La ville qui n'aimait pas son roi
elle était, mais ne pas l’avoir dénoncée à la Ligue. Comme
elle n’avait pas paru comprendre où il voulait en venir, il lui avait dit crûment qu’il la libérerait contre une rançon puisqu’elle
était noble.
Nicolas rassura ses beaux-parents comme il le put, leur promettant à nouveau qu’il ferait rapidement sortir Marguerite et
Cassandre de leur prison. Avant de partir, l’épicier ajouta que Louchart était revenu chez eux et avait tout fouillé en vain.
Tout avait déjà été pris lors du pillage durant la journée des barricades.
Le lendemain dimanche, Nicolas et Olivier se rendirent à la messe à l’église de Saint-Leu-Saint-Gilles, rue Saint-Denis. C’était
une entreprise bien imprudente, car ils pouvaient être reconnus, mais avec leur visage dissimulé sous leur capuchon de crocheteurs
et leur barbe ni taillée ni brossée, ils pensaient qu’on ne ferait pas attention à eux. Ils avaient décidé de suivre Louchart
après la messe, et de le tuer comme de la vermine.
Seulement le commissaire ne vint pas à l’église. Poulain, qui savait où il habitait, s’y rendit, mais sa maison était fermée. Louchart avait disparu! Avait-il deviné que Nicolas Poulain et Olivier Hauteville étaient sur ses traces? Se terrait-il quelque part? Ils convinrent de le suivre lors de sa prochaine visite à l’Ave-Maria, et de découvrir ainsi où il logeait. Mais en attendant, ne sachant à quoi s’occuper et redoutant de rester inactifs, seuls avec leur peur, ils décidèrent de s’intéresser à nouveau à Boisdauphin et au capitaine Clément.
Vêtus de leurs loques de crocheteur et après avoir donné une poignée de liards au mendiant qui occupait la place, ils s’installèrent
à quelques pas du porche du couvent de Cordeliers. Olivier, qui était le seul à connaître Clément, ne l’aperçut pas. En revanche,
en fin d’après-midi, ils virent Boisdauphin sortir de la Croix-de-Lorraine avec quatre gentilshommes. Ils les suivirent. Les
gens de Guise prirent leurs chevaux dans une écurie proche et se rendirent à l’hôtel de Clisson.
Sans doute devaient-ils y souper, car nos amis attendirent une couple d’heures sans les voir sortir, aussi rentrèrent-ils
au Porc-Épic, où Caudebec s’était morfondu pour rien.
Le lendemain se déroula de la même façon, sauf que ce fut Olivier qui resta à surveiller l’Ave-Maria. Les autres retournèrent
aux cordeliers où, comme la veille, Boisdauphin et ses amis partirent souper à l’hôtel de Guise. Les mêmes faits se reproduisirent
le surlendemain, mais quand ils revinrent au Porc-Épic, Nicolas, dont c’étaitle jour de surveillance, leur annonça avoir retrouvé le commissaire Louchart. Il était venu à l’Ave-Maria accompagné de quatre
archers et d’un homme qui semblait être un greffier. Quant ils étaient repartis, Nicolas avait abandonné sa surveillance pour
les suivre jusqu’au Petit-Châtelet.
Poulain était resté un moment près du guichet d’entrée de la prison, dans le passage voûté entre le petit Pont et le bas de la rue Saint-Jacques. Ne voyant pas ressortir Louchart, il s’était adressé à un huissier pour savoir si le commissaire était toujours à l’intérieur. L’autre lui avait répondu qu’il y était d’autant plus qu’il y avait élu domicile! Avec sa femme, le ligueur occupait le logis situé au deuxième étage de la tour surplombant la Seine. Le commissaire avait quitté sa maison de la rue Saint-Denis car, membre du conseil des Seize, il avait jugé n’y être plus en sécurité, avait expliqué l’huissier.
— Dans le Petit-Châtelet, il sera intouchable, fit remarquer Olivier.
— Il devra bien sortir, remarqua Caudebec.
— Oui, mais s’il est avec des archers?
— Il suffit de s’approcher, de tirer un coup de pistolet et de filer, proposa Nicolas.
— Autour du Petit-Châtelet, c’est impossible, on sera pris tant il y a du monde, remarqua Olivier. Et si on passe toute la journée là-bas à l’attendre, nous serons vite repérés.
Ils restèrent silencieux. N’y avait-il donc aucun moyen de mettre Louchart hors d’état de nuire?
Un peu plus tard, comme ils soupaient dans la salle, le cabaretier leur apprit que la garde de la porte Saint-Jacques avait
arrêté treize mulets transportant la vaisselle d’argent et les meubles du duc d’Épernon. Il leur dit aussi que le roi quittait
Chartres pour Rouen, ville plus sûre, car M.
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