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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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d’une tristesse infinie.
    — Après tout, si vous épousez ma cousine, vous serez de ma famille, non?
    Olivier resta pétrifié. Par ces mots le roi acceptait pour la première fois son mariage!
    — Nous reviendrons là-dessus plus tard! Comme tout le monde, vous savez que j’ai reçu deux lettres quand nous étions à la chasse. L’une venait de René de Cumont qui m’annonçait la mort du prince, l’autre était de Scipion Sardini, le banquier parisien que vous connaissez. C’est de celle-ci dont je veux vous parler, maintenant.
    Navarre était visiblement embarrassé.
    — C’était au sujet de M. de Soissons. Comme tout le monde, vous avez entendu dire qu’il désire épouser ma sœur. J’en ai parlé plusieurs fois avec lui. Catherine m’a assuré l’aimer, souhaiter aussi ce mariage. Pour ma part, je n’ai aucune raison de m’y opposer, et je dois marquer à Charles ma reconnaissance pour le secours qu’il m’a apporté en abandonnant la cour et en venant me rejoindre avec ses amis. Ce qui me faisait hésiter était son souhait de se faire subroger dans tous les droits du roi de Navarre après son mariage. Ainsi, si je venais à mourir, M. de Soissons deviendrait l’héritier de tous les biens de mon royaume. Vous savez que j’ai la réputation d’être méfiant, comme tous les paysans béarnais! dit Navarre avec un franc sourire.
    » Or, dans cette lettre, Sardini m’apprenait, par une indiscrétion à la cour, que mon cousin ne m’aurait rejoint que dans le but de me spolier, que son nouvel attachement à notre cause n’avait rien de sincère et ne lui était dicté que par son seul intérêt. Il aurait ainsi gagné le cœur de ma sœur Catherine uniquement pour s’approprier les biens immenses qui composent l’apanage de la maison d’Albret.
    — Êtes-vous sûr de cela, monseigneur? s’enquit Olivier, choqué par cette révélation et par ce qu’elle impliquait.
    — Ce n’est pas la première fois que Sardini me communique ce qu’il apprend et j’ai tendance à le croire. Dans cette longue lettre, il me donne bien des détails, en particulier les noms des ecclésiastiques qui ont imaginé cet artifice pour ravir mes biens. Ils auraient donné à Charles de Soissons leur bénédiction pour qu’il puisse rejoindredes hérétiques sans risquer l’excommunication et le comte leur aurait juré qu’aussitôt après avoir épousé ma sœur, il la conduirait
     à Paris et abandonnerait notre parti.
    » J’ai failli tomber dans ce piège. Pour ma sœur, que j’aime fort, j’aurais accepté les conditions de Charles. Mais ce n’est pas tout, monsieur de Fleur-de-Lis, en apprenant tout à l’heure que le prince avait été empoisonné, il m’est venu à l’idée que les choses auraient été encore plus favorables pour mon cousin si j’avais disparu… avant ou après son frère.
    — Je n’ose imaginer une telle horreur, monseigneur, balbutia Olivier, qui avait pourtant deviné où le roi de Navarre le conduisait.
    — Moi non plus, mais les faits sont là. Têtus comme de vieilles mules!
    Il se passa la main dans la barbe en grimaçant.
    — J’ai besoin d’aide… Je suis trop impliqué pour avoir un jugement serein, et je n’ai personne ici à qui faire confiance. Personne d’adroit, j’entends. Avec la mort du prince, rien ni personne ne s’opposera à votre mariage avec Mme de Saint-Pol. Je vous le promets. Ainsi vous entrerez dans notre famille, avec les avantages et les désagréments que cela comportera pour vous. Voilà pourquoi je vous ai fait venir ce soir et vous ai révélé ces sombres histoires. Vous avez du talent pour débrouiller les affaires criminelles, je le sais, et j’ai confiance en vous. Trouvez si Soissons est impliqué dans le crime, ou rassurez-moi.
    Olivier déglutit en secouant la tête.
    — Je ferai tout pour ne pas vous décevoir, monseigneur.
    Navarre hocha tristement la tête, ne cherchant nullement à cacher combien il était malheureux.

4.
    Ils mirent plus d’une semaine pour atteindre Saint-Jean-d’Angély. À Bergerac, ils furent rejoints par M. de Rosny qui arrivait
     de Normandie. Leur troupe comptait trois cents cavaliers et autant d’arquebusiers. Cette petite armée permit à Navarre de
     menacer en chemin quelques places fortes catholiques et de les contraindre à se rendre. Il y laissa chaque fois une petite
     garnison.
    Le roi voyagea cette fois en diligence : un grand coche chauffé qui lui permettait

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