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La Violente Amour

La Violente Amour

Titel: La Violente Amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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laissai le cortège sur le
parvis, M. de La Surie ne me quittant pas d’une botte, et me glissai non sans
peine hors la presse frénétique, désirant rentrer en ma chacunière pour faire
quelque toilette avant que de me présenter sous ma vraie face et vêture aux
princesses lorraines.
    Je ne trouvai
point Pissebœuf et Poussevent au logis, Doña Clara n’ayant pu les retenir de se
joindre aux curieux, mais Héloïse et Lisette n’avaient point osé passer outre à
ses défenses, craignant, comme dit Héloïse, d’être pastissées par d’aucuns
vaunéants qui se glissent toujours dans les multitudes pour couper les bourses
ou mignonner les garcelettes, ou pis encore. Tant est que M. de La Surie et
moi, éprouvant, après nous être baignés ès foule, le besoin de nous baigner
tout court, nous eûmes au moins deux chambrières pour remplir les cuves et nous
récurer, ce qui ne se fit pas sans rires ni jaseries et me ramentut le temps où
Barberine nous lavait, Samson et moi, devant un grand feu flambant à Mespech.
    — Vramy,
Monsieur mon maître ! dit Héloïse, le roi est un bon roi, car passant en
la grand’rue Saint-Honoré et voyant un soldat entrer dans une boulangerie, pour
y prendre de force un pain, il en fut si encoléré qu’il courut à lui et le
voulut tuer.
    — Il ne
put courre à lui, dit La Surie, il était à cheval.
    — Comment
sais-tu cela, Héloïse ? dis-je. Tu n’as pas quitté le logis.
    — C’est
notre bonne voisine qui nous l’a conté.
    — On dit
aussi, poursuivit Lisette qui voulait en conter à son tour sa râtelée, qu’à la
hauteur des Innocents, un guillaume, à la fenêtre de la maison qui fait le
coin, fixa très insolemment le roi, bec cousu et le chapeau sur le chef ;
que d’aucuns le voulurent châtier tout de gob, mais que le roi défendit de le
molester, disant en riant que si le quidam trouvait là son plaisir, il ne lui
voulait pas ôter.
    — Miroul,
dis-je en oc, tu verras qu’avant la fin du jour, on aura prêté cent paroles au
roi qu’il n’a jamais rêvé de dire.
    — Et se
peut, cent miracles, dit La Surie en riant.
    — Monsieur
mon maître, dit Lisette avec une petite moue, vous me fâchez ! Vous vous
gaussez de nous avec Miroul en votre provinciale parladure.
    — Nenni,
nenni, mes mignonnes ! Héloïse, va tirer de dessous mon lit un coffre dont
tu trouveras la clé dans mes chausses et étale sur la coite la vêture que tu y
trouveras.
    — C’est
que j’eusse voulu vous essuyer, dit Héloïse. Vous avez la peau si douce.
    — Moussu,
dit La Surie en oc, vous êtes cruel avec cette drola. Rien que de penser
à vous, elle s’escambille.
    À quoi nous
rîmes.
    — La
peste soit de cet embrenné jargon ! dit Héloïse, son œil noircissant en
son ire. Monsieur, ne pouvez-vous pas parler comme un bon chrétien ?
    Et elle s’en
alla dans un virevoltement furieux de son vertugadin.
    — Mon
Pierre, dit La Surie, vous voilà excommunié pour hérésie de langage !
Héloïse va remplacer le légat, lequel va sur Paris secouer la poussière de ses
souliers papistes.
    — L’as-tu
ouï dire ?
    — Oui-da !
et que le roi lui avait dépêché M. de Saint-Paul pour le supplier de rester,
mais qu’il avait noulu.
    Lisette
m’ayant essuyé, je tirai vers ma chambre où je trouvai Héloïse caressant, toute
apazimée, mon pourpoint de satin bleu orné de perles.
    — Monsieur
mon maître, dit-elle, vous ne le pouvez nier davantage de présent. Doña Clara
avait raison. Vous êtes gentilhomme, et duc, à en juger par la vêture.
    — Descends
un peu, Lisette : je ne suis que marquis.
    — Jésus,
quelle pitié et dommage ! dit-elle, que vous n’ayez voulu de moi !
J’eusse pu m’en paonner, ma vie durant.
    — Tu as
eu Miroul, lequel est écuyer.
    — Ho !
ce n’est point si bravet ! Monsieur le Marquis, peux-je vous rabattre la
barbe ? Et désaplatir le cheveu, maintenant que vous n’êtes plus
marchand ?
    — Le
saurais-tu faire ?
    — Je fus
estuvière ès étuves.
    — Tiens
donc ! comme Alizon !
    — Mais je
ne vendais pas, moi, mon devant, dit Héloïse. Combien que je ne lui reproche
point, vu qu’il lui fallait nourrir son petit.
    À la parfin,
quand Héloïse m’eut la barbe réduite à un seyant collier, fait bouffer le
cheveu et vêtu de cap à pié en mon beau pourpoint de Cour, elle me dit :
    — Monsieur
le Marquis, maintenant que vous n’êtes plus marchand, il vous faut

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