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L'abandon de la mésange

L'abandon de la mésange

Titel: L'abandon de la mésange Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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vanille.
    – Comment faites-vous pour les
différencier ?
    – Il y en a une qui me ressemble et
l’autre ressemble à sa mère.
    Wilson avait répondu spontanément et la dame
fut interloquée avant de pouffer de rire.
    – Je ne voudrais pas être indiscrète,
mais êtes-vous le médecin qui est arrivé récemment à l’hôpital de
Saint-Jean ?
    – Oui, et je sais qu’on m’y a beaucoup
remarqué, parce que mon sourire et mes sarraus sont les plus blancs…
    Encore une fois, ils rirent de bon cœur, et
Élise eut, là, immédiatement, l’envie de s’attaquer aux lèvres de Wilson.
    Elle n’en dormit plus et raconta son
excitation à sa mère et à Napoléon, via les radios amateurs de la mission, en
Haïti.
    – Un rêve, maman ! À toi.
    – Tu peux compter sur nous pour ta mise
de fonds. Et je te rappelle que ton père t’a laissé un petit quelque chose. À
toi.
    – Es-tu heureuse, maman ? À toi.
    – Oui. Et toi ? À toi.
    – Comme quelqu’un qui s’est sorti indemne
d’un terrible accident… À toi.
    – Et les petites ? À toi.
    – Merveilleuses ! Vous verrez
combien elles ont changé ! Et Dany aussi… À toi.
    – Pourquoi me parles-tu de Dany ? À
toi.
    – Parce qu’il aimera galoper à la ferme.
À toi.
    – Et Micheline ? À toi.
    – La communication est mauvaise, maman. Over
and out .
    Élise demanda à Claude Delambre s’il pouvait
lui recommander quelqu’un qui serait apte à évaluer la qualité de la production
de la bleuetière et de la framboiseraie, du sol et des arbustes. Claude offrit
de le faire lui-même et il passa un après-midi complet avec Élise à se promener
sur la terre, dont le sol avait gelé à deux reprises dès les derniers jours
d’octobre.
    – D’après les chiffres, c’est une bonne
exploitation. Je vais quand même prélever quelques carottes de terre, pour
analyse.
    Ne voulant pas déranger les propriétaires plus
qu’il ne fallait, ils se réchauffèrent dans un restaurant du village, où on
leur servit un café infect et des carrés aux dattes délicieux.
    – Et… ?
    – Si les analyses sont bonnes, je
n’hésiterais pas.
    – Si tu savais combien j’aimerais vivre
ici. Je m’y vois marcher et travailler, et j’imagine les enfants courant ou
galopant partout.
    – Tu as quitté Côme, n’est-ce pas ?
    Élise s’étonna. Apparemment, Claude était
toujours en contact avec Côme.
    – Oui, et j’ai l’intention de demander le
divorce.
    – Pour adultère, évidemment.
    Élise avala sa bouchée de travers. Était-ce si
notoire que Côme avait eu une maîtresse, sans mentionner ses aventures ?
    – Tu la connaissais ?
    Claude grimaça et répondit que oui.
    – Nous la connaissions tous depuis nos
études.
    – Côme était déjà avec elle quand je t’ai
rencontré sur le mont Royal et que je l’attendais comme une épaisse ?
    – Oui.
    – Joyeux !
    – Oh non ! Côme n’a jamais été
joyeux. Toujours torturé. Et quand je t’ai revue, à votre mariage, j’ai
compris.
    Élise ne savait plus si elle voulait tout
savoir.
    – Compris quoi ?
    – Que tu étais une Lauzé et qu’une fois
qu’un homme a approché une Lauzé, il est coincé dans ses filets.
    Élise perdit toute sa contenance devant les
larmes qui allumaient le regard de Claude. Cet homme souffrait encore de sa
rupture avec Micheline.
    – Avant que tu me le demandes, non, je
n’ai pas de nouvelles de ma sœur.
    – Je sais. Côme me l’a dit. Elle se
serait pointée à L’Avenir la nuit même du mariage de votre mère, et, selon
Côme, l’horreur qu’il avait vécue au Bluebird s’est continuée pendant
une bonne heure. Elle t’aurait canonisée avant de le précipiter aux enfers.
    Élise aurait souri si elle n’avait pas eu si
mal.
    – Nous sommes sans nouvelles depuis.
    – Mais je ne vois pas par qui tu aurais
pu avoir des nouvelles.
    – Jean-Charles.
    – Jean-Charles !
    – J’en aurai peut-être aux fêtes, parce
qu’il est le cousin de Françoise.
    – Ah bon ! Penses-tu que Micheline
l’a pris comme amoureux pour t’avoir à l’œil ? Ce fut au tour de Claude
d’accuser le coup.
    – Si c’était le cas, je serais le plus
heureux des hommes… En fait, ça aurait plutôt été à moi de précipiter le cousin
dans ses bras pour savoir ce qu’elle devenait… Je… Tu permets que je parle un
peu d’elle, même si… ?
    – Est-ce que je peux dire non ? Tu
sais que j’ai toujours eu

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