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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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ville qu’il avait désormais en horreur.
     Il espérait que Nicolas et sa famille partiraient avec lui pour rejoindre le roi à Chartres ou à Rouen.
    Nicolas aussi avait pensé à sa femme et à ses enfants, mais son esprit était pour l’instant surtout préoccupé par la rencontre
     avec son père. Il lui revenait par vagues les paroles de sa mère quand elle lui en parlait : « C’est un homme bon et beau,
     dont tu dois être fier… »
    Combien de fois l’avait-il suppliée de lui donner son nom! « Cela ferait ton malheur », répondait-elle inlassablement en refusant. Il comprenait maintenant pourquoi. Son père était homme d’Église, cardinal et prince de sang. En y pensant, le cœur de Nicolas se serrait d’appréhension. Comment allait-il le recevoir, alors qu’il n’avait jamais voulu se faire connaître? De surcroît, ils étaient dans des partis opposés. Dans sa position, le cardinal ne pouvait ignorer que son fils avait été à la sainte union, qu’il leur avait acheté des armes, mais savait-il qu’il était en vérité au roi? Qu’il était traître à la Ligue? Son père pourrait bien le chasser, ou pire, en l’apprenant.
    Laissant leurs chevaux à un domestique, ils gravirent quelques marches qui les conduisirent dans une grande antichambre où
     ils demandèrent à un majordome qu’on les conduise auprès du cardinal, en précisant qu’ils venaient de la part de la reine
     mère.
    On les emmena dans une seconde antichambre, plus petite, où un gentilhomme hautain vint les interroger. Diable! On ne voyait pas le prochain roi de France – Charles X – si facilement, d’autant que le cardinal venait d’assister à la grande messe et avait besoin de se reposer avant la procession prévue dans la soirée à la gloire du Saint-Esprit. Nicolas Poulain donna son nom – ne doutant pas que ce serait le meilleur laissez-passer – mais montra aussi la lettre cachetée aux armes de Catherine de Médicis.
    L’officier partit et revint presque aussitôt avec une attitude complètement différente, à la fois déférente et surprise.
    Par une belle galerie, ils furent conduits dans une grande chambre d’apparat que la chaleur du feu, dans l’immense cheminée
     qui occupait tout un mur, avait transformée en fournaise. C’était une salle richement tapissée et meublée d’un grand lit à
     piliers aux rideaux cramoisis, posé sur une haute estrade. Un homme de forte corpulence, vêtu d’un justaucorps bleu doublé
     d’incarnat bordé d’une dentelle d’or avec des hauts-de-chausses bouffants assortis, les attendait debout. Une écharpe de soie
     turquoise masquait un baudrier d’où pendait une élégante épée à poignéedamasquinée. Il portait une barbe grise parsemée de fils blancs, taillée en pointe qui ne dissimulait pas une bouche aimable.
     Son front proéminent lui donnait un air attentif et affable.
    Nicolas entra le premier. L’homme posa sur lui un regard triste et doux. Des larmes perlaient sur ses joues. Ils restèrent
     tous deux pétrifiés, sans mot dire. Olivier était resté en arrière, tandis que l’officier qui les avait fait entrer était
     parti en refermant la porte.
    Finalement, submergé par une vague de sentiments qu’il ne pouvait maîtriser, Nicolas tomba à genoux en sanglotant.
    — Mon père…
    Le cardinal s’avança. Lui aussi pleurait et Olivier fut frappé par sa pâleur. Il prit les mains de son fils et le força à
     se relever.
    — J’ai tant attendu ce moment, murmura-t-il. Mon fils!
    Il l’étreignit longuement.
    Enfin, ils s’écartèrent l’un de l’autre. Le cardinal recula, comme pour mieux regarder son enfant et sourit.
    — Tu ressembles à ta mère. Combien de fois ces années durant j’ai voulu te faire chercher pour t’avoir près de moi! Mais ce n’était pas possible… J’aurais fait ton malheur.
    — Et moi, monsieur mon père, j’étais jour et nuit tourmenté à l’idée que je ne connaîtrais jamais celui qui avait fait mon bonheur.
    — Comment as-tu appris? demanda enfin le cardinal.
    — Il y a une heure, par la reine mère.
    Le cardinal se passa la main sur le visage, autant pour effacer ses larmes que pour cacher sa perplexité, et même sa méfiance.
    — La reine?… Qui est ton compagnon?
    — M. Hauteville, chevalier de Fleur-de-Lis.
    — M. Hauteville!
    Le cardinal resta un instant silencieux. Il se souvenait de Hauteville. Il n’ignorait pas qu’il était désormais à son

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