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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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de travailler. Plusieurs fois, il y convoqua
     Olivier pour parler en tête-à-tête avec lui ou en compagnie de Rosny, pour lequel il n’avait aucun secret. C’est à l’une de
     ces occasions qu’il lui fit lire les pièces de l’interrogatoire de celui qui avait voulu l’assassiner, une dizaine de feuillets
     obtenus sans torture par le consul de Nérac.
    L’homme était un Bourguignon nommé Pierre de Bordeaux qui venait du village de Serbonnes, près de Sens. Il ne connaissait
     pas son âge mais paraissait avoir entre vingt et trente ans. Sa mère, séduite par un soldat gascon se disant gentilhomme,
     était morte en couches à la naissance de son jeune frère. Son père s’était mis quelque temps en ménage avec sa belle-sœur,
     une veuve qu’il avait plus tard abandonnée.
    Cette femme, nommée Clément, avait un fils prénommé Jacques de quatre ans plus jeune que lui. Les trois enfants, élevés ensemble,
     avaient fait leurs études au couvent des Jacobins à Sens.
    Pierre de Bordeaux était ensuite parti à Paris où il espérait enseigner dans un collège. Il n’avait pas réussi à se faire
     accepter à l’Université et n’avait finalement survécu qu’en menant la vie d’un larron, tout en fréquentant assidûment les
     églises où il priait pour que le Seigneur lui pardonne ses rapines. Il avait aussi voulu entrer dans un couvent,mais c’était impossible sans protecteur si fortune. Dans la misère, et craignant pour son salut, il avait donc écrit aux jacobins
     de Sens afin de demander leur aide.
    En octobre 1587, son cousin Jacques Clément l’avait rejoint dans le bouge où il logeait, faubourg Saint-Marcel. Il apportait
     une lettre d’un de ses maîtres à Sens, le père Prévost, à remettre à son frère Jean, curé de Saint-Séverin.
    À ce point de sa lecture, Olivier se souvint que Jean Prévost, curé de Saint-Séverin, avait été le maître de Jean Boucher,
     le plus violent des prédicateurs de la Ligue qu’il ait connu. En l’espace d’un instant, il fut ramené trois ans en arrière
     et l’émotion le submergea au souvenir de son père assassiné par la Ligue, après qu’il eut découvert leurs rapines sur les
     tailles. Jean Boucher, pourtant ami de sa famille, l’avait accusé de parricide et avait tenté de le faire exécuter. Olivier
     frissonna au souvenir de l’effroyable cachot du Grand-Châtelet où le commissaire Louchart, autre complice des ligueurs, l’avait
     fait enfermer. Sans Nicolas Poulain, il aurait fini pendu, les mains tranchées par l’exécuteur de la haute justice.
    S’efforçant de chasser ces terribles souvenirs, il poursuivit la lecture de l’interrogatoire.
    Pierre de Bordeaux ignorait les termes de la lettre apportée par son cousin Jacques, puisqu’elle était scellée, mais il espérait
     que c’était une recommandation auprès d’un prieur. Après qu’il l’eut portée au curé Prévost, un autre prêtre était venu lui
     rendre visite et l’avait invité avec son cousin à la Croix-de-Lorraine.
    Olivier connaissait cet établissement de la place du marché du cimetière Saint-Jean, un cabaret dont l’enseigne à la double
     croix des princes lorrains faisait dire aux ennemis des ligueurs que cette double croix servait à crucifier Jésus-Christ encore une fois !
    Là, dans un cabinet privé, le curé inconnu avait fait servir aux deux cousins un somptueux souper tout en les interrogeant.
     Bordeaux – qui apparemment n’était pas très futé –avait facilement avoué au prêtre qu’il vivait de rapines et qu’il craignait la damnation. Le curé leur avait alors proposé,
     par charité, de leur offrir le logement dans l’hostellerie, et leur avait laissé une dizaine d’écus.
    Il était revenu d’autres fois et ayant entendu Pierre de Bordeaux en confession, il s’était inquiété pour son âme, car la
     vie dissolue qu’il menait le conduirait immanquablement à la damnation. Il lui avait alors parlé d’un moyen infaillible pour
     s’assurer d’une place au paradis : tuer l’Antéchrist.
    Bordeaux vivait misérablement à Paris depuis deux ans, mangeant rarement à sa faim et souffrant atrocement du froid. Il aimait
     profondément son cousin et son jeune frère, resté à Serbonnes avec sa tante qui les avait élevés en se privant de tout. Quand
     le curé lui avait assuré que mille écus iraient à sa famille s’il débarrassait le royaume de l’Hérétique, il avait accepté.
    Il

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