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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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rouet. En cas de difficulté, tirez et nous arriverons immédiatement.
    À nones, Nicolas franchit la porte qui conduisait aux jardins et se dirigea vers la grande écurie. Le ciel était couvert et
     il faisait froid. Il s’était donc enveloppé dans un long manteau qui dissimulait deux pistolets passés à sa ceinture et il
     portait sa jaque de mailles. En chemin, un palefrenier bedonnant et couperosé qu’il ne connaissait pas, l’aborda. C’était Venetianelli une fois de plus méconnaissable.
    — Faisons quelques pas, lui suggéra le comédien en jetant des regards furtifs autour de lui, je ne pense pas être surveillé, mais vous l’êtes certainement. Voici ce qui m’amène : nous avons joué hier chez le duc de Guise en présence de son frère le cardinal. Il y avait aussi MM. de Saveuse et Boisdauphin. Vous pensez bien que j’ai laissé traîner mes oreilles, d’autant plus qu’ils parlent librement devant moi tant ils pensent que je comprends mal le français. Le duc a annoncé qu’il allait s’emparer du royaume après en avoir abattu les colonnes , ce sont ses mots exacts. J’ai deviné qu’il y avait un projet d’enlèvement du roi pour la veille ou l’avant-veille de Noël.
     Saveuse en donnait quelques détails à Boisdauphin, et le reste c’est Serafina qui l’a entendu. Sa Majesté aurait annoncé qu’elle
     se rendrait à sa maison de La Noue, dans la forêt de Blois, afin de passer la veille de Noël en prières. Saveuse et des gens
     à la solde du cardinal de Guise se saisiront de lui pour le conduire à Paris. En même temps, les États généraux le déposeront
     comme incapable de régner. Après quoi il sera enfermé dans un couvent avec une pension de deux cent mille écus. Ainsi, on
     ne pourra rien reprocher aux ligueurs et le duc de Guise sera proclamé roi à sa place par les États.
    Ce plan d’une simplicité extrême avait toutes les chances de réussir, songea Poulain dans un mélange d’inquiétude et de surprise.
     Le roi lui avait effectivement dit qu’il se rendrait à La Noue avant Noël et Richelieu, qui devait l’accompagner, s’était
     inquiété de la faiblesse de son escorte.
    — Comment avez-vous réussi à savoir tout ça? demanda Nicolas Poulain avec admiration.
    — Ici, il est plus facile de tenir un charbon ardent en main qu’une parole secrète en bouche, ironisa le comédien.

    Après avoir quitté Venetianelli, Nicolas Poulain se rendit directement chez le roi où Du Halde 2 lui expliqua que Sa Majesté était au bal du mariage et ne pouvait être dérangée. Il lui proposa seulement d’attendre dans
     la bibliothèque, à côté de la chambre royale.
    À cause des festivités, il y passa le reste de la journée. Parfois un gentilhomme ordinaire venait lui tenir compagnie et
     ce n’est qu’à la nuit tombée, alors qu’il était torturé par la faim, qu’Henri III entra dans la pièce accompagné de M. de
     Montpezat.
    — Du Halde vient de me prévenir que vous m’attendiez, fit le roi qui était maquillé comme une fille d’honneur.
    Poulain s’était levé, mais hésitait à dire ce qu’il savait devant Montpezat.
    — Parlez! ordonna Henri III.
    — Je viens d’apprendre d’une source sûre que le cardinal de Guise a décidé de vous enlever quand vous vous rendrez à La Noue.
    Le roi resta impavide tandis que Montpezat jetait à Poulain un regard inquisiteur et dubitatif, se demandant visiblement comment
     il l’avait appris.
    — Montpezat, allez prévenir Du Halde que je serai en retard, dit alors le roi.
    Le capitaine des quarante-cinq sortit, visiblement à regret, et le roi s’assit dans son fauteuil.
    — Donnez-moi tous les détails, monsieur de Dunois.

    Depuis des années, le roi de France accumulait les humiliations tout en songeant à sa revanche. Son dessein était simple et
     s’appuyait sur ce qu’il avait appris de l’histoire antique. Guise disposait de forces bien supérieures aux siennes et il était
     inutile de vouloir l’affrontement. Mais la faiblesse du Lorrain tenait dans son assurance et dans lemépris qu’il éprouvait envers cet homme maladif et efféminé.
    Henri III avait toujours excellé dans la maîtrise de son visage, dans la capacité à contrôler ses émotions et ses sentiments
     à l’égard de ceux qui l’entouraient. Il savait aussi à la perfection jouer un rôle, faire croire à un personnage. Guise aurait
     dû se souvenir qu’on le disait capable de

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