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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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et lui faire la surprise!
    Elle saisit un bonnet noir et un manteau usé jusqu’à la trame posés sur le lit puis se dirigea avec grâce vers la sortie.
    À la lumière du jour, Serafina paraissait moins jeune. Son visage, d’une pâleur lumineuse, était tiré malgré des lèvres charnues.
     Ses cheveux noir bleuté, serrés en chignon, paraissaient ternes, mais peut-être était-ce simplement dû à la crasse.
    — Pouvons-nous y aller à cheval? demanda Olivier.
    — Si vous me prenez avec vous!
    Il voulut l’aider à monter sur la selle, mais elle sauta en croupe après avoir relevé sans pudeur sa robe et son jupon jusqu’au
     bourrelet du vertugadin, révélant d’épaisses chausses de laine qui lui arrivaient à mi-cuisse et surtout une absence de caleçon,
     ce sous-vêtement que Catherine de Médicis avait introduit à la cour mais que les femmes du peuple ne portaient pas. Il monta
     derrière elle tandis qu’elle avait déjà saisi les rênes, toute réjouie à l’idée de la promenade. Entre-temps, Caudebec avait
     aidé à Cassandre à s’installer sur la sambue.
    — Prenez ce passage! fit joyeusement leur guide, en désignant une voûte entre deux maisons de l’autre côté de la rue.
    Ils l’empruntèrent pour déboucher dans les vestiges du rempart. Les cavaliers longèrent un moment la muraille de Philippe
     Auguste tapissée de lierre noir et contournèrent une tour ronde, enveloppée de taillis de houx. Cette ruine devait être habitée,
     comme le prouvait la fumée qui s’échappait de la cheminée. Les sabots des chevaux s’enfonçaient dans le sol spongieux et moussu.
     Par endroits, ils devaient contourner de grosses pierres écroulées d’un mur, bien que le chemin soit tracé par des empreintes
     de pieds et de sabots. Ils passèrent devant des potagers et des escaliers conduisant à des enceintes écroulées tandis qu’à
     d’autres endroits les taillis étaient d’une épaisseur considérable. Ils se dirigeaient vers le donjon de l’hôtel de Bourgogne
     qui dépassait du faîte des arbres quand soudain un renard s’enfuit devant eux. La jeune femme se serra contre Olivier.
    — Vous jouez avec Lorenzino? lui demanda-t-il, tandis que Cassandre les rejoignait, faisant avancer son cheval de front avec eux pour les surveiller.
    — Oui, vous venez de voir toutes les femmes de la troupe, s’esclaffa gaiement leur guide. Pulcinella et Chiara sont mes sœurs et les autres sont ma mère et ma tante. Le mari de Chiara et Lorenzino dorment encore.
    — Combien êtes-vous?
    — Cinq femmes et trois hommes. Les enfants sont ceux de Chiara. Nous sommes arrivés, ajouta-t-elle en désignant le donjon du doigt.
    Ils contournèrent la tour rectangulaire pour s’arrêter devant une porte vermoulue au linteau de pierre en partie brisé. Olivier
     remarqua qu’ils se trouvaient derrière l’hôtel de Mendoza. Le vieux corps de logis de Jean sans Peur s’étendait à leur droite,
     une partie étant transformée en cabaret. L’enseigne d’une gargote grinçait sous la pluie. Malgré sa peinture écaillée, on
     distinguait deux diables rouges donnant des coups de fourche à une femme aux seins pendants qui cuisait dans une marmite bouillonnante.
    Olivier sauta à terre pour aider Serafina à descendre. En soulevant sa robe, sous l’œil égrillard de Caudebec(et celui plus discret d’Olivier), elle sortit de son jupon une grosse clef qu’elle introduisit dans la serrure. Les gonds
     grincèrent et elle poussa le vantail clouté qui gardait quelques traces de peinture sombre. Ils entrèrent à sa suite. Devant
     eux se déroulait un grand escalier à vis et, à leur droite, un passage conduisait à une pièce voûtée en ogive, sombre et glaciale,
     emplie de tout un bric-à-brac de malles et de coffres. Un peu de lumière perçait de lucarnes obturées par des volets fendus.
     Ce devait être une ancienne salle des gardes et l’endroit puait l’humidité et la crotte. Ils aperçurent aussi une charrette
     à grandes roues et un âne, attaché à un anneau, poussa un braiment en les entendant, persuadé qu’on lui portait son foin.
    — Nous logeons dans les étages mais nous gardons nos affaires et nos décors ici. Vous pouvez faire entrer les chevaux dans la salle. Ils seront à l’abri.
    Ils suivirent son conseil et attachèrent les montures à des anneaux, après avoir poussé la charrette. Puis, ils revinrent
     vers le grand escalier. Des gravats couvraient les

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