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Labyrinthe

Labyrinthe

Titel: Labyrinthe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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Esclarmonde ci-présente doit vous accompagner, je pense que le livre est en sécurité en sa possession pour quelque temps encore.
    — Loin de moi l'idée… »
    Pelletier tapota la poche dissimulée sous son manteau.
    « Néanmoins, le livre de Siméon. » Il produisit le livre recouvert de peau qu'Alaïs avait entrevu à Besièrs, au moment où Siméon l'avait remis à l'intendant. « Emportez-le au château, et cousez-le à l'intérieur de votre manteau de voyage. Plus tard, je vous ferai parvenir le Livre des mots . »
    Alaïs s'empara du manuscrit et le rangea au fond de son sac.
    « La grand merci, paire , pour la fiance que vous m'accordez », bredouilla-t-elle en levant sur lui un regard attendri.
    Pelletier en eut le rouge au front. Sajhë choisit cet instant pour se réveiller.
    « Je suis assuré que dame Alaïs nous reviendra saine et sauve », déclara-t-il.
    Chacun se mit à rire.
    « Puisse le ciel t'entendre, gentilòmo , lui dit Pelletier en lui tapotant le dos. Tous nos espoirs reposent sur ses épaules. »
     
    « Je retrouve en elle toutes vos qualités, disait Siméon alors qu'ils cheminaient vers les portes accédant à Sant-Miquel. Elle est vaillante, obstinée, loyale. Elle ne cède point aisément. Votre fille aînée vous ressemble-t-elle aussi ?
    — Oriane tient davantage de sa mère, répondit laconiquement Pelletier. Elle a le port de Marguerite et son tempérament.
    — Il survient souvent que des enfants héritent entièrement le caractère d'un de leurs parents. Elle a épousé le scribe du vicomte, me semble-t-il.
    — Cela n'est point une union heureuse, soupira l'intendant. Congost n'est plus très jeune et il réprouve ses façons de se comporter. Il n'en reste pas moins un homme de grande valeur pour notre maison. »
    Absorbés dans leurs propres pensées, ils firent quelques pas.
    « Si elle ressemble à Marguerite, elle doit être très belle.
    — Oriane possède le charme et la grâce qui captent le regard. Nombre d'hommes se plairaient à la courtiser. Au reste, d'aucuns n'en font point un secret.
    — Vos filles doivent être d'un grand réconfort.
    — Surtout Alaïs. » Pelletier hésita, avant d'ajouter : « La faute m'en revient assurément, mais j'oserais dire que la compagnie d'Oriane m'est moins… J'essaie de me montrer impartial, cependant, je crains qu'il n'y ait très peu d'affection entre elles.
    — Cela est regrettable », murmura Siméon.
    Ils arrivaient aux portes. Pelletier s'immobilisa.
    « J'aimerais vous convaincre de prendre logis à la Ciutat , à Sant-Miquel, à tout le moins. À l'extérieur des murs, je ne pourrais vous protéger si l'ennemi surgissait. »
    Siméon posa la main sur celle de son ami.
    « Vous vous tourmentez trop, mon ami. Ma tâche est achevée, à présent. Je vous ai remis le livre qui m'a été confié. Les deux autres sont dans ces murs ; Alaïs et Esclarmonde sont là pour vous prêter la main. Pourquoi viendrait-on me chercher noise ? » Il fixa Pelletier de son regard de braise. « Ma place est auprès de mon peuple. »
    Les inflexions de voix de Siméon alarmèrent Pelletier.
    « Je ne me résoudrai point à ce que cette tractation mette un point final à quoi que ce soit. Nous trinquerons ensemble avant la fin du mois, je vous en donne ma parole.
    — Ce n'est point votre parole dont je me défie, mon ami, mais de l'estramaçon du Français.
    — D'ici au printemps prochain, je gage que tout sera achevé. Les Français seront boutés hors de nos terres et rentrés dans leurs états la queue entre les jambes. Le comte de Toulouse aura conclu de nouvelles alliances, et vous et moi évoquerons notre jeunesse perdue au coin du feu.
    — Pas a pas, se va luènh , conclut Siméon en lui donnant l'accolade. Et transmettez mes salutations à Harif. Dites-lui que j'attends toujours le jeu d'échecs qu'il m'a promis voilà plus de trente années ! »
    Pelletier leva la main en manière de salut, tandis que Siméon franchissait les portes. Sans un regard en arrière pour son ami.
    « Intendant Pelletier ! »
    Ce dernier continuait de regarder la foule qui descendait vers la rivière, où Siméon avait déjà disparu.
    « Messire ! répéta le messager hors d'haleine.
    — Que se passe-t-il ?
    — Vous êtes requis à la porte Narbonnaise, messire. »

45
    Alaïs entra dans sa chambre en coup de vent.
    « Guilhem ? »
    Malgré son besoin de solitude, elle fut déçue de trouver la chambre vide,

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