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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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fait fortune et acheté une maison, rue de l’Aigle, à l’enseigne de la Coupe d’Or.
    On l’invita à dîner et il passa une partie de l’après-midi à raconter des anecdotes sur la cour. Enfin, Le Bègue expliqua
     avoir du travail et se retira dans sa chambre, Thérèse alla se reposer, et il resta seul dans la cuisine avec Perrine.
    Les deux jeunes gens restèrent un long moment silencieux, mal à l’aise. Cubsac l’observait du coin de l’œil. Il l’avait connue
     trois ans plus tôt quand elle avait seize ans, c’était alors une fraîche jeune fille. Il l’avait revue depuis, mais toujours
     rapidement sur le parvis de Saint-Merry. Maintenant elle était devenue une belle femme aux formes opulentes, malgré un visage
     tourmenté.
    Elle aussi l’observait, bien qu’elle gardât les yeux pudiquement baissés. Cubsac avait toujours ressemblé à un brigand, mais
     il s’était rasé pour venir. Il portait moustache et barbe bien taillées, cheveux ras. Son pourpoint de velours était bien
     coupé avec des boutons dorés et sa lourde épée rappelait qu’il était gentilhomme. Il était à la fois séduisant et rassurant.
    — Je suis revenu pour vous, Perrine, dit-il enfin, embarrassé.
    — Ah! fit-elle, plutôt froidement.
    — J’ai quelques biens désormais…
    — Vous nous l’avez dit.
    — Vous pourriez être une bonne maîtresse de maison, Perrine, fit-il maladroitement en montrant la cuisine d’un geste de la main.
    — Si je trouvais un mari! répliqua-elle aigrement, mais qui voudrait d’une domestique dont le maître préfère vivre avec les hérétiques?
    — M. Hauteville est un homme honorable, Perrine, la morigéna-t-il.
    — Sans doute, mais hérétique, et il sera damné!
    Cubsac soupira. La tâche allait s’avérer rude, mais une fois qu’il l’aurait épousée, il saurait la raisonner et se faire obéir,
     se promit-il.
    — J’ai rencontré plusieurs fois Mme de Saint-Pol, lâcha-t-il finalement. Une femme d’honneur.
    Elle leva les yeux.
    — Elle m’a raconté sa captivité, après avoir été arrêtée ici par le commissaire Louchart. Vous savez qu’elle s’est évadée sans aide?
    — Je l’ai appris, dit Perrine en prenant un air renfrogné. Elle était avec Mme Poulain, mais elles ont tué deux hommes pour ça. La Ligue les recherche et si on les retrouve, elles seront pendues.
    — Panfardious! Je doute qu’on les arrête là où elles sont, s’esclaffa Cubsac. Mme Hauteville est cousine du roi de Navarre, et M. Poulain est aussi de sang royal. Il est désormais baron de Dunois, le saviez-vous?
    — J’ai entendu des rumeurs, fit-elle, maussade.
    Cubsac resta silencieux un instant, se demandant comment amener la suite.
    — Perrine, je n’ai jamais cessé de penser à vous depuis que j’ai quitté le service de M. Hauteville, j’ai du bien, je vous l’ai dit.
    Jusqu’à présent, Perrine pensait que Cubsac la voulait pour maîtresse, comme tous les hommes qui lui contaient fleurette,
     mais à ces derniers mots, un doute s’empara de son esprit.
    — Continuez, dit-elle, d’une voix troublée.
    — Je suis gentilhomme. Certes, je ne suis ni baron ni comte, et la seigneurie de Cubsac est une pauvre terre avec un vieux château écroulé, mais celle qui m’épousera sera dame de Cubsac. Cap de Bious! Elle n’aura pas à avoir honte quand elle sera en compagnie de Mme de Saint-Pol!
    Elle pâlit.
    — Je serais le plus heureux des hommes si vous acceptiez de m’épouser à Saint-Merry, lâcha-t-il brusquement, les larmes aux yeux.
    La foudre entrée dans la pièce n’aurait pas fait plus d’effet sur Perrine. Elle devint blanche, resta un instant figée, puis
     fondit en larmes.
    — Qu’avez-vous Perrine? dit-il en se levant et s’approchant d’elle.
    — Laissez-moi! cria-t-elle en se levant.
    — Qu’avez-vous, Sandioux!
    — Laissez-moi! vous dis-je.
    Il la prit par les bras et la força à le regarder.
    — Je veux vous épouser! dit-il.
    — C’est impossible! cria-t-elle encore. C’est impossible!
    Elle partit en courant et heurta Thérèse, qui attirée par les cris, entrait dans la cuisine.
    — Que se passe-t-il? demanda la cuisinière.
    — Je l’ignore, dit Cubsac en s’asseyant sur le banc de la table, comme vidé de toute énergie.
    Il se prit la tête entre les mains. Perrine avait certainement un amant. C’était l’explication…
    Thérèse resta un moment à l’observer. Avait-il

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