La ville qui n'aimait pas son roi
convaincu que la
cause du roi était désespérée et que l’occasion était venue pour la maison de Lorraine de succéder aux Valois.
Trois jours plus tard, lors d’une assemblée à l’Hôtel de Ville, les échevins et les représentants des Seize décrétèrent la
guerre totale contre le tyran. La première opération fut conduite par le chevalier d’Aumale qui, le 21 février,s’empara de la maison du marquis d’O à Fresnes qu’il pilla et dont il fit tuer de sang-froid les gardiens.
Au retour de l’expédition de Saint-Denis, riche de dix mille écus, M. de Cubsac n’avait pas repris son service auprès du roi,
car il avait fait partie des quarante-cinq limogés sur ordre du duc de Guise. Contrairement à d’autres, qui s’étaient installés
dans des hôtelleries non loin de Blois, restant aux ordres de M. de Montpezat, Cubsac avait demandé son congé et était retourné
à Paris. Fortuné et disposant de surcroît de quelques économies faites sur son traitement de gentilhomme ordinaire, il avait
décidé de demander la main de Perrine, car il se refusait à croire l’accusation portée contre elle.
Dans la capitale, il reprit d’abord la chambre qu’il avait occupée dans une hôtellerie de la rue Saint-Antoine, puis s’enquit
d’un logement à acheter. En effet, avant de faire sa cour à Perrine, il voulait monter sa maison de façon à l’impressionner
suffisamment pour qu’elle accepte de devenir sa femme, si elle était une honnête fille, ce dont il restait persuadé malgré
les soupçons de Mme Hauteville.
Il acheta finalement une petite maison à colombages, rue de l’Aigle, pour un prix intéressant de deux mille livres, et engagea
un serviteur et une servante. Tout ceci lui prit trois semaines. Entre-temps, il se rendit plusieurs fois dans la rue Saint-Martin,
mais sans apercevoir Perrine, car elle sortait peu. Bien sûr, il aurait pu simplement frapper à la porte de la maison où il
avait habité durant un mois, et où on le connaissait, mais en vérité, il n’osait pas.
Ce n’est que la veille de Noël qu’il se décida à faire savoir aux serviteurs de Hauteville qu’il était à Paris. Il s’était
dit que cette soirée serait propice, puisqu’il y avait veillée dans toutes les maisons en attendant la messe de minuit.
Complies sonnait quand il passa devant Saint-Merry. Il se pressa, ayant été retardé par la neige tombée la veille qui avait
gelé et rendu les rues glissantes. Les bras chargésde victuailles et de cadeaux, il faisait tellement attention à ne pas tomber qu’il ne remarqua pas la cohue bruyante devant
l’église.
C’est en évitant une charrette tirée par un âne qu’il découvrit l’attroupement, puis ce furent des cris, des gens couraient, pleuraient, se lamentaient. Il s’arrêta, questionna, et la nouvelle le frappa comme une balle de mousquet : on avait assassiné le duc de Guise!
Il resta un instant pétrifié. Que s’était-il passé à Blois? Oubliant Noël, comme d’autres, il chercha à en savoir plus, mais les nouvelles étaient contradictoires. Certains disaient que le duc avait été assassiné, d’autres qu’il y avait eu bataille. On accusait les quarante-cinq. Cap de Bious! frémit-il, si on découvrait qu’il était l’un des ordinaires , la populace l’écharperait.
Il décida de rentrer se terrer chez lui tandis que des processions commençaient à se former.
Dans les jours qui suivirent, il en apprit plus mais il comprit surtout qu’il n’était plus possible de demander Perrine en
mariage en cette période de deuil où un cardinal avait été assassiné.
Finalement, ce ne fut qu’en février qu’il se rendit dans la maison à tourelle de la rue Saint-Martin. Il avait prévu de faire d’abord une visite de courtoisie, puis de trouver une occasion de rester seul avec Perrine afin de l’interroger sur ce qui s’était passé ce funeste jour des barricades. Il devait y avoir une explication à la venue de Louchart. Il avait côtoyé Perrine pendant des jours et était certain qu’elle ne pouvait trahir son maître. La pauvre avait même été violée à son service!
En arrivant, il fut fêté comme un vieil ami par Le Bègue et Thérèse, Perrine restant sur la réserve. Aux questions qu’on lui
posa, il expliqua avoir quitté son service en novembre et qu’il ne savait rien de plus sur la mort du duc que ce qui se disait
à Paris. Puis il expliqua avoir
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