Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Labyrinthe

Labyrinthe

Titel: Labyrinthe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
Vom Netzwerk:
cruelle à la fois que les deux hommes eurent un gémissement rentré. « Allons, Jehan, dites-moi donc où vous vous cachiez. En train de débattre d'affaires d'État, sans doute ? À moins que vous ne fussiez auprès de votre amante, è , Jehan ? Auriez-vous quelque hétaïre secrète, quelque part dans le château ? »
    — Comment osez-vous ? Je…
    — Les autres époux précisent bien à leurs femmes où ils sont. Pourquoi pas vous ? À moins, comme je le disais, que vous n'ayez une raison personnelle de ne point le faire… »
    Congost se mit à tempêter :
    « Mieux vaudrait que les autres époux tiennent leur langue. Ce n'est pas l'affaire des femmes que de…
    — Ah, c'est ainsi… Ce n'est pas l'affaire des femmes, dites-vous… »
    La voix était basse, remplie de dépit. Congost n'ignorait pas qu'elle se jouait de lui. Ce qu'il ne comprenait pas, et qu'il n'avait d'ailleurs jamais compris, c'était les règles du jeu auquel elle se livrait.
    Oriane tendit la main et se saisit brusquement du renflement qui saillait à travers la tunique de son mari. Avec jubilation, elle vit une lueur de surprise et de désarroi passer dans ses yeux. Elle entama un lent mouvement de va-et-vient.
    « Alors, mon époux, dit-elle dédaigneusement. Éclairez-moi et expliquez-moi ce que vous tenez pour affaire de femme. L'amour ? Ceci ? ajouta-t-elle en accentuant le mouvement. Comment appelleriez-vous ceci ? Le… désir ? »
    Congost subodorait le piège, mais fasciné comme il l'était, il ne savait que dire ni faire, et se penchait malgré lui vers son épouse. À la fixité de son regard, au mouvement de ses lèvres lippues, l'on aurait cru un poisson en train de se noyer. Pour sa sapience en lecture et en écriture, il aurait pu la mépriser. Sinon qu'à l'instar des autres hommes, à cause de l'appendice qui lui pendait entre les jambes, elle faisait de lui ce qu'elle voulait. En bonne vérité, c'est elle qui le méprisait.
    Contre toute attente, ayant obtenu l'effet recherché, elle retira sa main.
    « Or donc, Jehan, si vous êtes disposé à ne rien me dire, autant que vous vous retiriez. Vous ne m'êtes d'aucun usage. »
    Oriane vit un déclic s'opérer en lui, comme s'il prenait soudainement conscience de l'étendue des vexations dont il avait souffert toute sa vie. Avant qu'elle ne comprît ce qu'il advenait, l'homme la frappa au visage avec suffisamment de force pour la projeter sur le lit.
    Sidérée, elle hoqueta.
    Congost demeurait immobile, fixant sa main comme s'il ne savait qu'en faire.
    « Oriane, je…
    — Vous êtes pitoyable ! lui cria-t-elle au visage, un goût de sang dans la bouche. Je vous ai demandé de partir, alors partez ! Disparaissez de ma vue ! »
    Un court instant, Oriane crut qu'il allait implorer son pardon. Mais quand Congost leva les yeux, elle n'y vit nulle vergogne, seulement de la haine. Elle poussa un soupir de soulagement : les choses se déroulaient comme elle l'avait escompté.
    « Vous ne m'inspirez que de l'horreur ! lui cria-t-il en s'éloignant du lit. Vous ne valez pas mieux qu'un animal ; non vous êtes pire, car vous, vous savez ce que vous faites. » Ramassant le manteau inopinément étalé sur le sol, il le lui jeta au visage. « Et couvrez-vous. À mon retour, je ne veux vous voir ainsi, vautrée sur votre couche comme une catin ! »
    Assurée que son époux s'en était allé, Oriane s'étendit sur le lit, et se couvrit de son vêtement, à l'évidence secouée, satisfaite ô combien. Pour la première fois en quatre années de mariage, l'homme faible et velléitaire que son père l'avait forcée à épouser était parvenu à la surprendre. Certes, elle l'avait délibérément provoqué, et pourtant elle était loin de s'attendre à être souffletée. Par surcroît avec une telle violence. Elle laissa ses doigts courir sur sa joue endolorie. Il avait voulu lui faire mal. Peut-être même en garderait-elle des séquelles, auquel cas cela pourrait lui valoir quelque chose, ne fût-ce que prouver à son père l'inconséquence de sa décision.
    À cette pensée Oriane coupa court avec un rire amer. Elle n'était pas Alaïs. Seule Alaïs comptait aux yeux de l'intendant, et cela, quels que fussent ses efforts pour n'en rien laisser paraître. Oriane ressemblait trop à sa mère, et par l'allure et par le caractère, pour pouvoir être dans ses grâces. Quand bien même Jehan la battrait comme plâtre, il n'en aurait cure et présumerait

Weitere Kostenlose Bücher