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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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avec les chevaux. Je vais entrer avec Cassandre demander où est notre ami Il Magnifichino .
    Caudebec opina en sautant au sol. Une cloche pendait à côté de la porte et Cassandre en tira le cordon. Presque aussitôt un
     gamin de six ou sept ans, en chemise et pieds nus noirs de crasse, vint ouvrir et les fit entrer sans même chercher à savoir
     qui ils étaient.
    Ils pénétrèrent dans une grande salle enfumée au fond de laquelle brûlait un maigre feu de fagots de brindilles. Il faisait
     à peine plus chaud qu’à l’extérieur. Sur leur droite, deux fenêtres à meneaux aux petits carreaux sertis laissaient filtrer
     une chiche lumière.
    Autour de la cheminée, quatre femmes en épaisse robe de drap noir avec tablier gris cousaient ou ravaudaient. Un vieillard
     sommeillait sur un lit à piliers aux rideaux entr’ouverts. Deux marmots jouaient devant le feu pendant qu’une cinquième femme,
     en cotte hardie et jupe gonflée par un vertugadin, tentait de retirer leurs poux avec un peigne.
    Toutes se levèrent en les voyant entrer, à la fois interrogatives et respectueuses devant ces visiteurs qui paraissaient être
     des gens de qualité. Parmi celles qui cousaient, les deux plus jeunes étaient souriantes et enjouées, les plus âgées restaient
     sur la réserve. Celle qui épouillait les enfants s’avança vers eux. Elle avait une vingtaine d’années.
    Olivier leva son chapeau détrempé par la pluie pour les saluer.
    — Mesdames, je cherche un ami qui joue la comédie ici, il se nomme Lorenzino Venetianelli, mais on l’appelle Il Magnifichino.
    Le vieillard, qui s’était redressé dans son lit, le considéra avec une évidente méfiance avant de demander d’une voix grave :
    — Que lui voulez-vous?
    — Je suis un de ses amis, monsieur. S’il n’est pas ici, peut-être pouvez-vous lui faire une commission…
    — Peut-être…, concéda le vieil homme, impavide.
    Olivier sortit de son manteau une pièce d’un liard.
    — Et si vous lui vouliez du mal? s’enquit d’une voix méfiante la jeune femme qui s’était approchée.
    Cassandre remarqua moins son visage fatigué que la coquetterie de son habillement. Sa chemise avait un petit col rabattu très
     propre malgré la crasse de son cou et de ses mains, son tablier était serré à la taille par une cordelette de soie enjolivée
     d’anneaux dorés et les revers de ses manches étaient agrémentés d’une broderie cramoisie.
    — Serais-je venu avec mon épouse, madame? demanda Olivier.
    La jeune fille resta un instant hésitante, se mordillant la lèvre inférieure, tandis que Cassandre observait les autres femmes.
     Les deux plus âgées étaient peut-être les mères des trois autres. Et les grand-mères des trois enfants. Toutes avaient enjolivé
     leur robe noire avec quelques colifichets, passementerie et bandes de velours aux poignets ou aux manches.
    — Quel est votre nom? demanda l’homme en descendant du lit.
    Il portait des hauts-de-chausses bouffants turquoise et une épaisse chemise boutonnée de couleur olivâtre et particulièrement
     sale. Ses mains, ses joues, son cou étaient couverts de poils blancs, hirsutes.
    — Je suis le chevalier de Fleur-de-Lis, mais Lorenzino me connaît sous le nom d’Olivier. Nous avons voyagé ensemble l’année dernière.
    — À Angoulême? demanda la fille en vertugadin.
    Olivier tressaillit avec un soupçon de mécontentement. Comment savait-elle cela?
    — C’est bien possible, mademoiselle, dit-il évasivement.
    — Il m’avait dit que vous étiez trois…
    — Il a peut-être trop parlé, répliqua-t-il plus sèchement en se demandant qui était cette fille.
    La maîtresse de Venetianelli?
    — Rassurez-vous, monsieur, Lorenzino ne nous dit jamais rien, répliqua-t-elle le visage brusquement assombri. J’ai juste retenu votre prénom… et celui de votre compagnon.
    — Nicolas était le troisième, lâcha Olivier, songeant qu’elle attendait peut-être ce nom pour lui faire confiance.
    Un grand sourire aux lèvres, elle se tourna vers l’homme, l’interrogeant du regard. Il se contenta de hocher la tête.
    — Tu peux les conduire à Lorenzino, dit-il, et ensuite reviens. Je me nomme Mario, voici ma femme, ma sœur et mes filles, ajouta-t-il d’un ton bourru à l’attention d’Olivier.
    La jeune fille au vertugadin fit une révérence en se présentant d’un ton espiègle :
    — Moi, c’est Serafina. Lorenzino dort encore. On va le réveiller

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