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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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mots de français. C’était
     surtout un protestant intransigeant qui connaissait les psaumes comme s’il les avait écrits lui-même.
    L’auberge était une longue bâtisse aux colombages peints en vert avec un étage en encorbellement. Les chambres étaient en
     haut. La salle basse, à peine éclairée par des chandelles de résine et les flammes de la cheminée où rôtissaient des oies,
     comprenait une dizaine de grandes tables. Olivier était attablé avec une vingtaine de gentilshommes et d’officiers appartenant
     à la suite d’Henri de Navarre. L’unique objet de leur conversation était la mort d’Henri de Condé que tous avaient connu.
     Les plus fervents se souvenaient de sa foi rigoriste, de son amour de Dieu et de sa haine du vice. Les plus vaillants rappelaient
     son courage insensé, son héroïsme, son besoin de gloire et d’honneur.
    Olivier écoutait sans participer à la discussion. Personne ne parlait de la bêtise du prince, de son manque de jugement, de
     sa fierté imbécile. Mais depuis qu’Olivier était soldat, il avait appris que la mort emportait à la fois l’âme etles défauts des disparus. Bien qu’il s’en défende, il savait que la disparition de Condé allait changer sa vie. Le roi de
     Navarre et toute la noblesse protestante se rendraient à Saint-Jean-d’Angély pour les obsèques. M. de Mornay et sa fille adoptive
     y seraient, et s’il obtenait l’autorisation d’y aller, il reverrait Cassandre.
    Le dîner se terminait et il s’apprêtait à retourner dans sa chambre quand un page du roi se présenta, une lanterne de fer
     à la main. Henri de Navarre voulait le voir sur l’heure.

    Les fenêtres de la salle du conseil donnaient sur une galerie à colonnes. Quand Olivier entra, la pièce était enfumée par
     les bougeoirs et les chandeliers. Dans un grand fauteuil tapissé à larges accoudoirs, le roi, seul devant le feu qui crépitait,
     paraissait méditer.
    Navarre s’était changé depuis la chasse et portait maintenant un pourpoint de velours avec des hauts-de-chausses bouffants,
     une chemise en toile de Hollande et une courte fraise. Sa poitrine était barrée d’une large écharpe de soie blanche et il
     était coiffé d’un chapeau droit à panache blanc. Mais ce n’était qu’une élégance de façade. Sa barbe, mal brossée, portait
     encore des reliefs de son repas et il avait gardé sa vieille épée au côté. Une épée dont le fourreau était bosselé par les
     coups des batailles.
    — Vous avez fait vite, Fleur-de-Lis. J’apprécie… car j’ai encore tant à faire ce soir. Prenez ce tabouret, nous avons à parler…
    Olivier s’inclina avant de tirer l’escabelle. Henri de Bourbon resta silencieux un moment, comme hésitant à se confier. Puis
     il commença, en forçant sur sa voix rocailleuse.
    — Mlle de Mornay, ma cousine, sourit-il, m’a raconté l’année dernière comment vous avez résolu cette affaire de fraude sur les tailles. Vous avez été habile en découvrant le rôle de M. Marteau…
    — Peut-être, monseigneur, mais je ne serais arrivé à rien sans elle, et sans mon ami Nicolas Poulain.
    — En ce moment, je donnerais cher pour avoir votre ami près de moi! soupira le roi. J’ai tant besoin d’un bon prévôt ici.
    Son visage affichait une tristesse qui émut profondément Olivier.
    — Enfin, j’ai déjà la chance de vous avoir. Et vous avez eu maintes fois l’occasion de me prouver votre fidélité… C’est un mal bien douloureux que les problèmes de famille.
    » Mon cousin Condé a été empoisonné, lâcha-t-il brusquement. Je veux savoir qui l’a tué.
    — Empoisonné? Assassiné? Vous en êtes certain, monseigneur? s’exclama Olivier stupéfié.
    — Plût à Dieu que ce fût faux! Mais j’ai reçu un second courrier ce soir. Il n’y a aucun doute…
    D’un geste, il désigna une table où se trouvaient des dépêches.
    — J’aimais mon cousin, monsieur Hauteville. Je l’aimais comme un frère, même s’il y avait parfois des désaccords entre nous, en particulier sur la religion, car il était assez sectaire. Mais j’avais confiance en lui. Je peux vous le dire, j’ai perdu mon bras droit. Un bras droit courageux, bien plus vaillant que moi! Vous ne l’ignorez pas, il était toujours le premier aux coups et le dernier à la retraite. Jamais je ne l’ai entendu dire à ses gens : Va là! C’est toujours lui qui y allait, comme le faisait César. Je n’aurais pu

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