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Labyrinthe

Labyrinthe

Titel: Labyrinthe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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déceler quelque signe d'effraction. Une sorte de malaise le saisit. Était-il victime de son imagination ou les objets qui se trouvaient dans la pièce, notamment la courtepointe de son lit, avaient-ils été, bien qu'imperceptiblement, déplacés ? Ce soir, le moindre détail le mettait sur ses gardes.
    « Paire ? »
    Alaïs s'exprimait d'une voix douce, à l'image du regard qu'elle portait sur son père. En l'entendant, ce dernier mit hâtivement la boucle dans sa poche.
    «  Paire , répéta-t-elle, m'avez-vous fait mander ?
    — Oui, oui. Entrez, dit Pelletier en rassemblant ses esprits.
    — Y a-t-il autre chose que je puisse faire ? s'enquit François, resté sur le seuil de la chambre.
    — Nenni, mais ne vous éloignez pas, au cas où je requerrais encore vos services. »
    Il attendit que la porte se fût refermée pour inviter Alaïs à s'installer à la table. Il lui servit un gobelet de vin et emplit de nouveau le sien sans toutefois y toucher.
    « Vous semblez lasse.
    — Je le suis un peu, en effet.
    — Que disent nos gens à propos du conseil, Alaïs ?
    — Nul ne sait trop qu'en penser, messire. L'on raconte tant de choses. Chacun prie pour que notre situation ne soit pas aussi alarmante qu'elle paraît. On sait que le vicomte se prépare à partir pour Montpelhièr demain, accompagné d'un petit équipage, pour demander audience à son oncle, le comte de Toulouse. Est-ce la vérité ?
    — Si fait.
    — L'on dit aussi que le tournoi aura lieu quand même.
    — C'est également vrai. L'intention du vicomte est d'accomplir sa mission de sorte à être revenu d'ici deux semaines. Avant la fin de juillet, quoi qu'il en soit.
    — La mission du comte a-t-elle des chances de réussir ? »
    Pelletier ne répondit pas, pour se mettre derechef à arpenter la pièce. Son anxiété était si forte qu'elle se propagea jusqu'à elle.
    Alaïs rassembla son courage avant de lui demander :
    « Guilhem fait-il partie du voyage ?
    — Ne vous en a-t-il pas lui-même informé ? s'enquit sèchement Pelletier.
    — Je ne l'ai point vu depuis que le conseil s'est achevé, avoua-t-elle.
    — Par Sant-Foy, où est-il donc ?
    — De grâce, répondez-moi seulement.
    — Guilhem du Mas a été retenu, bien que cette décision aille à l'encontre de mes vœux. Il a la faveur du vicomte.
    — Avec raison, paire , dit posément Alaïs, c'est un preux chevalier. »
    Pelletier se pencha pour remplir son gobelet :
    « Dites-moi, Alaïs, a-t-il votre confiance ? »
    La question la prit de court ; elle répondit néanmoins sans hésiter :
    « Une femme ne doit-elle pas avoir foi en son époux ?
    — Assurément, assurément. Je ne m'attendais point à autre réponse venant de vous, répéta-t-il avec un geste pour chasser un insecte invisible. Vous a-t-il interrogée sur les événements de ce matin à la rivière ?
    — Vous m'avez commandé de n'en parler à quiconque. Naturellement, je vous ai obéi.
    — Tout comme je savais que vous le feriez. Cependant, vous n'avez point répondu à ma question : Guilhem vous a-t-il interrogée ?
    — L'occasion ne s'est pas présentée, se cabra-t-elle. Comme je vous l'ai dit, je ne l'ai point vu. »
    Pelletier alla se poster devant la fenêtre pour demander par-dessus son épaule :
    « Redoutez-vous que nous n'entrions en guerre ?
    — En y songeant bien, assurément, messire, murmura-t-elle prudemment. Nous n'en viendrons pas là, n'est-ce pas ?
    — Non, cela ne devrait point. »
    Pelletier posa les mains sur l'appui de fenêtre, et se perdit dans ses pensées jusqu'à en oublier la présence de sa fille.
    « Sans doute trouverez-vous ma question impertinente, mais si je vous la pose, c'est pour une bonne raison. Sondez le fond de votre cœur, pesez bien vos mots et répondez-moi franchement : avez-vous confiance en votre époux ? Croyez-vous qu'il vous protégera, qu'il vous respectera ? »
    Alaïs saisit le sous-entendu, comprit à quoi son père voulait en venir. Cependant, elle hésitait à répondre, soucieuse de ne pas se montrer déloyale envers Guilhem et, dans le même temps, de ne pas mentir à son père.
    « Je sais qu'il ne vous agrée point, messire, même si j'ignore en quoi il a pu vous offenser…
    — Vous le savez, au rebours, parfaitement bien, répliqua impatiemment Pelletier. Je vous l'ai dit souvent assez. Toutefois, mon opinion sur du Mas, en bien ou en mal, est hors de propos. L'on peut concevoir de l'inimitié pour un homme

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