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Labyrinthe

Labyrinthe

Titel: Labyrinthe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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contournant la table basse, vint se planter devant Authié. Pour la première fois, elle vit une lueur d'inquiétude au fond de ses yeux gris. Se penchant en avant, elle posa la main sur la poitrine de l'homme.
    « Je sens les battements de votre cœur, souffla-t-elle. Et il bat très fort. Me direz-vous pourquoi, Paul ? » Sans le quitter des yeux, elle le repoussa contre son fauteuil. « Je ne tolère pas les erreurs. Et je déteste qu'on ne me tienne pas au courant. Me fais-je bien comprendre ? »
    Authié ne répondit pas. Elle n'en fut pas étonnée.
    « Vous n'avez pas autre chose à faire qu'à m'expédier les objets comme vous me l'avez promis. Je vous paie pour cela. Retrouvez-moi cette Anglaise, négociez avec Noubel si nécessaire ; le reste vous regarde, je ne veux pas en entendre parler.
    — Si j'ai fait quelque chose qui ait pu vous donner l'impression… »
    Elle posa les doigts sur ses lèvres et le sentit tressaillir à ce contact physique.
    « Je ne veux plus en entendre parler. »
    Relâchant sa pression, elle s'écarta de lui et retourna sur le balcon. Le soir avait absorbé toutes les couleurs, ne laissant des maisons et des ponts qu'une silhouette se découpant sur l'obscurcissement du ciel.
    Un instant plus tard, Authié la rejoignit.
    « Je ne doute pas de vos capacités, Paul. » Il posa sa main près de celle de Marie-Cécile et leurs doigts se frôlèrent. « Naturellement, il y a, à Carcassonne, d'autres membres de la Noublesso Véritable , qui nous serviraient aussi bien que vous. Mais étant donné votre implication dans l'affaire qui nous occupe… »
    Elle laissa la phrase en suspens. À voir le raidissement de ses épaules et de son dos, elle savait que l'avertissement avait porté. Elle fit signe au chauffeur qui attendait en bas.
    « Je voudrais me rendre au pic de Soularac.
    — Vous restez à Carcassonne ?
    — Pour quelques jours, acquiesça-t-elle en retenant un sourire.
    — J'avais cru comprendre que vous n'entendiez pas entrer dans la grotte avant la cérémonie…
    — J'ai changé d'idée, trancha-t-elle, puisque je suis ici… En outre, j'ai d'autres affaires à régler. Si vous venez me chercher à une heure, j'aurai eu le temps de lire votre rapport. Je suis descendue à l'hôtel de la Cité. »
    Marie-Cécile regagna le salon, s'empara de l'enveloppe et la mit dans son sac à main.
    « Bien. À demain, Paul. Dormez bien. »
    Consciente du regard braqué sur elle pendant qu'elle descendait l'escalier, Marie-Cécile ne pouvait qu'admirer le sang-froid d'Authié. Mais comme elle montait à bord de la limousine, elle entendit avec jubilation un verre se briser contre un mur, deux étages au-dessus, dans l'appartement d'Authié.
     
    Le bar salon de l'hôtel s'épaississait de fumée de cigare. Les noctambules en robe du soir et costume d'été se prélassaient dans de profonds fauteuils de cuir, à la faveur de la lumière discrètement tamisée des boxes d'acajou verni.
    Marie-Cécile monta l'escalier d'un pas lent sous le regard de photographies en noir et blanc évoquant les grandes fêtes qui s'étaient déroulées dans l'hôtel au tournant du XIX e siècle.
    Dans sa chambre, elle troqua ses vêtements contre une sortie de bain et, comme à son habitude avant d'aller se coucher, s'observa sans complaisance dans le miroir, comme pour expertiser une œuvre d'art. Une peau diaphane, des pommettes haut perchées, autant de traits caractéristiques des l'Oradore.
    Elle laissa glisser ses doigts sur son visage et son cou. Les injures du temps n'atteindraient pas son inaltérable beauté. Si tout se passait bien, elle parviendrait à réaliser le rêve que son grand-père avait toujours caressé. Elle surmonterait la vieillesse. Et elle tromperait la mort.
    Elle se rembrunit : à condition de retrouver le livre et l'anneau. Décrochant le téléphone, elle demanda au standard de joindre un numéro. Puis, animée d'un sentiment tout neuf, elle alluma une cigarette et s'approcha de la fenêtre pour contempler les jardins en attendant la communication. Des bribes de conversation nocturnes montaient jusqu'à elle depuis la terrasse. Au-delà des fortifications de la Cité, par-delà la rivière, les lumières orange et blanches de la Basse ville clignotaient comme de dérisoires décorations de Noël.
    « François-Baptiste, c'est moi. Quelqu'un a-t-il téléphoné depuis vingt-quatre heures sur mon numéro privé ? Non ? Vous a-t-elle appelé ? On m'a

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