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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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interroger.
    — Je n’avais plus de nouvelles de vous, monsieur de Rosny, s’étonna Nicolas. Je sais que vous avez été malade et que le traité d’alliance a finalement été négocié par M. de Mornay…
    — Qui s’en est attribué la gloire! le coupa le baron avec aigreur. Par la même occasion, Mornay a obtenu le gouvernorat de Saumur, une ville que j’avais négociée à notre cause! J’en ai été si fâché que je suis rentré chez moi à Rosny, mais je n’ai pu rester longtemps loin de mon maître, sourit-il quand même dans sa barbe.
    — Vous venez du camp de Navarre? demanda Poulain. J’ai appris ce matin que son armée serait à une dizaine de lieues.
    — Bien plus près, Nicolas! fit Olivier. J’ai laissé le prince à trois lieues d’ici, de l’autre côté de la Loire.
    — L’avant-garde de Mayenne n’est guère plus loin, m’a-t-on rapporté, remarqua sombrement Poulain.
    — C’est ce qui nous amène, monsieur de Dunois, dit Rosny. Mon maître est persuadé que l’affrontement avec l’armée ligueuse est pour bientôt. Mais nous battrons-nous séparément, ou côte à côte? Vous connaissez l’histoire des Horaces et des Curiaces. Si Mayenne nous combat séparément, ses forces sont suffisantes pour nous battre, tandis qu’ensemble, il ne peut qu’être vaincu.
    — En effet, soupira Poulain, mais c’est ce qui a été décidé dans le traité d’alliance. L’armée du roi et celle de Navarre doivent se battre séparément.
    — Tout peut changer! Nous en avons débattu au conseil. J’ai défendu le renforcement de notre alliance, et pour cela quel meilleur moyen qu’une rencontre entre nos deux princes? C’est un des rares points sur lesquels Mornay et moi sommes d’accord, ironisa Rosny, mais nous avons contre nous le reste du conseil. Certains ont mis en garde notre prince : s’il se rendait en confiance à la cour, Henri III le ferait assassiner, comme il l’avait fait avec Guise, et il enverrait sa tête aux Parisiens pour servir de gage à une paix avec eux et les Lorrains. Ainsi la guerre des trois Henri prendrait fin à son avantage! Navarre est d’ailleurs le premier à douter de la sincérité du roi, n’osant se fier à ses paroles et à ses promesses, surtout après avoir vu comment il les respectait avec Guise!
    — Je ne peux imaginer une telle félonie du roi avec son beau-frère, fit Poulain.
    — Êtes-vous certain qu’il en est incapable? s’enquit Rosny.
    Poulain ne répondit pas à cette question mais en posa une autre en remarquant qu’Olivier restait silencieux.
    — Qu’a décidé Mgr de Navarre?
    — Il accepterait du bout des lèvres une rencontre, mais dans un lieu qui lui agrée. Mornay a proposé que M. Hauteville vous en parle. J’ai approuvé son idée et je l’ai accompagné. Vous pourriez être garant de la loyauté du roi.
    Nicolas lança un regard à son ami et devina combien il était réticent. Lui aussi doutait du roi.
    — Peut-être, dit Poulain après un temps de réflexion. Je pense que M. d’Aumont approuverait une telle rencontre. Il habite un peu plus loin dans la rue… Et si nous allions l’interroger?

    Le lendemain, le maréchal d’Aumont vint chercher Rosny et Hauteville pour les conduire auprès du roi. Nicolas Poulain resta
     bien sûr avec eux. Montpezat et trois de ses ordinaires les accompagnèrent jusqu’au cabinet de travail où se trouvaient le marquis d’O et le duc de Retz. Impavide, Henri III les
     écouta en silence avant de déclarer :
    — Tout cela est bel et bon, mes amis, mais il sera difficile d’établir une complète et franche confiance entre les gens de mon cousin et les nôtres, que proposeriez-vous?
    — Une rencontre hors de la ville, suggéra Rosny. À mi-distance de nos deux camps, avec un nombre égal de gentilshommes dans les deux suites.
    Le roi ayant pris son menton dans sa main gauche secoua longuement et négativement la tête en serrant les lèvres.
    — Je suis le roi, dit-il enfin. C’est à mon beau-frère de venir me rendre hommage.
    — Mon prince refusera d’entrer dans Tours, vous le comprenez, sire.
    C’était l’affirmation de leur défiance mutuelle. Mais Henri III était trop bon politique pour refuser l’ouverture qu’on lui
     proposait. Il joignit l’extrémité de ses mains en soupirant.
    — … Mais je suis chez moi partout dans mon royaume. De l’autre côté de la Loire, dites-vous? Pourquoi pas à l’abbaye de

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