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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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joie et, en liesse, se précipitèrent à la cathédrale pour des actions de grâce.
    Nicolas Poulain était avec M. de Richelieu quand un secrétaire vint leur communiquer la terrible nouvelle. Il resta un long
     moment pétrifié jusqu’à ce qu’il remarque le visage ironique du Grand prévôt. Une expression fort rare chez celui qu’on surnommait
     Tristan l’Ermite.
    — Je suis désolé de ne vous avoir rien dit, s’expliqua-t-il alors, mais le roi m’avait interdit d’en parler. Il m’a prévenu ce matin avant le lever du jour. Toute la journée d’hier, il a reçu des messagers venant du gouverneur de Calais et c’est dans la nuit qu’il a eu une confirmation définitive venant de la reine Élisabeth elle-même. Le soir du 7 août, tandis que l’armada mouillait devant la côte anglaise, prête à débarquer ses milliers d’hommes, les Anglais ont fait dériver des barques d’explosifs. Afin d’échapper aux flammes, le duc de Médina qui commandait l’armada a cru bien faire en ordonnant la dispersion de la flotte. Mais le capitaine Drake les attendait au large avec des navires autrement maniables. Ils ont canonné les Espagnols durant des heures, puis le vent s’est levé avec violence et a poussé les nefs des envahisseurs vers le nord, ou les a jetées sur les côtes anglaises.
     » Il ne resterait rien de ce que les Espagnols appelaient l’Armée Invincible, l’Orgueil du Monde et la Frayeur des Îles.
     Avec un peu de vent, Dieu a dissipé l’orgueil espagnol et montré dans quel camp il était.
    — Mais pourquoi Mendoza annonce-t-il la victoire?
    — Sans doute a-t-il seulement appris que la flotte espagnole était prête à débarquer, et ignorait-il ces derniers évènements.
    La ruine de l’Armada fut confirmée dans la journée et les proches du roi cachèrent si peu leurs quolibets qu’Henri III dut les modérer et leur demander de dissimuler leur joie. Après tout, expliqua-t-il, pince-sans-rire, l’Armada était bénite par le Saint-Père et avait pour dessein de ruiner les hérétiques; personne ne pouvait donc se réjouir de son échec.
    Pourtant, dans les jours suivants, le roi apparut plus sûr de lui, tout en ne mesurant pas son amitié envers son cher et aimé
     cousin. Il assura au cardinal de Guise, frère du duc, qu’il aurait la légation d’Avignon. À Charles de Mayenne, il promit
     une armée pour réduire les huguenots du Dauphiné. Enfin il s’engagea à remettre les Sceaux à l’archevêque de Lyon, l’un des
     plus proches conseillers du Balafré .
    Quant au cardinal de Bourbon, reconnu comme plus proche parent de son sang, il lui donna le droit de créer un maître de chaque
     métier dans toutes les villes du royaume. Un privilège qui allait encore plus l’enrichir.
    Nicolas Poulain, soulagé par la défaite espagnole et peu désireux de simuler l’amitié envers la Ligue, rôle déjà joué pendant
     trois ans, demanda alors son congé pour quelques jours. Il se rendit à Rouen où il retrouva avec un grand bonheur sa femme
     et ses enfants. Des rumeurs avaient dû filtrer sur son nouvel état car, un soir, dans leur couche, après une longue étreinte,
     Marguerite lui expliqua que les échevins et plusieurs parlementaires étaient venus pour lui présenter de respectueux hommages.
    Cette semaine fut donc le temps du bonheur, hélas court, car à la fin du mois, Nicolas, le cœur serré, partit pour Blois où
     la cour se rendait.
    C’est là qu’il apprit que Guise n’avait pu obtenir l’office de connétable qu’il réclamait.
    1   Le grand maître avait autorité sur tous les services de la cour, les commensaux, la garde et les gentilshommes.

26.
    Arrivé à Blois au début de septembre, le roi annonça de façon inattendue qu’il changeait les secrétaires d’État du conseil.
     M. de Cheverny – le chancelier –, M. de Bellièvre – le surintendant – et M. de Villeroy furent envoyés dans leurs terres et
     remplacés par des proches du maréchal d’Aumont et d’Alphonse d’Ornano.
    Alors que le château et la ville bruissaient de toutes sortes de rumeurs sur les raisons de ces changements, qui n’avaient
     pas pour cause un mécontentement d’Henri III envers ses ministres, puisqu’il avait reçu avec beaucoup d’amitié et d’affection
     M. de Cheverny, un groupe de cavaliers entra dans Blois.
    C’était la suite de Michel de Montaigne, gentilhomme de la chambre du roi, qui présenta aux archers et à la

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