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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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Olivier.
    — Où habiterez-vous? s’inquiéta Isabeau.
    — Nous trouverons une hostellerie suffisamment éloignée de la rue Saint-Martin pour qu’on ne me reconnaisse pas. M. de Mornay nous a donné un passeport signé par Cheverny au nom du chevalier de Fleur-de-Lis, accompagné de son épouse et de ses serviteurs. Si nous ne restons pas trop longtemps, personne ne fera attention à nous.
    — Vous irez voir M. Poulain?
    — Certainement, j’ai tant de choses à lui dire, et il pourra m’apporter une aide précieuse pour retrouver ce Boisdauphin. Je rencontrerai aussi Il Magnifichino qui connaît tant de monde! Savez-vous s’il joue en ce moment?
    — Il triomphe au théâtre de Bourgogne dans Arlequin contre Scaramouche. Mais c’est un succès qui lui cause aussi bien des désagréments. Le curé de Saint-Eustache, qui s’oppose depuis toujours aux
     Confrères de la Passion, et qui avait même obtenu un temps que le théâtre ne puisse jouer qu’après vêpres – ce qui l’avait
     fait déserter – s’active à nouveau auprès du Grand-Châtelet pour faire suspendre les représentations sous le prétexte que
     les Confrères dela Passion n’ont pas le droit de jouer des pièces profanes, expliqua Mme Sardini.
    Isabeau appréciait beaucoup Venetianelli, surnommé Il Magnifichino , depuis qu’elle était revenue de Saint-Brice avec lui, en compagnie de Poulain. Elle ignorait juste que le comédien avait tenté de la tuer, sur ordre de M. de Richelieu dont il était l’agent secret!
    — La cure de Saint-Eustache est-elle toujours à René Benoist? demanda Olivier.
    — Oui.
    — Quand je vivais à Paris, il ne penchait pas pour la Ligue, bien au contraire.
    — C’est vrai, sourit tristement Mme Sardini, René Benoist a toujours défendu la royauté, mais il déteste les comédiens qui se moquent de la messe, ce que font chaque jour ceux de la troupe d’ Il Magnifichino . Benoist, qu’on appelle le pape des Halles, peut les mettre en péril.
    Olivier digéra cette information. C’était inespéré que Venetianelli joue toujours à l’hôtel de Bourgogne, à deux pas de l’ambassade
     d’Espagne, mais s’il avait des difficultés avec les curés, ce serait une complication de plus.

7.
    La porte Saint-Michel, par laquelle ils entrèrent dans Paris le lendemain, était commandée par deux gentilshommes de la chambre
     du roi qui surveillaient la milice bourgeoise. Le passeport de M. de Cheverny fit merveille et on ne leur posa aucune question.
     Ils n’étaient qu’un noble couple qui entrait en ville avec leur écuyer – Caudebec – et un cheval de bât.
    Le valet d’armes était resté chez les Sardini. Il parlait mal le français et, protestant rigoriste, il se serait vite fait
     remarquer. Les trois voyageurs avaient aussi laissé leurs bagages chez le banquier, emportant seulement quelques vêtements
     dans des sacoches.
    Olivier avait décidé de se rendre en premier lieu rue Mauconseil, au théâtre de l’hôtel de Bourgogne, pour y rencontrer Venetianelli.
     Sous une légère pluie mêlée de quelques flocons, ils suivirent la rue de la Harpe jusqu’au pont Saint-Michel, puis traversèrent
     l’Île jusqu’au Pont-au-Change et remontèrent la rue Saint-Denis. Comme toujours, les rues étroites étaient couvertes d’une
     épaisse couche de crottin noir et puant qui giclait sous les sabots. Pourtant la ville était en fête. Chacun préparait le
     dimanche des Rameaux et encourtinait sa façade avec des branches de lierre ou de buis, mais personne ne jugeait utile de nettoyer au devant!
    Olivier restait en tête, veillant à s’arrêter quand d’un étage en encorbellement il voyait quelque matrone jeter ses eaux
     usées. Derrière lui, Cassandre montait en amazone sur la sambue de Mme Sardini, les jambes bien calées contre les fourches
     de la selle. Derrière encore, Caudebec fermait la marche avec le cheval de bât.
    Ils n’avançaient pas vite. Les étalages des échoppes dans la rue Saint-Barthélemy, sur le Pont-au-Change, et même dans la
     rue Saint-Denis s’étendaient tellement qu’ils ne laissaient qu’un passage étroit. Dès qu’un chariot passait, il fallait débarrasser
     les tablettes des boutiques pour les relever, ce qui prenait un temps considérable, parfois encore plus long quand une charrette
     tirée par un âne ou un mulet arrivait en sens inverse. De surcroît, les innombrables marchands ambulants qui s’installaient
     dans le

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