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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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que pour les autres gentilshommes, et principalement Brissac et Boisdauphin, il les ferait remettre en liberté
     quand il le jugerait nécessaire.
    Il fallait encore décider du sort du cardinal de Guise. Les députés du clergé avaient déjà demandé sa libération. Le roi resta
     silencieux à son sujet. À ses yeux le cardinal était mauvais et plus remuant que son frère. Un régicide ne lui avait pas fait
     peur, mais son procès était encore moins possible que celui de son frère.
    Le conseil fini, le roi se retira dans son cabinet neuf avec O et Aumont et fit appeler M. de Richelieu.

    Nicolas Poulain avait décidé de demander audience à la reine mère quand la jeune Marie de Surgères vint le chercher. Il trouva
     Catherine de Médicis en compagnie de Larchant.
    — Monsieur Poulain, fit le capitaine des gardes, le roi m’a demandé de conduire sa mère et vous-même auprès du cardinal de Bourbon.
    — Avez-vous des ordres à son sujet? demanda Poulain brusquement angoissé.
    Larchant le considéra avec le sourire ironique de celui qui sait beaucoup de choses.
    — Le roi m’a dit : allez assurer M. Poulain que le cardinal n’aura d’autre mal que la prison.
    Catherine de Médicis hocha doucement la tête. Désormais Charles de Bourbon ne représentait plus de danger et Henri allait
     faire connaître la paternité du baron de Dunois. En s’appuyant sur sa canne et sur Nicolas, elle suivit le capitaine des gardes.
    — Monsieur Larchant, s’enquit Poulain en chemin, sans trahir un secret, connaissez-vous les autres intentions du roi à l’égard du cardinal?
    — J’ai cru comprendre que je devrai le conduire à Chinon dans quelque temps où il sera emprisonné dans le château.
    Ils pénétrèrent dans la tour du Moulin par un couloir bas et étroit pratiqué dans le mur et fermé à l’autre bout par une porte.
     Des falots à chandelles de suif éclairaient vaguement les silhouettes de deux gardiens. Larchant leur fit signe de s’écarter
     et ouvrit la porte. Ils entrèrent dans une salle circulaire voûtée en nervures d’ogives de plus de trente pieds de hauteur.
     La lumière n’y entrait que par une étroite barbacane, très haute et inaccessible. L’endroit était froid et humide. Des chauves-souris
     bruissaient incessamment.
    Il n’y avait qu’un lit de planches et un coffre. Le cardinal était allongé sous une couverture, immobile mais les yeux ouverts.
     Il grelottait.
    Ils s’approchèrent. Le visage amaigri de Charles de Bourbon s’illumina d’un sourire en voyant son fils, mais il détourna la
     tête sitôt qu’il reconnut la reine mère.
    Poulain ne savait que dire tant il avait la gorge nouée. Les conditions d’emprisonnement de son père étaient insupportables
     et inacceptables pour un prince de sang.
    — Je demanderai à mon fils qu’on vous mette dans une chambre et qu’on vous donne des serviteurs, fit Catherine de Médicis.
    — Pourquoi? C’est vous qui êtes la cause de tout cela! C’est vous qui avez fait tuer ce pauvre duc de Guise! asséna Charles de Bourbon avec colère.
    — Non! protesta-t-elle. Je vous le jure sur les saints Évangiles!
    Il l’ignora et s’adressa à son fils.
    — Dis au roi qu’il est temps pour lui de s’allier avec mon neveu. Mais dis-lui aussi qu’il s’est trompé d’adversaire, le duc de Guise ne lui voulait pas de mal mais au contraire le protégeait de la Ligue. Maintenant les bourgeois vont faire la loi et ce sera l’enfer… Dis-lui! cria-t-il presque en lui prenant la main.
    — Je lui dirai, mon père! promit Nicolas bouleversé.
    Le cardinal ferma les yeux et parut s’endormir, soulagé. Ils partirent. Se pouvait-il qu’il ait deviné l’avenir? se demandait Poulain avec une nouvelle inquiétude. La Ligue était toujours puissante, il le savait, comment allait-elle se comporter sans le duc pour la dominer?

    Le lendemain matin, aux premières lueurs de l’aube, Michel de Gast, accompagné de quatre soldats, se rendit au premier étage
     de la tour du Moulin, dans la salle haute qui était de plain-pied avec le cabinet de Catherine de Médicis. On venait d’y transférer
     le cardinal de Guise.
    Gast avait trente-huit ans. Premier lieutenant des quarante-cinq et capitaine des gens à pied, il était fort sombre ce matin-là,
     car il savait qu’Henri III était mécontent de lui.
    La veille, le roi avait appelé François de Richelieu et lui avait fait part de sa décision : il le

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