L'abandon de la mésange
s’éloigner trop de Montréal, sa femme ayant la mauvaise habitude
d’accoucher tous les dix-huit mois. Il attend son quatrième enfant.
Delphine a seize ans et rêve de devenir
mannequin, ce qui fait défriser son père et friser sa mère, qui voudraient tous
les deux la voir prendre la relève de la ferme, puisqu’elle y excelle et fait
déjà, discrètement, la gestion du personnel saisonnier.
Clovis-Émile, treize ans, a commencé son cours
secondaire au collège Jean-de-la-Mennaie, à La Prairie, et souhaite devenir
musicien de jazz à La Nouvelle-Orléans.
Micheline pratique dans un grand bureau
d’avocats et a quitté le droit familial, trop orageux à son goût, pour se
spécialiser dans les recours collectifs et s’attaquer aux grandes sociétés et
aux gouvernements. Elle s’est activée auprès d’organismes parrainant les
réfugiés politiques et a fait un pro bono annuel en payant le voyage et les
soins médicaux d’un enfant d’un pays en voie de développement. C’est ainsi
qu’un petit Haïtien, emmené à Montréal dans les bras de Napoléon, a subi une
intervention majeure qui lui a fermé la voûte palatale et la lèvre supérieure,
ce qui lui a permis de manger et de parler. Une petite Vietnamienne a été
opérée aux yeux et peut maintenant voir les grimaces de Micheline.
Napoléon et Blanche, âgés respectivement de
quatre-vingt-six et quatre-vingt-quatre ans, se sont installés dans un
appartement situé devant le parc Lafontaine, tout près de l’hôpital Notre-Dame,
où Blanche a fait ses études d’infirmière. Ils y font leur promenade
quotidienne, passant immanquablement à l’endroit où ils s’étaient quittés pour
près de trente ans. Quand Napoléon a atteint l’âge de quatre-vingts ans, ils
ont écourté leurs séjours en Haïti, n’y allant plus que deux mois par année,
afin de voir les petits-enfants plus souvent.
Marcel a reporté indéfiniment son départ pour
la Belgique, ayant trouvé une Anne-Marie de Drummondville pour remplacer sa
Madeleine de Louvain. Veuf pour une deuxième fois, il occupe ses journées
d’octogénaire en jouant, avec une détermination à effrayer l’adversaire, au
billard en hiver et au boulingrin en été.
Côme a pris une retraite anticipée et, selon
Marcel, vit seul à Sainte-Anne-de-la-Pocatière, regardant passer les bateaux
sur le fleuve. Il n’a jamais établi de lien avec ses filles, les ayant confiées
à Wilson et à Élise.
Jacqueline et Bernard échangent leur maison de
Drummondville six mois par année avec des couples qui, comme eux, ont un petit
budget pour voyager. Ils ont visité la France, l’Espagne, la Hongrie, les
États-Unis, le Venezuela, et doivent partir sous peu pour le Japon.
Claude Delambre a recommencé à voir Micheline
peu de temps après l’achat de la ferme. D’après elle, s’il a encore de l’encre
dans le stylo, c’est bien parce qu’il est un pousse-crayon de fonctionnaire et
qu’il n’est donc jamais fatigué.
Jean-Charles Gagnon n’a jamais cessé de voir
Micheline et, d’après elle, il dort toute la nuit, épuisé d’attendre ses
jeunes, qui rentrent à des heures impossibles.
Pit Avoine et son épouse, la belle Beauchamp,
ont vu leur écurie expropriée et démolie au début des années soixante-dix et
sont retournés à la campagne. Ils sont morts tous les deux.
Conrad Ballard, un soir d’illumination, se
serait jeté sur la voie du métro. Blanche a appris que personne n’avait réclamé
son corps.
1. Rassemblement
pour l’indépendance nationale.
Suivez les Éditions Libre Expression sur le Web
Ajoutez notre site à vos favoris et abonnez-vous à notre infolettre
afin d’être parmi les premiers informés des nouvelles parutions
de nos auteurs et de nos concours en ligne !
www. editions-libre-expression. com
WWW. GROUPELIBREX. COM
----
[1] Rassemblement pour l’indépendance
nationale
Weitere Kostenlose Bücher