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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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– et non cinq cents comme le roi l’avait promis, mais les caisses étaient vides!
    Nicolas vendit son cheval à une écurie des faubourgs et poursuivit à pied jusqu’à la capitale. Le cavalier sur un cheval bai, aperçu plusieurs fois depuis Rambouillet, était toujours derrière lui, mais bien trop loin pour pouvoir être identifié. Mais peut-être ne le suivait-il pas, il y avait tellement de monde sur la route; chariots, charrettes, ânes, troupeaux, pèlerins, moines, colporteurs. Peut-être était-il trop méfiant, se dit-il.
    Longeant un enclos planté de cerisiers, il pénétra par le porche ouvert dans la cour d’une ferme fortifiée. Il ignora les
     chiens qui aboyaient furieusement et se dirigea vers le puits. Des enfants jouaient près d’un tas de fumier, une vieille femme
     en tablier nourrissait des poules avec des épluchures. Le garçon d’écurie en sabot le laissa boire et Nicolas lui glissa un
     denier tournois en lui demandant quelques renseignements sur les chemins qui conduisaient à Paris.
    Il repartit en prenant un sentier à l’écart de la route principale, un chemin que lui avait indiqué le garçon, se demandant
     si le cavalier était toujours derrière lui, car ayant beau se retourner, il ne le voyait plus. Finalement, ce devait être
     un simple voyageur, conclut-il. Avisant un mur d’enclos à demi écroulé, il se glissa derrière et se coula au fond d’un fossé
     bordée d’une haie de noisetiers, invisible du chemin.
    Il n’eut pas longtemps à attendre. Le cavalier arrivait sur son cheval bai. Cette fois, il reconnut le visage triangulaire
     au menton fuyant et la fine moustache surmontant une bouche entrouverte par d’énormes incisives. C’était Lacroix, le capitaine
     des gardes de Villequier. Le beau-père du marquis d’O le faisait donc suivre.
    Pourquoi Villequier s’intéressait-il tant à lui? Pourquoi avait-il lancé cet homme à ses trousses? Poulain aurait voulu rattraper Lacroix pour régler cela l’épée à la main,mais seule son épouse comptait pour l’instant. À l’abri de la haie, il sortit de sa sacoche un froc de franciscain obtenu
     d’un moine de Trappes, l’enfila, cacha le fourreau de son arme dessous et reprit le chemin qui le conduirait à la porte Saint-Honoré.

    Catherine de Clermont-Dampierre, jeune veuve du comte de Retz, avait épousé Albert de Gondi, banquier richissime et ami de
     Catherine de Médicis, devenu maréchal de France. Il avait alors repris le titre de Retz, et la reine mère avait transformé
     le comté en duché.
    Le duc de Retz n’était pas vraiment un familier du roi, même s’il l’avait accompagné en Pologne à la demande de Catherine
     de Médicis, mais il était riche, bon capitaine, et surtout n’avait jamais penché pour la Ligue, même si, profondément catholique,
     il avait été un des instigateurs de la Saint-Barthélemy. Premier gentilhomme de la chambre de Charles IX, il était tombé en
     disgrâce avec le nouveau roi, remplacé par Villequier dans sa charge. Cependant, depuis quelques mois, le roi l’invitait à
     nouveau au conseil et l’écoutait. De surcroît, Henri III admirait sa femme qui faisait partie de l’académie royale et parlait
     grec, latin et italien.
    Retz possédait plusieurs maisons à Paris et sa femme un hôtel près du Louvre, mais leur plus fastueuse demeure se trouvait
     sur le chemin du faubourg Saint-Honoré, à peu près au niveau des Tuileries, non loin de la porte 1 . C’était aussi une maison forte entourée de hauts murs à échauguettes et surveillée par une importante garde. Richelieu avait
     dit à Nicolas Poulain que la duchesse s’y était réfugiée en ces journées troublées.
    Il se présenta donc en franciscain et demanda à voir l’intendant. On lui refusa l’entrée, arguant que le duc était chez la
     reine mère. Il insista, expliqua qu’il apportaitd’importantes nouvelles de la cour et du roi parti la veille. Le capitaine des gardes accepta finalement de le conduire à
     l’intendant à qui Poulain précisa avoir une lettre pour la duchesse.
    Celle-ci lisait avec ses dames de compagnie. Catherine était une fort jolie femme au visage en losange et au regard pénétrant.
     Il lui donna un nom fantaisiste, puis lui tendit la lettre qu’elle lut sous le regard intrigué des autres dames. Quand elle
     eut terminé, elle ordonna qu’on la laisse seule avec le visiteur, ce qui était contraire à toutes les règles de

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