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L'abandon de la mésange

L'abandon de la mésange

Titel: L'abandon de la mésange Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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de la difficulté à…
    –… à m’inclure dans votre album de famille, je
sais.
    Élise était terriblement mal à l’aise, mais
Claude était si ouvert qu’elle ne pouvait décemment l’empêcher de parler. Elle
accepta donc de l’écouter, les yeux rivés à la fenêtre.
    – Micheline a toujours été une compagne,
une amante, un clown auprès de qui il faisait bon rire et vivre. On avait notre
routine et elle a toujours insisté pour que je sois à la maison pour le souper,
avec ma famille, sauf exception. « Que veux-tu, Claude ? qu’elle me
disait. Tu seras toujours mon lunch ou ma collation, jamais mon plat de
résistance. » Elle me téléphonait rarement, même lorsqu’elle n’avait que
vingt ans. J’ai toujours admiré son sang-froid. Tu te souviens certainement de
mes fiançailles. Elle y a été spectaculaire et, n’eût été le poids de ma promesse,
j’aurais pris mes jambes à mon cou et je l’aurais suivie au bout du monde.
    – Tu l’aimes encore ?
    – Oui. Assez pour faire des insomnies, de
peur de la réclamer en pleine nuit… Assez pour que notre bébé porte son nom,
car ainsi ce serait moins compromettant… Assez pour ne pas me retenir de faire
le guet devant son bureau pour la voir, ne serait-ce qu’une fraction de
seconde…
    – Alors, pourquoi tu n’as pas pris tes
jambes à ton cou ?
    – Je me pose la question tous les jours,
Élise. À l’époque, je me disais que Françoise était la plus fragile des deux,
et Micheline m’a répété tant et plus qu’elle ne voulait pas avoir d’enfant.
Alors…
    La vérité, Élise, c’est que Micheline n’a
jamais voulu de moi comme mari… Elle est entêtée.
    Élise fronça les sourcils. Côme l’avait-il
choisie parce qu’elle aussi était la plus fragile des deux ?
    – Et si c’était à refaire ?
    – Que Françoise me pardonne, mais je
choisirais Micheline. Je serais son amant à plein temps, ne rêvant que d’une
chose : être son vieil amant ou son vieil impuissant, selon. Côme et moi
nous sommes deux imbéciles. Ça me fait une belle jambe d’avoir défié les
principes de mes parents, avec le résultat que je suis, comme Côme, malheureux
comme une pierre.
    Élise aurait voulu lui dire qu’elle le
comprenait, mais elle ne le comprenait pas. Elle pensait davantage à Françoise
qui, toute sa vie, avait fait sa lessive et ses repas, avait préparé ses
vêtements pour ses déplacements, s’était occupée de ses enfants, tout en se
croyant aimée et respectée.
    – Pardonne-moi, Claude, mais je pense que
tu as été un beau salaud. Un lâche.
    Claude acquiesça.
    – Je le pense aussi… et tu es toute
pardonnée.
    – Heureusement que Françoise t’a un peu
rendu la monnaie de ta pièce…
    – Qu’est-ce que tu veux dire ?
    – Je crois qu’elle a été la blonde de
Côme pendant vos études. En tout cas, je l’ai rencontrée chez les Vandersmissen
et elle pleurait.
    – Je n’ai jamais entendu dire qu’elle
soit allée chez les Vandersmissen. Tu es sûre ?
    Élise acquiesça et se tut. Chacun des deux
amis s’était servi allègrement dans le garde-manger de l’autre. Elle en était
nauséeuse.
     
    * * *
     
    La sonnerie du téléphone retentit si fort
qu’Élise se précipita pour répondre. C’étaient les propriétaires de la ferme,
qui non seulement acceptaient son offre, mais lui proposaient de quitter les
lieux bientôt afin qu’elle puisse en prendre possession pour Noël. Elle
dit : « Merci, merci ! », puis : « Oui, oui,
merveilleux ! », avant de raccrocher et de se laisser choir sur le
lit. Il était plus de vingt-deux heures et les petites dormaient si dur qu’elle
hésita avant de les réveiller. À minuit, elle n’avait pas encore fermé l’œil,
tant elle était fébrile, et les petites dormaient ferme. N’y tenant plus, elle
leur enfila leurs habits de neige et les installa dans la voiture. Violaine n’ouvrit
qu’un œil, qu’elle referma aussitôt. Quant à Viviane, elle regarda les lumières
de la nuit en souriant. Élise ne lui parla pas, la petite se promenant sûrement
dans un rêve de Noël, là où habitaient le vieux barbu et la fée des Étoiles.
Elle se rendormit dès qu’elles se retrouvèrent sur l’autoroute, en direction de
Saint-Jean.
    Élise se gara derrière la voiture de Wilson,
coupa le contact et se dirigea vers la porte. Par la fenêtre, elle vit Wilson
assoupi sur le canapé. Elle sonna, et elle grimaça en le

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