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Labyrinthe

Labyrinthe

Titel: Labyrinthe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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seulement à garder les livres à l'abri des esprits malveillants, de nous assurer de leur disponibilité au moment requis.
    — C'est la raison pour laquelle Harif a choisi votre père plutôt que l'un d'entre nous, enchaîna Esclarmonde. Sa position fait de lui l' envoi le plus approprié. Il a accès aux hommes et aux chevaux et dispose d'une mobilité que nous n'avons point. »
    Alaïs hésita, soucieuse de ne pas se montrer déloyale envers son père.
    « Il répugne à quitter le vicomte. Il est déchiré entre ses engagements passés et ses devoirs présents.
    — Nous connaissons tous, à un moment donné, de tels conflits intérieurs. C'est un dilemme malaisé que de choisir le meilleur chemin. Votre père a eu l'heur de vivre assez longtemps sans être confronté à une telle alternative. Cependant, il ne peut se soustraire à son devoir, Alaïs, ajouta Siméon en prenant les mains de la jeune femme. Nous devons l'exhorter à s'acquitter de ses responsabilités. Que Carcassona ne soit jamais tombée n'induit point qu'elle ne tombera jamais. »
    Les regards des gardiens étaient rivés sur elle, tandis qu'elle se levait pour faire quelques pas vers la cheminée. Le cœur lui battait, cependant qu'une idée germait au fond de son esprit.
    « Est-il concevable qu'un autre que lui s'en acquitte à sa place ? » demanda-t-elle d'une voix claire.
    Esclamonde comprit aussitôt.
    « Je ne pense point que votre père y souscrirait. Vous lui êtes par trop précieuse, Alaïs.
    — Pourtant, avant de départir pour Monpelhièr, il m'en pensait capable. Il m'en a donné la permission implicitement, faute de quoi, il ne m'aurait rien révélé.
    — Cela est vrai, approuva Siméon. Mais notre situation évolue de jour en jour. À mesure que les Français s'approcheront des terres du vicomte, les chemins seront plus dangereux, ainsi que j'ai pu le constater. Il ne passera point beau temps avant que nous ne puissions plus du tout les fréquenter. »
    Alaïs s'accrochait cependant à son idée.
    « Les montagnes se trouvent dans la direction opposée… Mais vous n'avez point répondu à ma question. Si les préceptes de la Noublesso n'interdisent point pareille pratique, alors je suis prête à offrir mes services, et accomplir cette mission à la place de mon père. Je suis grandement apte à me défendre. En plus d'être excellente cavalière, je connais parfaitement le maniement de l'épée et de l'arc. Nul ne me soupçonnera si… »
    Siméon l'interrompit d'un geste.
    « Vous vous méprenez sur notre réticence, mon enfant. Je ne doute point de votre vaillance ni de votre détermination.
    — S'il en est ainsi, donnez-moi votre bénédiction. »
    Le vieil homme se tourna alors vers Esclarmonde en soupirant :
    « Et vous, ma sœur, qu'en dites-vous ? À condition que Bertrand accède à cette requête, naturellement…
    — Je vous en conjure, Esclarmonde, plaida Alaïs. Donnez-moi votre accord. Je connais mon père.
    — Je ne puis rien promettre, répliqua enfin la gardienne. Je ne m'y opposerai point non plus. Cependant, vous devrez vous soumettre à sa décision, quelle qu'elle soit. S'il ne consent point à ce que vous le remplaciez, vous devrez vous y résoudre. »
    Il ne peut refuser. Je m'y emploierai.
    « À l'évidence, je lui obéirai », déclara-t-elle.
     
    La porte s'ouvrit brusquement sur Sajhë, suivi de Bertrand Pelletier.
    Ce dernier serra sa fille dans ses bras, congratula chaleureusement Siméon et eut un salut plus conventionnel à l'adresse d'Esclarmonde. Alaïs et Sajhë s'affairaient à les servir de pain et de vin, pendant que Siméon exposait l'objet de la conversation qui avait eu lieu en son absence.
    À sa grande surprise, la jeune femme vit son père écouter sans faire de commentaire. D'abord attentif à ce qui se disait, Sajhë commença à s'assoupir et alla se blottir contre sa grand-mère. Alaïs se garda d'intervenir, sachant qu'Esclarmonde et Siméon plaideraient sa cause mieux qu'elle-même. Néanmoins, elle observait de temps à autre son père à la dérobée.
    Il avait le teint blafard et son air hésitant semblait ajouter à son immense lassitude.
    Les mots vinrent à manquer, et un silence plein d'expectatives s'installa dans la petite pièce, chacun atermoyant, incertain quant à la voie sur laquelle s'engager.
    Alaïs se racla la gorge :
    « Or donc, paire , quelle est votre décision ? M'accorderez-vous la permission de départir ?
    — Je me refuse

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