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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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chargeait d’exécuter le
     cardinal de Guise et de faire disparaître le corps, ainsi que celui du duc son frère. Il ne devrait en rester aucune trace.
    Richelieu avait accepté de s’occuper des corps mais refusé d’être bourreau. Le roi avait donc demandé à Larchant qui avait
     aussi refusé. En désespoir de cause, Henri III avaitappelé Michel de Gast. Lui aussi avait refusé de porter la main sur un prêtre, mais il avait accepté de trouver des assassins.
     Pour cela il avait promis quatre cents écus à quatre soldats.
    Les cinq hommes entrèrent dans la salle et Gast déclara sans ménagement :
    — Le roi désire vous voir, sortez!
    La figure des visiteurs révélait suffisamment l’intention qui les amenait aussi le cardinal ne fut pas dupe. Il se mit à genoux,
     fit une courte prière, puis se leva. Devant la porte, il déclara d’une voix ferme aux soldats :
    — Faites votre commission.
    À peine dehors, dans le petit passage, les quatre soldats le massacrèrent à coups de dagues et de hallebardes.
    Le soir, les corps des deux frères furent découpés en morceaux dans une salle basse du château, puis brûlés dans la chaux
     vive, de peur que le peuple ne s’emparât des cadavres pour en faire des reliques. Richelieu fit transporter les restes à l’extrémité
     d’un couloir souterrain, au fond de l’antique château fort. Il y avait là un trou carré aux parois en maçonnerie couvertes
     de mousse verdâtre. Ce puits béant communiquait avec la rivière. On y jeta ce qui restait des corps.
    1   Le duc d’Épernon s’appelait Jean-Louis de La Valette.
    2   Escalier à vis qui existe toujours.
    3   Ces dialogues ont été rapportés par Cavriana.
    4   Le tumulte d’Amboise : en 1560 Louis de Condé avait tenté de se saisir de François II à Amboise. Le complot découvert, la répression
     conduite par le père d’Henri de Guise avait été impitoyable. Les conjurés avaient été noyés, décapités ou pendus aux merlons
     du château.

32.
    La nouvelle de la mort du duc de Guise parvint à Paris avec une rapidité stupéfiante, car elle fut connue le soir de Noël
     dès six heures. Tous les préparatifs de la fête de la nativité cessèrent et le peuple, à la fois furieux, désespéré et apeuré
     prit les armes pour monter la garde aux portesde la ville, persuadé que l’armée royale allait déferler pour venger l’humiliation des barricades. Le lendemain, jour de Noël,
     arriva une nouvelle encore plus effroyable : celle de la mort du cardinal de Guise – un saint homme d’Église – lardé ignominieusement
     de coups de hallebardes.
    En ce jour sacré, ce crime provoqua encore plus d’émoi et de haine. On ne connaissait pas les détails de la mort du duc, sinon
     qu’il avait été tué par des gentilshommes. Le cardinal, lui, avait été assassiné par des brutes dans un obscur cachot. Le
     meurtre d’un prêtre dans de telles circonstances était le plus damnable des sacrilèges.
    Les membres du conseil des Seize se réunirent immédiatement et, en l’absence de plusieurs d’entre eux, prisonniers à Blois,
     ils portèrent Bussy Le Clerc à la tête de la Ligue. En même temps, ils proclamèrent gouverneur de la ville le duc d’Aumale,
     qui se trouvait à Paris.
    Dans tous les quartiers, les bourgeois furent rassemblés par les dizainiers pour jurer obéissance, promettre d’employer jusqu’au
     dernier denier de leur bourse pour la Ligue et s’engager à verser leur sang afin de venger la mort des deux bons princes lorrains.
    Le Clerc les fit ensuite défiler dans les rues aux cris de « Au meurtre! Au feu! Au sang! Vengeance! ».
    Après l’heureuse journée de Saint-Séverin et les barricades, la ville de Paris avait montré à quel point elle rejetait son
     roi. Désormais, les Parisiens le haïssaient tellement qu’ils souhaitaient ouvertement sa mort. Henri III fut décrété tyran
     par le curé Boucher et le peuple autorisé à décider de son sort. Selon le théologien, le monarque n’était désormais qu’une
     bête sauvage que chacun avait le droit et même le devoir d’empêcher de nuire. Peut-être même était-il l’Antéchrist, une créature
     du monde infernal. Dans les jours qui suivirent, on arracha ou on martela les armoiries royales partout où elles étaient gravées,
     y comprit au portail des églises, et on détruisit les tombeaux des mignons du roi dans l’église Saint-Paul. Partout en France,
     des

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