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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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jugé étant dirigée par des ligueurs, on l’avait condamné
     à être pendu et étranglé. Ayant fait appel, il avait été transféré à Paris où un nouveau procès aurait lieu. Tout cela, c’était
     un colporteur venant d’Angers qui le lui avait appris. Pour l’instant, il ignorait où son frère était emprisonné et quand
     aurait lieu son procès. Il craignait qu’il ne soit enfermé dans des conditions inhumaines tant il savait ce qui se passait
     au Grand-Châtelet. Il n’osait se renseigner, car il avait peur d’être poursuivi lui aussi, n’étant pas très assidu à la messe
     et à confesse.
    Poulain le rassura, lui affirmant que le procès en appel aurait lieu au parlement, et que les conseillers étaient fort tièdes
     envers la sainte Ligue. Mis en confiance, le cabaretier leur dit avoir deviné que des amies à eux étaient emprisonnées par
     la Ligue dans l’Ave-Maria. Ce qu’Olivier confirma en précisant que c’étaient leurs épouses.
    Le lundi, tandis que les autres dormaient encore, Nicolas Poulain, affublé de sa houppelande de gros drap à capuche, se rendit
     rue des Bons-Enfants. Il resta un moment à surveiller une maison et quand il vit l’homme au double menton sortir, il le rattrapa.
    — Monsieur Frinchier, appela-t-il à voix basse.
    L’autre jeta un regard méfiant au crocheteur avant de le reconnaître.
    — Vous! fit-il sans plus d’étonnement, malgré son double menton qui ballotta plusieurs fois, peut-être d’inquiétude.
    — Marchons un moment, je suis recherché.
    — Je sais, passons par là.
    L’huissier l’entraîna dans un passage entre deux maisons qu’on utilisait comme raccourci et ils s’arrêtèrent devant un potager.
    — Je vous croyais parti avec le roi.
    — Je suis revenu, j’ai des affaires à régler. Mais ce n’est pas pour cela que j’ai besoin de vous. Je cherche des renseignements sur un homme qui va être jugé pour hérésie au parlement. C’est le frère d’un ami.
    — C’est délicat, fit l’huissier, visiblement mal à l’aise, surtout en ce moment. Que voulez-vous savoir?
    — Où il est emprisonné, comment se présente son affaire…
    — Je peux essayer, mais je ne vous promets rien. J’ai des amis au parlement, mais ils sont prudents. Comment s’appelle-t-il?
    — Guitel, c’est un appel de la cour présidiale d’Angers.
    — J’irai au palais dans la semaine. Passez vendredi, comme ce matin, je vous dirai ce que j’ai appris.
    — Vous alliez au Louvre? demanda Poulain.
    — Que puis-je faire d’autre? Je ne suis pas un politique, sourit-il, et j’ai besoin de savoir ce que je vais devenir…

    Mardi, ils apprirent que la sainte union commençait à épurer les offices royaux et le corps de ville. Les premiers touchés
     furent les intendants des finances, leurs commis et leurs proches que les bourgeois ligueurs arrêtèrent et mirent à la Bastille.
     Encore eurent-ils de la chance, car le peuple voulait les massacrer et les noyer dans la rivière. Le cabaretier leur annonça
     aussi qu’une assemblée bourgeoise avait élu M. de La Chapelle prévôt des marchands, à la place de M. de Perreuse, et choisi
     de nouveaux échevins et officiers. Les capitaines de la milice fidèles au roi avaient été chassés ou arrêtés.
    Pour en savoir plus, Poulain se rendit chez M. Chambon, le seul commissaire non ligueur du Châtelet, mais il avait disparu.
     Rapin, le lieutenant criminel, n’était pas plus chez lui. Devant l’hôtel du lieutenant civil Séguier, on avait mis une pancarte
     avec les mots : Valet à louer . Tousles officiers de la couronne se terraient ou étaient partis, quand ils n’étaient pas en prison. Leur maison était parfois
     mise à sac ou simplement occupée par les vainqueurs. Ainsi, la duchesse de Montpensier s’était-elle installée dans l’hôtel
     de Montmorency. Comme la reine mère avait trouvé inconvenante une telle spoliation, la sœur de Guise lui avait répondu que
     les vainqueurs avaient tous les droits.

    Au fil des jours, les clients du Porc-Épic s’habituèrent à la présence de Hauteville, Poulain et Caudebec que le cabaretier
     présenta comme de sa famille. Il parvint aussi à éviter toute visite du dizainier du quartier, mais c’était une situation
     qui ne pouvait s’éterniser. Dans la chambre, chacun surveillait à tour de rôle le porche d’entrée de l’Ave-Maria. Le couvent
     avait peu de visites : un homme portait de gros

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