit, plus faible que son adversaire, il avait baissé la tête et s’était projeté dans la face
     de son ennemi. La brute la regardait, souriant, heureux de la voir souffrir, prêt à frapper à nouveau. Elle baissa la tête,
     puis se jeta sur lui.
    De son crâne, elle lui frappa la face avec toute la violence que la haine et la souffrance lui donnaient et elle sentit les
     os craquer. La douleur fut brutale, comme si elle s’était cognée à un plafond trop bas. Tout vacilla et elle crut perdre connaissance.
     Quand elle recula vers la paillasse, elle vit que son bourreau tournait de l’œil, la figure en sang, aveuglé, il chancelait,
     appuyé contre le mur qu’il avait heurté avec violence.
    Elle refit un pas vers lui, lui écarta les mains et leva un genou, l’atteignant entre les jambes. Là encore elle avait mis
     toutes les forces qui lui restaient. Ce coup, c’était Caudebec qui le lui avait appris. La brute s’écroula en gargouillant.
    La douleur du coup de fouet sur son flanc devenait insupportable, la rage occultait toujours son esprit. Voyant l’homme à
     ses pieds, elle voulut le frapper encore, mais elle n’avait que ses mains. La

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