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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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étaient réputés pour
     leur méfiance.
    Simulant l’inquiétude, la duchesse l’avait plusieurs fois envoyé vers le curé Boucher pour s’informer sur ce qu’était devenu
     Bordeaux, mais les semaines s’étaient écoulées sans qu’aucune nouvelle ne leur parvienne. Quant à Navarre, bien qu’il ait
     été malade, il était toujours bien vivant.
    En février pourtant, le curé Boucher, ayant désormais l’habitude de rencontrer le capitaine Cabasset, lui avait parlé d’un
     projet débattu deux ou trois ans plus tôt dans une réunion de la sainte union. C’était une entreprise àlaquelle il avait été favorable, mais qui avait été rejetée par M. de Mayneville.
    Il s’agissait de surprendre le roi dans la rue Saint-Antoine quand il reviendrait du bois de Vincennes où il faisait des retraites
     dans un monastère. On disait qu’il n’avait alors qu’une faible escorte. Un des ligueurs avait proposé qu’on arrête son carrosse
     avec une corde et qu’on crie : Sire, ce sont des huguenots qui veulent vous prendre! À ces mots, le roi serait sorti de sa voiture et il aurait été facile de le faire prisonnier.
    — Pourquoi M. de Mayneville s’est-il opposé à ce projet? avait demandé Cabasset à Boucher.
    — Il nous a assurés que le roi était toujours avec ses quarante-cinq prêts à tailler en pièces les importuns.
    Cabasset avait raconté l’histoire à la duchesse qui l’avait écoutée avec intérêt.
    — Je peux savoir quand le roi se rend à Vincennes, avait-elle dit. Si vous vous postiez sur son chemin, vous pourriez évaluer quelle escorte il a vraiment…
    Il l’avait fait et constaté qu’Henri III avait avec lui une trentaine de gentilshommes de sa chambre, dont plusieurs étaient
     des quarante-cinq.
    — Il suffirait de leur opposer deux fois plus d’hommes, pour les arrêter, avait suggéré la duchesse. Croyez-vous pouvoir les trouver?
    L’entreprise avait séduit Cabasset qui s’ennuyait à Paris. Il avait accepté et commencé à rassembler des spadassins et des
     gentilshommes ayant pour seule fortune leur habileté à tenir une brette. Plusieurs fois, il avait aussi observé le passage
     du roi.
    Ce vendredi, il expliquait à la duchesse qu’il disposait déjà de quarante hommes, tous logés à la Croix-de-Lorraine.
    — Quand pensez-vous en avoir soixante, capitaine?
    — Au début du mois d’avril, madame, mais ils sont maintenant trop nombreux dans cette auberge. Il ne faut pas oublier que le Grand prévôt a des espions partout, il me faut une autre hôtellerie.
    — Ne perdez pas ce temps. Mon intendant vous donnera les clefs de ma maison de Bel-Esbat qui est sur le chemin de Vincennes. Vos hommes pourront s’y installer et il leur sera encore plus facile ainsi de surprendre le roi. Votre plan est-il prêt?
    — Oui, madame, j’ai prévu cinq mousquets pour abattre les officiers qui galoperont en tête. Trente hommes prendront l’escorte à revers dans une pistolade, et les autres viseront les chevaux, car il est difficile d’atteindre au pistolet ceux qui sont protégés par des corselets de fer. La bataille se finira à l’épée mais nous aurons une telle supériorité que la victoire ne fait pas de doute.
    — Et si le cocher fait presser les chevaux de son carrosse?
    — Des cordes seront tendues en travers de la route. Sitôt que nous serons les maîtres, j’emmènerai moi-même le roi à Soissons pour l’enfermer dans un couvent. Je vous préviendrai dès que ce sera fait.
    — Bien! Ensuite, ce sera à moi de jouer. J’irai informer la sainte union, car sitôt le roi pris ce sera à eux de s’occuper de ses amis…
    Elle ne le dit pas, mais Cabasset comprit que les politiques , partisans de l’union avec Navarre, seraient massacrés. Cela ne l’émut pas, c’était la guerre. En revanche, il conseilla
     à la duchesse de n’annoncer son projet qu’au dernier moment, par peur des espions.
    — Ne craignez rien, lui répondit-elle. Mayneville m’a dit que Le Clerc a fait exécuter tous ceux qui lui paraissaient suspects. Il ne reste que des gens loyaux au conseil des Seize.
    Cabasset parut hésiter, comme s’il voulait ajouter quelque chose sans oser le dire. Cette attitude n’échappa pas à la perspicacité
     de Mme de Montpensier.
    — Autre chose, capitaine?
    — Oui, madame, et veuillez pardonner mon impertinence… Mais on dit que votre frère fait entrer ses gentilshommes en ville et prépare une

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