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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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dans le vague un moment.
    — Je sais que je n’en ai pas pour longtemps, Nicolas.
    — Monsieur, je connais M. de Montaigne qui souffre de la gravelle. Il m’a dit avoir été fort soulagé en prenant les eaux dans le Béarn, à Baden et en Italie, intervint Olivier.
    — Je sais, mais je crois qu’il est trop tard pour moi. Je n’ai pas le même âge que M. de Montaigne.
    Il parut hésitant à poursuivre.
    — Mon fils, j’ai écrit à mon cousin Navarre cette semaine. Mais c’est une lettre dont il ne doit pas faire état, pour l’instant. Je lui dit que je suis loin d’approuver tout ce qui se fait en mon nom, et en gage de ma bonne foi, je l’ai reconnu comme héritier légitime 4 du royaume de France.
    Nicolas Poulain et Olivier Hauteville restèrent pétrifiés. Ainsi, celui que la Ligue avait choisi comme héritier refusait ce trône et revenait à la loi salique. Guise perdait son plus formidable atout!
    — Je suis donc heureux que tu aies ouvertement rejoint le roi, même si je pense qu’il ne te mérite pas. En temps voulu, tu devras reconnaître aussi le roi de Navarre.
    — Je le ferai, mon père, je le dois d’autant plus qu’il m’a sauvé la vie.
    — Ah! Il faudra me raconter! Je me demande aussi si tu n’as pas trop sollicité ta chance, mon fils. Une fois que tu auras retrouvé ton épouse, quitte Paris. Viens juste me dire adieu. Tu as des enfants, je crois…
    — Oui, mon père, une fille et un fils.
    — J’aimerais connaître mes petits-enfants. Des petits Bourbon! dit-il en souriant.
    » Je suis riche, Nicolas. Mais la plupart de mes biens sont des apanages de l’Église ou de la couronne. J’ai cependant des
     possessions en propre, par mon père Vendôme, et surtout par ma mère Françoise d’Alençon, ta grand-mère. Avant d’épouser Charles
     de Bourbon, ton grand-père, elle avait été mariée au duc de Longueville, comte de Dunois, et m’a laissé un titre. Je possède
     un fief près de Saint-Maur-sur-le-Loir que j’ai fait ériger en baronnie de Dunois, il y a quelques années. J’ai déposé des
     actes à l’étude Fronsac, rue des Quatre-Fils. Maître Fronsac est un homme de confiance. Quand tu t’y rendras, tu y trouveras
     tes titres ainsi qu’une rente de trente mille livres. Je ferai une lettre au roi pour que ta filiation soit reconnue, j’en
     ai déjà dit quelques mots à mon neveu Henri, quand je lui ai écrit.
    Poulain tomba à nouveau à genoux, mais le cardinal mit un doigt sur sa bouche.
    — Plus un mot! Prenez cette lettre et allez sortir vos épouses des griffes de la Ligue. Revenez me voir, avant de quitter Paris.
    Poulain se releva, prit la lettre, mais hésitait à partir. Son père lui fit signe de sortir.
    Ils obéirent. Mais en passant la porte, Charles de Bourbon ajouta :
    — Dunois est un nom illustre, il était compagnon d’armes de Jeanne d’Arc. Je sais que tu t’en montreras digne…

    Il pleuvait toujours quand ils arrivèrent à l’Ave-Maria. Ils avaient galopé dans les rues désertes en ce lundi de Pentecôte, évitant celles où se tenaient des processions. Poulain frappa à la lourde porte. Un judas de fer s’ouvrit et une voix
     demanda ce qu’ils voulaient.
    — J’apporte un ordre de Mgr de Bourbon pour madame l’abbesse. Ouvrez-nous sur-le-champ où nous reviendrons avec sa garde.
    — Attendez un moment.
    Ils attendirent effectivement un gros quart d’heure, puis des verrous grincèrent et l’un des vantaux s’écarta. Ils pénétrèrent
     dans un sombre vestibule éclairé seulement par une porte au fond où ils aperçurent une cour. Porteur d’une épée, celui qui
     leur avait ouvert avait la trogne couturée d’un soldat. Derrière lui se tenait une religieuse sans âge, pieds nus.
    — Suivez-moi, dit-elle d’une voix atone. Le parloir est à l’étage, au bout de la cour. J’ai prévenu la mère supérieure.
    Ils traversèrent la basse cour, jetèrent un regard à la tour Montgomery qui dépassait et entrèrent dans la petite salle à
     l’escalier de bois. En haut des marches, par une étroite porte, ils entrèrent dans une pièce sans fenêtre. Un falot posé sur
     une table et un flambeau de résine accroché au mur enfumaient la pièce crépusculaire.
    Une femme se tenait debout devant eux. Elle était si maigre et si parcheminée qu’elle ressemblait à ces miséreuses du Périgord
     qui se nourrissent de glands et de briques pilées. Ses yeux étaient profondément

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