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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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contre lui.
    Pourtant, Dieu sait si elle avait des griefs contre Nicolas Poulain, son prévôt qui l’avait abandonnée à Loches pour partir sauver la vie de Navarre!
    Poulain! Quel déconcertant personnage. Elle l’avait cru successivement au service de Guise, de la Ligue et enfin de Navarre jusqu’à ce que Villequier lui annonce, quelques jours avant les barricades, avoir découvert un mémoire dans lequel il dénonçait les projets félons de la sainte union. Immédiatement, elle lui avait envoyé M. Pinard, son secrétaire, pour le rencontrer, peut-être lui parler de son père et s’en faire un allié. Mais il n’était pas venu.
    Comment avait-elle pu se tromper autant sur cet homme? Elle avait bien failli le faire assassiner pour se venger, car on ne se moquait pas impunément d’une Médicis! Mais par amitié pour le cardinal de Bourbon, et sur les conseils de M. de Bezon qui l’estimait, elle n’avait rien fait.
    Combien elle avait eu raison! Au péril de sa vie, Poulain avait pénétré dans le Louvre et décidé son fils à s’enfuir. Sans lui, Henri serait peut-être à cette heure enfermé dans un cachot de la Bastille.
    Elle se demanda où pouvait être Nicolas Poulain maintenant, sans doute à Chartres, à la cour. Elle aurait tant aimé le savoir
     près d’elle.
    On frappa à la porte et M. de Bezon entra en trottinant. Lui aussi était vieux, se dit-elle en regardant le visage fripé du
     nain.
    — Madame, dit-il, avec un air presque hébété qui le faisait paraître encore plus vieux. M. Poulain est ici, dans l’antichambre.
    — Quoi! Mais qui l’a laissé passer? J’avais interdit toute entrée à ma garde, même au duc de Guise!
    — Il… il a la médaille , madame.
    —  Per bacco! La médaille… mais comment?
    — Je l’ignore, madame. Que dois-je faire?
    Elle resta un moment désemparée. Poulain? Chez elle? Avec la médaille ? C’était incompréhensible… Et si c’était lui que ce terrible coup de tonnerre annoncait… Et s’il était envoyé par la divinité astrale pour lui venir à son aide?
    — Qu’il entre! ordonna-t-elle, brusquement pleine d’espoir.
    — Il n’est pas seul, madame.
    — Qui est avec lui?
    — Son ami, M. Hauteville, qui était commis à la cour quand vous étiez à Chenonceaux, mais… M. Hauteville est différent, madame.
    — Vous m’avez déjà dit qu’il avait été anobli par Navarre, mais que ferait-il dans le Paris de la Ligue, en ce moment?
    — Je suis aussi surpris que vous, madame.
    — Faites-les venir tous les deux, et restez avec moi, ordonna-t-elle.
    Dans l’embrasure de la porte, Bezon dit quelques mots à un garde ou à un valet avant de rejoindre la reine. Là, il resta debout,
     près de la cheminée.
    Nicolas Poulain et Olivier Hauteville entrèrent, encore trempés par la pluie. Catherine décida de ne pas leur faire bon visage,
     pour les forcer à s’expliquer.
    — Comment êtes-vous arrivés jusqu’ici, messieurs? siffla-t-elle, simulant la colère.
    Nicolas Poulain s’approcha et lui tendit la médaille sans un mot. Elle la prit et la fit glisser entre ses doigts, comme pour
     vérifier que ce n’était pas une imitation.
    — Comment l’avez-vous eue?
    — Nous l’avons trouvée sur le corps d’un homme qui nous a dit être à votre service, madame. Il se nommait Ludovic Gouffier.
    — Gouffier est mort?
    Elle s’en doutait, mais l’apprendre ainsi de Nicolas Poulain la bouleversait. Gouffier était un bon serviteur.
    — Oui, madame. De façon honorable, et comme le gentilhomme qu’il était.
    — J’aurai des questions à vous poser sur lui. Mais d’abord, que voulez-vous?
    — Madame, je suis venu vous dire la vérité, et solliciter votre bonté.
    Elle resta inexpressive, paupières lourdes et lèvres affaissées. Son masque blafard ne reflétait que la lassitude, mais tous
     ses sens étaient en alerte.
    — Vous avez cru que j’étais à Guise, madame, poursuivit-il, mais j’ai toujours été loyal à votre fils…
    — Je sais cela. Me le confier plus tôt aurait été honnête, fit-elle aigrement.
    — Je ne pouvais pas, madame. Ce secret n’était pas le mien mais celui du roi. J’ai prévenu Sa Majesté jusqu’au dernier moment de ce qui se tramait contre elle, mais j’ai été démasqué. Maintenant, c’est moi qui ai besoin d’aide… La Ligue, ne pouvant me prendre, a emprisonné ma femme à l’Ave-Maria.
    — Dans le couvent? Vous voulez que je la

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