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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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consacrait désormais son temps à
     faire venir des ornements d’église pour les capucins qu’il avait installés au troisième étage du château. Sa garde personnelle
     était réduite à peu de chose : Bellegarde, premier gentilhomme de la chambre, commandait une centaine de gendarmes, Larchant
     disposait de cent archers, Richelieu avait ses cent Suisses, Montigny dirigeait une cinquantaine de gardes du corps.
    Le vendredi 9 décembre, les États généraux décidèrent la condamnation d’Henri de Bourbon et son exclusion à la succession
     au trône. Sans s’y opposer ouvertement, le roi déclara qu’il ne trouvait ni juste ni raisonnable de condamner le roi de Navarre
     sans l’ouïr. Il proposa plutôt que les États somment une dernière fois son cousin à accepter l’édit d’Union et à se déclarer
     catholique. Finalement, aucune décision ne fut prise.
    Néanmoins, le second dimanche du mois, le roi et le duc de Guise communièrent ensemble et scellèrent leur réconciliation en
     partageant une hostie consacrée. Henri III jura sur le saint sacrement qu’il oubliait toutes les querelles passées et annonça
     qu’il s’était résolu à remettre au duc le gouvernement de son royaume, ne souhaitant pour lui-même que de prier Dieu et faire
     pénitence.
    Guise réclama alors une nouvelle fois la charge de connétable en sa qualité de lieutenant général du royaume, mais Henri III
     souleva une difficulté inattendue, arguant que cette prérogative n’existait plus, bien que le duc lui eût rappelé qu’il l’avait
     exercée quand il était duc d’Anjou sous le règne de son frère Charles IX.
    Le cardinal de Guise s’inquiétait de tous ces atermoiements. Il était clair que le roi cédait facilement sur le secondaire,
     mais jamais sur le principal. Des rumeurs se répandaient : Henri III aurait reçu des gages de fidélité du duc de Nevers, qui
     changeait sans cesse de camp, duduc de Mayenne, qui voulait se venger de son frère, et du duc d’Aumale dont l’épouse avait toujours été fidèle au roi. Tous
     trois se prénommaient Charles et les persifleurs surnommèrent ce parti la faction caroline.
    Sans cesse mis en garde, le duc de Guise finit par s’inquiéter. Le roi jouait-il la comédie? Préparait-il quelque entreprise contre lui durant les conseils secrets qui avaient lieu dans sa chambre?
    Oui! affirmaient la plupart de ses amis qui lui conseillaient de rentrer à Paris, comme sa sœur et sa femme venaient de le faire, et de conquérir le royaume à la pointe de son épée. Ne sachant que décider, il invita ses alliés pour leur demander conseil.
    L’archevêque de Lyon s’éleva contre tout projet de retraite. Le duc pouvait compter sur le soutien du tiers état, du clergé
     et d’une grande partie de la noblesse, expliqua-t-il. Une si bonne disposition ne se retrouverait jamais et il était même
     possible que les députés l’élisent à Blois comme roi de France. La sanction populaire valant au moins autant que la loi salique.
     Il rappela que l’élection de 987 avait évincé le duc de Lorraine, petit-fils de Charlemagne et héritier naturel du trône de
     France, au profit de l’usurpateur Hugues Capet. Une autre élection ne ferait que réparer cette injustice.
    — Qui quitte la partie la perd! conclut-il.
    Le cardinal de Guise, bien que partisan du retour dans la capitale, reconnut le bien-fondé de cette argumentation, puisque
     les Francs élisaient leur chef.
    En revanche, M. de Nully, l’ancien prévôt des marchands, était d’une opinion inverse. Il savait que la bourgeoisie n’avait
     jamais pu compter sur le duc et que si le roi rassemblait sa noblesse, les bourgeois seraient les premières victimes, n’ayant
     aucun moyen pour se défendre. Presque en pleurant, il conseilla au duc de quitter Blois, ce qui mettrait fin aux États généraux.
     M. de La Chapelle, son gendre, hésitait entre les deux solutions mais commela majeure partie des présents conseillait le départ, il se rallia à eux.
    Le duc, ayant écouté tous les avis, demanda :
    — Que dirait-on si je partais?
    — Vous avez une bonne raison pour vous justifier, monseigneur : l’intention de ne pas gêner par votre présence la liberté des États, lui proposa un de ceux qui souhaitaient qu’il gagne au moins Orléans pour être en sécurité.
    Toujours indécis, Guise demeura un long moment à peser les avantages et les inconvénients de rester ou non. Et

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