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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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finalement
     ce ne fut pas le bénéfice d’être élu roi qui l’emporta, mais l’angoisse de ne pas se comporter aussi noblement que l’aurait
     fait son père, François de Guise.
    — Ce serait une fuite déguisée, décida-t-il. Après tout, je ne vois pas qu’il soit aisé de me surprendre, et je suis si bien accompagné qu’il serait difficile de me trouver en défaut. Le roi est trop poltron pour concevoir et exécuter une vengeance, et sa mère m’a assuré être garante de lui. J’ai confiance en elle. Quant à moi…
    Il dévisagea chacun avant de marteler :
    — Quand je verrai entrer la mort par la fenêtre, je ne voudrai pas sortir par la porte pour la fuir.

    Nicolas Poulain avait dû abandonner un agréable logis qui dominait le porche aux Bretons pour une chambre inconfortable au troisième étage du logis royal, une petite pièce sans cheminée qui ne bénéficiait comme
     chauffage que du passage d’un conduit venant de l’étage inférieur. Il n’y disposait que d’un lit et d’un coffre, et son valet
     n’avait qu’une paillasse. Quant à ses compagnons d’étage, c’étaient les capucins que le roi avait fait venir et qui ne lui
     adressaient jamais la parole, restant toujours le visage caché sous le capuchon de leur robe de bure.
    Par précaution, il ne faisait ses rondes qu’aux alentours des appartements de la reine mère et du roi, et ne se déplaçait
     qu’avec une douzaine de Suisses ou en compagnie duGrand prévôt. Non seulement il craignait que ceux de la Ligue ne le poignardent tant ils le haïssaient comme félon envers
     leur cause, mais il s’inquiétait aussi de l’attitude de Guise à son égard.
    Après leur retour de Saint-Denis, Richelieu lui avait appris que le duc avait envoyé des patrouilles autour de Blois à la
     recherche d’espions du roi de Navarre. Certes, le duc n’avait pas retrouvé Hauteville et Rosny, mais il ne pouvait lui avoir
     échappé que Poulain était avec eux dans la cour du château trois jours après le vol.
    Les membres de leur équipée s’étaient tous dispersés. Venetianelli avait rejoint la Compagnia Comica , qui jouait de temps en temps pour les Guise. Cubsac avait fait partie des ordinaires licenciés et on ignorait ce qu’il était devenu. Montaigne, malade, avait quitté Blois, et Ornano était à Lyon. Nicolas avait
     récupéré sa part de butin et n’avait que rarement rencontré le marquis d’O qui feignait d’être fâché avec lui pour éloigner
     tout soupçon. Rien ne devait permettre au duc de Guise de les identifier comme les voleurs.
    Nicolas Poulain avait pourtant raison d’être prudent. La Chapelle et Le Clerc avaient effectivement envisagé de se défaire de lui, mais outre que c’était malaisé – car comment des assassins auraient-ils pu l’approcher? – le cardinal de Bourbon l’avait appris et les avait menacés de terribles représailles. Les ligueurs s’étaient inclinés, tout en sachant que le cardinal, malade et alité, ne serait pas toujours là.
    À mesure que le mois de décembre avançait, Poulain s’inquiétait de plus en plus. Guise affirmait sa puissance. Tous les matins
     à son réveil, Nicolas s’étonnait de découvrir que les guisards n’avaient pas encore donné l’assaut au logis royal. Il ne voyait
     pas d’issue à la situation. Chaque jour le roi cédait un peu plus et, plusieurs fois, découragé, il fut même tenté d’abandonner
     la cour pour retrouver sa famille. Seule sa conscience l’en empêcha.

    À la mi-décembre, le duc d’Elbeuf alla voir son cousin Guise pour lui faire part de sa certitude qu’un complot se tramait
     contre sa personne. On lui avait rapporté que le roi avait plusieurs fois réuni dans sa chambre M. d’Aumont, M. de Rambouillet
     et M. d’O avec François de Montpezat, Bellegarde et Montigny. De façon inexplicable le colonel d’Ornano était revenu de Lyon
     et participait à ces conciliabules auxquels personne d’autre n’assistait.
    Le duc le rassura, lui affirmant que le dénouement était proche et que, dans les prochains jours, il recevrait les fruits
     de la bonne résolution des États. Sur ces mots énigmatiques, il poursuivit en souriant gravement :
    — Et même s’il était besoin que j’y perde la vie pour y parvenir, c’est chose dont je suis résolu, l’ayant vouée au service de Dieu, de son Église et au soulagement du pauvre peuple dont j’ai grande pitié.
    Après avoir porté sa main sur

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