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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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scènes similaires se déroulèrent dansles villes passées à la Ligue comme Bourges, Reims ou Troyes.
    À la mi-janvier, Jean Bussy Le Clerc, toujours gouverneur de la Bastille, accompagné de trente hommes armés et cuirassés,
     se rendit dans la Grand Chambre du palais de justice où il fit assembler les magistrats. La cour de mai était en même temps
     envahie par une foule vociférante équipée de lardoires et de piques. Épée brandie et menaçante, le chef de la Ligue appela
     plusieurs conseillers et présidents désignés dans une liste et leur ordonna de le suivre à l’Hôtel de Ville, siège du gouvernement
     des Seize.
    Quand le premier président, M. de Harlay, lui demanda quelle autorité il avait pour agir ainsi, Le Clerc lui répondit que
     ceux qui étaient sur sa liste avaient été dénoncés comme partisans de Henri de Valois, et que s’ils ne le suivaient pas volontairement,
     ils y seraient contraints. Ses hommes allumèrent alors les mèches des arquebuses et les magistrats s’inclinèrent.
    Les parlementaires prisonniers, accompagnés de quelques magistrats solidaires, subirent les pires avanies en se rendant à
     la place de Grève. Sur leur passage, les boutiques étaient fermées et la populace qui les insultait les menaçait des pires
     atrocités comme complices des assassins de leur duc bien aimé. Après avoir traversé le Pont au Change, terrorisés par le sort
     qu’on leur promettait, les parlementaires espéraient entrer dans l’Hôtel de Ville pour y trouver le salut et se justifier,
     mais Le Clerc les conduisit directement à la Bastille par des rues encore plus hostiles. Dans la même journée, les ligueurs
     enfermèrent à la Conciergerie les magistrats de la Cour des aides et ceux de la Chambre des comptes jugés trop fidèles au
     roi.
    Quand tous furent serrés au fond de sinistres cachots, Jean Le Clerc se rendit à l’hôtel de Montmorency.
    La duchesse avait quitté Blois peu après avoir renvoyé le capitaine Clément à Paris. Inquiète des rumeurs sur une riposte
     du roi envers les Guise, elle était rentrée avec sa belle-sœur, qui devait accoucher, puis était tombéemalade. C’est dans son lit qu’elle avait appris l’assassinat de ses deux frères.
    Elle en était restée tellement prostrée que son médecin, malgré toutes les saignées qu’il lui avait faites, avait cru qu’elle
     ne surmonterait pas l’épreuve. Mais, de façon inexplicable, la soif de vengeance de Catherine de Lorraine avait été plus forte
     que la maladie. Non seulement Henri III l’avait brocardée et déshonorée, mais il avait assassiné les deux personnes qu’elle
     chérissait le plus au monde. Elle avait désormais un compte terrible avec lui. Fiévreuse, ivre de haine, elle était sortie
     dans le glacial hiver parisien pour maudire le tyran valois. Sur le parvis de Notre-Dame, devant toute une foule qui lui était
     acquise, elle avait solennellement juré sa mort.
    Le lendemain, elle avait fait venir le capitaine Clément et le père Boucher.
    Clément était désormais dominicain. Au retour de Blois, muni d’une lettre du duc de Guise pour le père Edmond Bourgoing, prieur
     des jacobins, il avait été reçu dans le couvent de la rue Saint-Jacques et avait prononcé ses vœux, car bien que logeant dans
     des couvents, les dominicains étaient des prêtres. À Paris, leur maison était contre la porte Saint-Jacques, ce qui expliquait
     leur surnom de jacobins 1 .
    La duchesse lui avait demandé s’il était toujours prêt à mourir pour sa foi. Clément avait non seulement acquiescé mais, en
     extase, il lui avait dit avoir rêvé être tiré par quatre chevaux sans jamais ressentir la moindre douleur et même avoir éprouvé
     un bonheur indicible dans le supplice.
    Satisfaite de son aveugle dévotion, elle lui avait pourtant assuré qu’il aurait la vie sauve après qu’il eut tué le roi, qu’elle
     ferait de lui un cardinal, un pape même, et que plus tard il serait sanctifié et aurait sa statue dans les églises, comme
     les autres saints. À ces promesses, il était rentré dans son couvent le cœur débordant d’allégresse.
    Certaine d’avoir un assassin, la duchesse devait maintenant trouver un moyen de lui laisser aborder le roi. Et comme le lui
     avait dit son frère, c’était impossible. Henri III était loin de Paris et ses ordinaires ne laissaient approcher aucun inconnu, sinon après avoir vérifié qu’il n’avait pas

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