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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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mais sans les regarder.
    — M. de Boisdauphin dirigera les opérations dans le quartier de l’Université, poursuivit Mayneville, impassible. Il loge pour l’instant à la Croix-de-Lorraine, non loin d’ici…
    — Non loin d’ici? s’étonna Poulain. Mais la Croix-de-Lorraine est sur la place du cimetière Saint-Jean.
    Mayneville eut un sourire condescendant.
    — Vous confondez, monsieur Poulain! Il est vrai que la Croix-de-Lorraine, que les Lorrains fréquentent, est au cimetière Saint-Jean, mais il y a une autre Croix-de-Lorraine, rue des Cordeliers, en face du collège de chirurgie. C’est un cabaret qui possède quelques chambres et c’est là que se sont installés ceux qui commanderont vos hommes dans l’Université.
    » Encore une chose, monsieur Bussy, martela Mayneville. Monseigneur ne veut ni pillage ni exécution. Lorsque vos gens entreront dans le Louvre ou dans l’Arsenal, si l’un d’eux vole seulement un pot ou une assiette je le ferai pendre. Que ce soit clair! Je ne veux pas plus de rapinage dans les maisons des politiques. Vous devez prendre la Bastille?
    — Oui, monsieur.
    — Vous en porterez ensuite les clefs à monseigneur.
    — Nous y serrerons beaucoup de prisonniers, fit le Clerc sans confirmer qu’il rendrait les clefs.
    — Certainement, mais pas d’exécution, c’est bien clair!
    — Sauf s’il y a rébellion…
    — Sauf s’il y a rébellion, je vous l’accorde.
    — Que deviendra le roi? demanda Poulain.
    — Monseigneur le fera enfermer au Hiéronymites de Vincennes. Il s’y plaît et il y finira sa vie. Il abdiquera auparavant en faveur de Mgr de Bourbon.
    Poulain aurait aimé en savoir plus, mais Mayneville se leva.
    — Je crois que tout est dit. J’attends vos officiers. Venez Boisdauphin! À vous revoir, monsieur Poulain!
    Il repartit vers le fond de la salle, les laissant seuls. Personne n’avait touché au vin.
    Poulain servit Le Clerc en silence, puis il remplit son pot.
    — Il croit pouvoir nous commander! ragea le procureur.
    — Il nous méprise! insista Poulain qui songeait qu’un coin enfoncé entre les deux partis ne pouvait être qu’une bonne chose.
    — Pour l’instant, nous n’avons pas le choix, mais Guise n’a pas compris que les Parisiens ne veulent pas changer de maître : ils ne veulent plus de maître!
    Sauf celui que la sainte union veut leur imposer, pensa Poulain.

    Nicolas Joubert, seigneur d’Engoulevent, avait rassemblé aux Pauvres-Diables les membres de la Confrérie des sots et des enfants
     sans souci qui jouaient dans Le traître Judas se pendant par désespoir . Il y avait là des clercs, des écoliers et des commis d’écriture, tous passionnés de théâtre, de déguisements et de farce.
     Il y avait aussi Olivier et Caudebec, puisqu’ils étaient l’objet de cette réunion.
    Le samedi précédent, le prince des sots avait expliqué aux autres enfants sans souci que Francesco et Pietro, prénom sous lesquels étaient connus François Caudebec et Olivier Hauteville dans les parades, allaient reprendre les rôles du
     légionnaire romain et de Judas.
    La troupe avait applaudi. Olivier et François avaient répété et trouvé leur rôle facile. Puis ils avaient joué dès le samedi
     aux Halles.
    Le traître Judas se pendant par désespoir était une farce où Joubert tenait le rôle de Pierre. Dans cette sotie, Olivier et Caudebec n’avaient guère à dire ou à agir,
     ils ne devaient qu’être sur scène, l’un pour trahir le Christ, l’autre pour le martyriser à coup de lance. Mais c’était une
     chose de répéter, et c’en était une autre de jouer devant des centaines de catholiques exaltés voulant venger Notre Sauveur.
     Ils découvrirent vite à quel point Judas et le légionnaire romain accumulaient la haine populaire, surtout au moment de Pâques.
     Ils avaient fini le spectacle sous les insultes, les crachats et les œufs pourris, protégés par les autres comédiens et quelques
     archers du Châtelet qui étaient venus pour les préserver d’être roués de coups.
    Olivier comprit alors pourquoi personne ne voulait de ces rôles.
    Il avait pourtant accepté de rejouer le lendemain, car c’était à l’hôtel de Bourgogne, juste avant la Compagnia Comica et il était désireux de montrer son talent à Cassandre (talent qui se limitait pourtant à se pendre!). Mais même dans la salle des confrères de la Passion, insultes et menaces avaient été telles que désormais il ne

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