Labyrinthe
parlé d'un problème. » Ses doigts tambourinaient son avant-bras pendant qu'elle écoutait. « Y a-t-il du nouveau concernant l'autre affaire ? »
La réponse ne fut pas ce qu'elle espérait.
« National ou local ? Tenez-moi au courant. Et rappelez-moi s'il y a du nouveau, sinon, je serai rentrée jeudi soir. »
Après avoir raccroché, Marie-Cécile s'attarda mentalement sur l'autre homme de la maison. Will était charmant, aimable en tout point, mais leur relation avait fait son temps. Il se montrait trop accaparant et sa jalousie d'adolescent commençait à l'exaspérer. Il la harcelait de questions. Et elle n'avait nul besoin de complications en ce moment.
En outre, elle avait besoin de sa demeure pour son fils et elle exclusivement.
Allumant la lampe de chevet, elle s'installa pour lire le rapport que lui avait remis Authié au sujet des squelettes, ainsi que celui qu'elle avait demandé sur Authié, lors de sa cooptation, deux ans plus tôt, à la Noublesso Véritable .
Elle parcourut le document, bien qu'elle en connût déjà la teneur. Deux accusations d'agressions sexuelles quand il était étudiant. On avait sans doute suborné les deux femmes car, chaque fois, les poursuites avaient été abandonnées. Il y avait aussi ces allégations concernant une autre agression à l'endroit d'une femme algérienne lors d'une manifestation en faveur des musulmans. Là encore, aucune charge n'avait été retenue contre lui. Des preuves de son implication, à l'université, dans des publications antisémites, des présomptions d'exactions perpétrées sur son ex-femme, lesquelles n'avaient abouti à rien.
Plus probante était la munificence dont il faisait régulièrement preuve à l'égard de la compagnie de Jésus. Au cours des dernières années, son engagement auprès de groupes orthodoxes s'opposant à Vatican II et la modernisation de l'Église catholique s'était intensifié.
Dans l'esprit de Marie-Cécile, un tel radicalisme religieux était peu compatible avec son adhésion à la Noublesso . Authié avait offert ses services à la confrérie et, jusqu'à cette heure, s'était révélé fort utile. Il avait prouvé son efficacité en tant que maître d'œuvre occulte des fouilles, au pic de Soularac, tout comme leur clôture, d'ailleurs. C'est également à lui, par le truchement d'une de ses relations, que l'on devait la divulgation de la trahison de Chartres. Ses renseignements étaient toujours fiables et précis.
Il n'inspirait pourtant aucune confiance à Marie-Cécile. Il était trop ambitieux, et ses succès passés se trouvaient quelque peu flétris par les échecs des deux derniers jours. Elle ne le croyait pas assez stupide pour chercher à s'approprier l'anneau ou le livre, mais il n'était pas non plus du genre à se laisser escamoter quelque chose sous le nez.
Elle hésita, puis passa un second coup de fil :
« J'ai une mission pour vous. Je recherche un livre, de vingt centimètres sur dix environ, relié de cuir et refermé par des lacets. Également un anneau d'homme, en pierre, avec une ligne sur le pourtour et un motif gravé sur l'intérieur. Il pourrait y avoir une sorte de jeton de la grosseur d'un euro avec. » Elle s'interrompit. « À Carcassonne. Un appartement quai de Paicherou et un bureau rue de Verdun. Tous deux au nom de Paul Authié. »
33
L'hôtel d'Alice était situé en face des portes principales donnant accès à la Cité. Niché dans de charmants jardins, il était invisible de la route.
La chambre du premier étage qu'on lui avait assignée était confortable. À peine entrée, Alice ouvrit la fenêtre au monde extérieur. Des odeurs de viande grillée, d'ail, de vanille et de cigare s'introduisirent aussitôt dans la pièce.
Son installation expédiée, elle prit une douche puis tenta de joindre Shelagh, davantage par réflexe que par nécessité. Toujours pas de réponse. Elle haussa les épaules. Personne ne pourrait lui reprocher de n'avoir pas essayé.
Munie du guide touristique acheté dans une station-service lors de son voyage à Toulouse, elle quitta l'hôtel et traversa la route pour emprunter la direction de la Cité. Un escalier raide menait à un petit parc bordé de haies, de conifères et de platanes. À l'extrémité des jardins se dressait un manège du XIX e siècle brillamment éclairé, dont les ornementations surchargées étaient déplacées dans le décor médiéval environnant. Le chapiteau rayé brun et blanc, bordé
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