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La Violente Amour

La Violente Amour

Titel: La Violente Amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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avait
encontré sa mort.
    — Bride
un peu, dit Langlois en me mettant la main sur le bras.
    Je m’arrêtai,
levant haut la lanterne et tous deux écarquillant l’œil, immobiles et cois,
nous tendîmes l’oreille, la face mouillée par la bruine, sans rien voir devant
nous que cette laine blanchâtre, et chacun sans ouïr d’autre noise que le
toquement de son cœur.
    — Ils
devraient être là, dit Langlois.
    — Mais la
brume les aura, se peut, délayés.
    — Attendons,
dit-il.
    Et combien que
ladite attente, j’en suis bien assuré, ne dura pas plus d’une minute, elle me
parut éternelle. À la fin, il me sembla que dans le blanc du brouillard, un
halo plus blanc apparaissait, lequel, à ficher l’œil sur lui, devint plus
brillant et plus dansant, et tout soudain s’arrêta.
    — Qui
vive ? dit une voix étouffée.
    — Vivent
le roi et la paix ! dit Langlois à mi-voix, ce qui était, j’imagine, le
mot de passe des écharpes blanches cette nuit-là.
    Le halo se
remit en branle et devint torche qui éclaira tout soudain le grand nez et la
forte mâchoire de M. de Vitry et dut m’éclairer aussi, pour ce que Vitry
s’exclama d’une voix dont il s’efforçait d’assourdir les sonorités
puissantes :
    — Mordieu !
Marquis de Siorac ! C’est toi ? Tu es donc dans tous les coups ?
reprit-il en me baillant une brassée rapide.
    — Moi, et
Monsieur l’échevin Langlois.
    — Monsieur
le Capitaine des Gardes, dit Langlois, je suis votre serviteur.
    — Allons,
Monsieur l’échevin, point de cérémonie, dit Vitry.
    Et bon
compagnon qu’il voulait être, et très ménager aussi du corps de ville, il nous
prit chacun par un bras et nous entraîna à grands pas vers le pont-levis.
Jetant un regard derrière moi, je vis des torches qui-cy qui-là et devinai
plutôt que je vis, une longue colonne en marche.
    — D’où
vient, dis-je à voix basse, qu’on n’oit pas le bruit des pas sur les pierres du
chemin ?
    — Ils ont
des chiffons aux pieds, dit Vitry, et pour les torches, on vient à peine de les
allumer.
    Passé la porte
Saint-Denis et tandis que la colonne s’écoulait dans la ville, quelques soldats
du duc de Feria, bien reconnaissables aux salades à l’espagnole qui
recouvraient leur chef, sortirent, les armes à la main, de leur poste, l’air
passablement effaré.
    — Marquis,
dit Vitry, qui sont ces gens-là ?
    — Des
soldats napolitains de Feria.
    — Napolitains,
cria Vitry en italien, rentrez chez vous et demeurez cois ! Nous ne
faisons pas la guerre à vous !
    Les
Napolitains se le tinrent pour dit et sans qu’une seule arquebusade fût tirée
de part et d’autre, se retirèrent en leur chacunière.
    — Compère,
dit Tronson en me mettant son énorme main sur le bras, la lanterne sourde
n’appartient pas à la paroisse. Elle est à moi.
    — La
voici.
    — J’ai
ouï, reprit Tronson à mon oreille, M. de Vitry vous appeler marquis. Est-ce là
votre véritable nom ?
    — Ce
n’est pas mon nom. C’est mon titre. Je suis le marquis de Siorac.
    — Tudieu !
dit Tronson, je l’avais deviné ! Vous n’aviez pas soulevé le pied que je
vous avais vu la semelle.
    — Et
aviez-vous deviné aussi que Miroul était M. de La Surie, écuyer ?
    — Tout du
même, dit Tronson.
    — Il n’y
a pas pires vantards que ces Parisiens, dit La Surie en oc.
    — Siorac,
me dit Vitry, tandis que la colonne s’avançait dans la grand’rue Saint-Denis
derrière nous, dites-moi ce que me veut cette estafette. Outre qu’il a perdu
vent et haleine à courir, il est gascon et ne parle que d’oc.
    — Mais je
parle aussi français, dit l’estafette, lequel avait le cheveu aussi rouge que
fleur de géranium : c’est tant je suis heureux que j’ai parlé d’oc.
    — Tudieu,
qui ne le serait ? dit Vitry.
    — Diga
me, dis-je à l’estafette, lequel, ne sachant s’il devait parler d’oc à moi,
ou français à M. de Vitry, restait bouche bée.
    — Je gage
que c’est bonne nouvelle, dit La Surie.
    — Oui-da !
dit l’estafette, retrouvant sa voix. M. de Saint-Luc avec sa colonne est entré
par la porte Neuve, que lui avait ouverte son beau-frère M. de Brissac, et vous
attend devant le grand Châtelet. M. d’O est entré par la même porte et a gagné
la porte Saint-Honoré que lui a livrée un échevin.
    — L’échevin
Neret, dit le petit Langlois qui ne voulait pas que les mérites du corps de
ville fussent oubliés dans cette affaire.

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