La ville qui n'aimait pas son roi
transport d’or. Tous les convives participeraient à l’affaire, sauf Cassandre,
bien sûr, et Michel de Montaigne à qui Olivier ne l’avait pas proposé compte tenu de son âge et de sa santé.
Nicolas Poulain dressa la liste de ceux qui avaient accepté de se joindre à eux : M. de Richelieu, le marquis d’O, Dimitri,
M. de Cubsac et M. de Rosny. S’ajoutait depuis une semaine une nouvelle recrue : M. d’Ornano, que Richelieu avait conseillé
à Nicolas.
Comme Olivier et Cassandre ne le connaissaient pas, il le leur présenta.
— J’ai rarement rencontré un homme aussi loyal que Ornano, même s’il est trop rigide et trop féroce à mon goût; mais nous avons tous nos défauts. Il peut nous prêter main-forte si l’entreprise a lieu au début de novembre, mais pas plus tard, car il va être nommé maréchal de camp dans l’armée du Dauphiné, chargé officieusement de surveiller le duc de Mayenne, et il devra être à Lyon à la fin de novembre.
— Cela ferait six, et ici nous sommes quatre. Si la garde espagnole est aussi nombreuse que celle du convoi de mai, ils seront une grosse vingtaine. Ce ne sera pas une partie de plaisir, remarqua Caudebec. Un contre deux. Pourquoi ne pas prendre avec nous Gracien Madaillan et les hommes d’armes qui nous accompagnent?
— Il serait risqué de recruter plus de monde, remarqua Poulain. Une indiscrétion est vite arrivée et Guise pourraitl’apprendre. Pour ce qui est de Gracien et de vos hommes, vous en aurez besoin ici si nous parvenons à prendre cet or. Je
veux qu’ils vous attendent sur la route de Tours, à l’hostellerie de la Croix-Verte. Ainsi au retour de l’expédition, vous
repartirez immédiatement vers La Rochelle avec votre butin sans repasser par Blois.
— C’est un bon plan, reconnut Olivier après un instant de réflexion. Si nous sommes poursuivis, ils seront là avec des chevaux frais.
Poulain hocha la tête. Prendre l’or serait difficile. Le garder serait encore plus rude.
— Cela ne règle pas le problème de nos effectifs, ajouta Olivier.
— Vous ne m’avez jamais proposé de faire partie de cette expédition, intervint Montaigne avec un sourire entendu.
Les regards se tournèrent vers lui. Montaigne souriait, mais paraissait sérieux.
— Il est vrai que j’ai cinquante-cinq ans, mais je sais chevaucher des jours et des jours, même si nombre de mes voyages n’étaient que pour boire de l’eau afin de soulager ma vessie de ses pierres! Vous pouvez me croire, je suis plus résistant que je n’en ai l’air! Depuis dix-huit mois, la souffrance ne m’a jamais quitté, mais j’ai appris à m’en accommoder. Je me suis reposé depuis quelques semaines et ma gravelle s’est calmée. Comme combattant, je ne suis ni très courageux ni très féroce, c’est certain. Mais je sais tenir une épée et un mousquet. Et comme votre entreprise est au service du roi, dont je suis gentilhomme de la chambre, il serait décevant de ne pas m’inviter.
— Nous nous rendrons à Saint-Denis en trois jours, monsieur, dit Olivier.
— Je crois en être capable.
— Nous devrons pratiquer une embuscade, pour suppléer à notre petit nombre, compléta Poulain. C’est-à-dire tuer par surprise des gens que nous ne connaissons pas, sans leur laisser une chance de se défendre.
— Ce n’est pas ce que j’approuve le plus, mais ils ont choisi leur parti et les risques qui vont avec, répliqua gravement Montaigne.
Olivier et Nicolas échangèrent un long regard.
— Nous serons donc onze, décida Olivier.
Le soir, tandis que Cassandre se pimplochait avant de rejoindre son mari impatient dans la couche, elle lui annonça :
— Onze n’est pas un bon chiffre, mon ami. Il y avait douze apôtres, douze tribus d’Israël, il y a douze mois, douze signes dans le ciel…
— Nicolas trouvera encore quelqu’un, je lui fais confiance.
— C’est inutile! Crois-tu que je vais te laisser partir seul avec eux? Vous resterez deux ou trois semaines à Saint-Denis et je craindrais trop que vous alliez courir la gueuse!
— Je suis déjà resté seul longtemps avec Navarre, s’offusqua-t-il.
— Justement. Il est inutile que tu retrouves les mauvaises habitudes qu’Henri de Bourbon a dû te donner! Je crois être aussi bonne cavalière que les autres, et je ne crains personne dans un assaut.
Elle se leva et ôta sa chemise, restant nue devant lui.
— Sauf toi, fit-elle en s’approchant avec
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