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La Volte Des Vertugadins

La Volte Des Vertugadins

Titel: La Volte Des Vertugadins Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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    — Quoi ! Malgré que Monsieur le Prince l’eût
renvoyée ?
    — Madame la Princesse a menacé Monsieur le Prince de se
jeter par la fenêtre s’il ne lui rendait pas sa chambrière et il a cédé.
    — Se serait-elle jetée ?
    — Non, Monsieur. Mais Monsieur le Prince l’a cru, ne connaissant
guère les femmes.
    Ceci fut dit avec un petit brillement de son œil bleu qui me
donna à penser que la caillette ne faillait pas en finesse.
    — Et toi, Louison, qu’allais-tu faire à
Fontainebleau ?
    — Crier secours à Philippote vu que Madame la Duchesse
d’Angoulême venait de me désoccuper.
    — Quel méfait avais-tu donc commis ?
    — Excusez-moi, Monsieur, dit Louison joliment, mais le
méfait n’était pas de mon fait. Avec Madame la Duchesse d’Angoulême, tout un
chacun recevait plus de soufflets que de caresses. Et dans les derniers temps,
il lui prenait fantaisie, quand elle était à sa toilette, de me pincer jusqu’au
sang pour un oui pour un non. À la fin, je me suis plainte. Elle a trouvé mes
plaintes bien impertinentes et m’a chassée.
    — Testebleu ! Que douce est donc la
Duchesse ! Et c’est alors, si je comprends bien, que tu fus à
Fontainebleau demander à Philippote de te trouver un emploi.
    — Et qu’elle m’a parlé de vous, Monsieur le Chevalier.
    — Comment savait-elle mon nom ?
    — Le gentilhomme qui l’espionnait en l’église de
Saint-André-des-Arts vous a nommé à Monsieur le Prince devant elle.
    — Et mon adresse ?
    — Elle l’a demandée au page qui, à Fontainebleau,
servait de messager entre Sa Majesté et la Princesse.
    — Et qui s’appelait ?
    — Romorantin, pour vous servir. Monsieur.
    Romorantin ! Mon amirable et aourable muguet qui n’aimait ni les « d » ni les « o » !
Assurément, il savait où je gîtais en Paris, m’ayant porté, par deux fois, des
messages du Roi… Les réponses si claires et si franches de Louison ne me
laissaient plus de doute. Tout s’enchaînait à la perfection en cette affaire et
Bassompierre n’y était pour rien.
    Je me sentis fort troublé, le cœur me battant à rompre et,
me reculant quelque peu de Louison, je dus m’asseoir sur ma table, mes jambes
ne me portant plus. Pour éviter que Louison ne les vît trembler, je serrai avec
force ma main gauche dans ma main droite et sentis alors la bague de la fée
blesser ma paume par les vives arêtes de ses pierreries. Il me sembla qu’elle
me brûlait.
    — D’où vient, poursuivis-je au hasard, car le silence,
en se prolongeant, me devenait gênant, que Madame la Princesse soit si fort
attachée à Philippote ?
    — Oh, Monsieur, il n’y a pas mystère ! Outre que
Philippote coiffe et frisotte la Princesse à la perfection, elle a, en outre,
une langue de miel. Elle lui répète du matin au soir qu’il n’y a rien de plus
beau au monde que sa personne et qu’elle sera reine de France. Et de reste,
elle le pense, l’ayant vue nue et la trouvant si bien faite que c’est une
merveille à laquelle il n’y a rien à reprendre. Philippote dit que si le Roi,
qui adore la Princesse tout habillée, la pouvait voir en sa natureté, il se
mettrait à croupetons devant elle pour lui baiser les pieds.
    — Ah ! Louison ! dis-je, troublé, comme tu
dis cela ! N’aimerais-tu pas être à sa place ?
    — Si fait ! dit-elle, mais pour mon fait, il ne
serait pas nécessaire de me lécher si bas !
    Ce petit trait partit tout à trac et sans quelle y vît
malice. Mais à la réflexion, elle fut prise de vergogne, la rougeur envahit son
front, ses joues, son cou mollet et le haut de ses tétins. Toutefois, ne me
voyant pas sourciller, bien au rebours, elle me fit un sourire connivent et
ondula de la tête aux pieds comme si elle était habitée par un petit serpent.
Tentée ou tentatrice, je ne saurais dire, je n’en étais plus à faire cette
distinction. Ce fut chez moi une décision prise en un éclair. Je décidai
d’aider ce tendre piège de chair à se refermer sur moi et, ma bague se peut me
donnant plus d’assurance que je n’en aurais eu sans elle, je m’avançai vers
Louison et lui prenant sans mot dire une de ses menottes, je la serrai entre
mes mains brûlantes – dans lesquelles elle me parut se fondre, tant elle
était petite et douce.
    — Ha ! Monsieur ! dit-elle, vous êtes bien
tel que ma sœur vous a décrit à moi.
    — Et comment m’a-t-elle décrit à toi ? dis-je,
goûtant fort ce

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