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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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m’en emparer.
    — Ce serait un rude coup pour Guise, en effet, mais comment?
    — Tout dépend de l’escorte. Mais nous ne sommes que trois, quatre en allant chercher mon valet d’armes chez Sardini.
    — Vous pouvez compter sur moi. Peut-être pourrais-je en parler à O, il nous donnerait main forte.
    — Mais il s’emparera de l’or!
    — Sans doute…. Je vais songer à cela. Sitôt que vous savez où est l’or, il faut me prévenir. Mais pas chez moi. Convenons d’un signe de reconnaissance. Si j’accroche un mouchoir blanc à ma fenêtre, que quelqu’un vienne acheter à mon beau-père un pot de miel bien blanc. Il y aura une lettre à l’intérieur. Et à l’inverse, tu peux lui faire porter un pot en disant que le miel était gâté et tu y mettras ta lettre. Nous saurons ainsi où et quand nous rencontrer.
    — Très bien. Je voulais aussi te dire que Le Bègue est prévenu, il recevra ta famille si les choses s’aggravent.
    1   Cette phrase est exactement celle que le roi a prononcée devant Poulain et O.
    2   Qui était située entre la rue Saint-Antoine et la rue du roi de Sicile.

14.
    Le lendemain matin, au coin de la rue de la Harpe et de la rue des Cordeliers, deux barbiers chirurgiens en robe noire à larges
     manches, ceinture bleue, fraise et bonnet de chirurgien entrèrent dans le cabaret de la Croix-de-Lorraine, en face de l’église
     Saint-Cosme.
    L’église avait été construite près de trois cents ans plus tôt sur une chapelle qui était alors le siège de la confrérie des
     chirurgiens dont saint Cosme et saint Damien étaient les patrons. Les chirurgiens et barbiers avaient ensuitedéplacé leur collège à quelques pas, dans la rue des Cordeliers 1 .
    C’est Olivier qui avait eu l’idée de ces déguisements. Quand il était étudiant à la Sorbonne, il avait remarqué combien les
     maîtres en robes étaient respectés. Se faisant passer pour des professeurs, ils obtiendraient plus facilement des réponses
     à leurs questions.
    Le cabaret de la Croix-de-Lorraine était une hôtellerie à pignon pointu avec une petite salle basse et seulement quelques
     chambres dans ses deux étages en encorbellement. Bien tenu par une accorte veuve, il était surtout fréquenté par les clercs
     barbiers chirurgiens du collège et leurs maîtres, ainsi que par quelques voyageurs de passage, des marchands ou des gentilshommes.
    Quelques chandelles de suif, dans des lanternes, éclairaient trois longues tables de chêne massif. Le sol était balayé et
     il n’y avait pas de chiens rongeant quelque os jeté par un client. La tavernière en robe noire à dentelles de Bruges, maniérée
     comme une duchesse, distribuait du vin et du pain à des clercs barbiers installés à l’une des tables. Parmi eux, un jeune
     homme boutonneux à la courte barbe noire pérorait d’une voix pâteuse et avinée.
    — J’irai seul à la chasse aux hérétiques si vous êtes couards!
    « Couard! » répéta-t-il plusieurs fois en s’adressant à chacun de ses compagnons de table qui ne retenaient pas leur fou rire.
    Voyant qu’ils se moquaient, le barbu boutonneux cria plus fort, en frappant sur la table :
    — Je les abattrai tous! Je les éventrerai! Je les écorcherai!
    La tavernière lui posa une main sur l’épaule.
    — Calmez-vous, capitaine! pouffa-t-elle.
    — J’en ferai de la soupe! Je me baignerai dans leur sang et dans leurs entrailles!
    Les yeux embués de larmes, ses compagnons s’épanouissaient la rate.
    Caudebec et Olivier se regardèrent un instant, indécis. Une autre table était occupée par deux hommes qui vidaient leurs bourses
     de cuir de centaines de pièces d’argent afin de les compter. C’était sans doute des marchands qui n’avaient pas envie de compagnie.
     Les deux faux barbiers chirurgiens s’installèrent donc à la dernière table qui était surmontée d’un crucifix.
    Pendant ce temps, le boutonneux aviné répétait inlassablement qu’il fallait faire la guerre aux hérétiques, les exterminer,
     les anéantir…
    — Qui est ce fol? murmura Olivier, ébahi.
    — Peu importe! L’escalier est en face. Si Boisdauphin est dans sa chambre, il passera devant nous quand il sortira. Mais il est tôt et nous risquons d’attendre.
    — Nous attendrons le temps qu’il faudra. On ne s’intéressera pas à des chirurgiens ici.
    — Il ne sera certainement pas seul. Avez-vous déjà rencontré Mayneville?
    — Non.
    — Tant mieux, il

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