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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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montrer un merveilleux contentement, et de sortir en riant, alors que la colère l’étouffait . Même le chef des Gelosi l’avait complimenté pour ses talents.
    Depuis trois ans Henri III jouait la comédie, attendant une occasion favorable. Celles-ci n’avaient pas manqué, comme en mai
     quand le duc s’était présenté seul au Louvre, mais à chaque fois, le roi de France avait repoussé la décision, espérant en
     trouver une meilleure plus tard. Richelieu avait bien décrit son caractère quand il avait dit à Nicolas Poulain : le roi est un de ces duellistes qui rompent tant qu’ils ont encore un pied ou deux derrière eux, c’est son tempérament.
    Seulement, après la révélation qu’il venait d’entendre, Henri III ne pouvait plus rompre. On était le dimanche 18 décembre.
     Il avait annoncé la veille qu’il partirait à La Noue le vendredi 23 à six heures du matin. Si ce jour-là, le cardinal de Guise
     avait décidé de se saisir de lui, il devrait agir la veille. Le roi dit à Nicolas Poulain :
    — Merci, monsieur de Dunois. Quand tout sera terminé, je vous accorderai tout ce que vous demanderez.

    Nicolas Poulain rentra dans sa chambre glaciale et son valet lui fit porter à dîner. Le lendemain, il ne remarqua rien de
     différent dans le comportement de chacun à la cour, mais il apprit par Richelieu que le roi avait passé une partie de la journée
     en entretiens avec M. d’Ornano, le maréchal d’Aumont, Roger de Bellegarde et M. de Montpezat.

    Le mardi 20 décembre, après souper, Henri III réunit ses plus proches conseillers et confidents avec ses secrétaires d’État.
     Dans la journée, il avait reçu un gentilhomme du duc de Mayenne qui lui avait déclaré de la part de son maître que Henri de
     Guise agirait contre lui le jour de Saint-Thomas. L’homme ne savait rien de plus, mais le roi se souvenait avoir dit la semaine
     précédente qu’il irait à La Noue à la Saint-Thomas, même s’il avait depuis repoussé la date. Cette dénonciation confirmait
     donc les dires de Nicolas Poulain. On lui porta aussi un billet, que la femme du duc d’Aumale avait eu le temps d’écrire avant
     son départ, disant qu’un attentat se préparait contre sa personne.
    Quand ses derniers fidèles furent tous dans sa chambre, Henri III prit la parole. Pour la première fois depuis longtemps,
     il n’était pas maquillé et affichait un air martial. M. d’Ornano reconnut le vaillant duc d’Anjou du siège de La Rochelle,
     quinze ans plus tôt.
    — Mes amis, il y a longtemps que je suis sous la tutelle de MM. de Guise. J’ai eu dix mille arguments de me méfier d’eux, mais je n’en ai jamais eu tant que depuis l’ouverture des États. Je suis résolu d’en tirer raison à quelque prix que ce soit, mais non par la voie ordinaire de justice, car M. de Guise a trop de pouvoir dans ce lieu…
    Il se tut un instant, balayant des yeux son auditoire pour insister sur ce qu’il allait dire.
    — Je suis résolu de le faire tuer présentement dans ma chambre.
    Même si certains s’attendaient à cette annonce, la plupart des regards échangés marquèrent la surprise et l’inquiétude. C’était
     surtout le cas des secrétaires d’État. Seuls quelques-uns, comme Ornano et Montpezat, affichèrent ouvertement leur satisfaction.
    — Ne serait-il pas plus juste de l’arrêter et de lui faire son procès? objecta M. de Revol 3 , l’un des secrétaires d’État.
    Le maréchal d’Aumont approuva cette proposition. Selon lui Guise pouvait être poursuivi et condamné comme criminel de lèse-majesté.
    — En matière de crime de lèse-majesté, la peine précède le jugement! déclara Ornano avec un air féroce.
    — Mettre le guisard en prison serait tirer un sanglier aux filets qui serait plus puissant que nos cordes. Quand il sera tué, il ne nous fera plus de peine, car un homme mort ne fait plus la guerre… J’attirerai Guise ici, poursuivit le roi. Qui d’entre vous veut exécuter la sentence?
    Il jeta les yeux sur Crillon, le colonel des gardes françaises, qui haïssait le duc.
    — Sire, dit celui-ci avec embarras, je suis bon serviteur de Votre Majesté. Qu’elle m’ordonne de me couper la gorge avec le duc de Guise, je suis prêt à obéir; mais que je serve de bourreau et d’assassin n’est pas ce qui convient à un soldat.
    Le roi, qui se doutait de la réponse, se tourna alors vers François de Montpezat.
    — Laugnac, expliquez-leur ce

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