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Labyrinthe

Labyrinthe

Titel: Labyrinthe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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s'esclaffa brièvement le vieil homme. Et que de précipitation ! Lors de notre dernière rencontre, votre père me disait justement qu'enfant, vous n'aviez de cesse de poser des questions. »
    Alaïs admit le fait d'un sourire. Elle prit place devant la table et accepta le gobelet de vin que lui tendait Esclarmonde, tout en écoutant les propos qu'adressait le vieux juif à son hôtesse. Des liens d'affection semblaient déjà s'être noués entre eux.
    C'était un conteur né, aussi se laissa-t-elle captiver par les souvenirs de ses existences successives en Terre sainte, à Chartres et à Besièrs. Le temps passait, cependant qu'il évoquait les collines de Judée au printemps, les plaines de Sephal où, parmi les amandiers en fleur, le blanc muguet avoisinait le violet et le jaune des iris, leur faisant un tapis s'étendant aux confins de la Terre. Alaïs était captivée.
    Les ombres avançaient, tandis que l'atmosphère se transformait, sans qu'Alaïs en comprît la raison. Elle avait sur le cœur un poids qui le devait à l'attente des événements à venir. Elle se demanda si son père et Guilhem partageaient cette même impression à la veille d'une bataille, celle du temps brusquement suspendu.
    Elle porta son regard sur Esclarmonde, les mains croisées sur son giron, le visage empreint de sagesse et de sérénité.
    « Je suis convaincue que mon père viendra bientôt, affirma-t-elle, comme pour s'excuser de son absence. Il me l'a promis.
    — Nous le savons bien, répondit Siméon en lui tapotant les mains de ses mains parcheminées.
    — Nous ne pourrons quand même point nous attarder bien longtemps, objecta Esclarmonde avec un regard vers la porte qui demeurait résolument close. Les occupants de cette demeure seront de retour avant longtemps. »
    Les regards entendus qu'échangèrent Esclarmonde et Siméon n'échappèrent pas à Alaïs. N'y tenant mais, elle se pencha en avant pour poser la question qui lui brûlait les lèvres :
    « Vous n'avez pas répondu à la question que je vous ai posée hier, Esclarmonde, s'enquit-elle, étonnée de s'entendre une voix si calme. Êtes-vous aussi un gardien ? Le troisième livre que recherche mon père est-il en votre possession ? »
    Ses paroles demeurèrent un instant en suspens, comme si personne n'en était concerné. Puis, à la surprise d'Alaïs, Siméon eut un rire contenu.
    « Que vous a dit précisément votre père au sujet de la Noublesso  ? demanda-t-il, le regard brillant de malice.
    — Qu'il existait toujours cinq gardiens désignés pour assurer la protection de la trilogie.
    — Vous a-t-il expliqué pourquoi il y en avait cinq ? » Devant l'ignorance de la jeune femme, il ajouta : « Celui que l'on nomme le navigatairé est toujours assisté de quatre initiés. Ensemble, ils symbolisent les cinq points vitaux du corps humain, ainsi que les pouvoirs inhérents au chiffre cinq. Chaque gardien est choisi pour son courage, sa détermination, sa loyauté. Qu'il soit chrétien, juif ou sarrasin, c'est sa force d'âme qui importe, non son rang, sa naissance ou sa race. Il doit pareillement refléter la nature du secret qu'il est destiné à protéger, lequel appartient à toutes les croyances, à aucune en particulier. Bien que sous des noms différents, la Noublesso de los Seres existe depuis plus de deux mille ans aux seules fins de protéger le secret. Parfois notre existence a été celée, parfois elle fut révélée au grand jour. »
    Alaïs se tourna vers Esclarmonde :
    « Mon père se refuse à croire que vous soyez un gardien. Il semble ne pouvoir s'y résoudre.
    — Cela va à l'encontre de ce à quoi il s'attendait.
    — Il en a toujours été ainsi avec Bertrand, dit Siméon en souriant.
    — Il n'avait pas songé que le cinquième gardien serait une femme, s'insurgea Alaïs pour défendre son père.
    — Cet état de fait était moins inhabituel, autrefois poursuivit le vieil homme. L'Égypte, l'Assyrie, Rome, Babylone, ces anciennes civilisations dont nous avons ouï dire, accordaient plus de respect à la condition féminine qu'en ces temps d'obscurantisme qui sont les nôtres. »
    Alaïs réfléchit un instant.
    « Pensez-vous que Harif ait raison de croire que les livres seront en sûreté dans les montagnes ? » demanda-t-elle enfin.
    Siméon leva les mains en signe de défense.
    « Il ne nous appartient pas de juger ou de nous interroger sur ce qui doit ou ne doit point être accompli. Notre tâche consiste

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