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Labyrinthe

Labyrinthe

Titel: Labyrinthe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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et cependant reconnaître ses mérites. De grâce, Alaïs, répondez à ma question. Bien des choses en dépendent. »
    La vision de Guilhem endormi. De ses yeux sombres comme l'obsidienne, le dessin de ses lèvres quand il lui baisait l'intérieur du poignet. Autant d'images si fortes qu'elle en fut troublée.
    « Je ne puis répondre, avoua-t-elle enfin.
    — Ah, soupira-t-il. Fort bien, fort bien. Je vois.
    — Sauf votre respect, paire , vous ne pouvez rien voir, attendu que je n'ai rien dit, s'emporta-t-elle.
    — Lui avez-vous appris que je vous ai fait mander ? biaisa Pelletier.
    — Comme je vous l'ai dit, je ne l'ai point aperçu, et je trouve… inconvenant que vous m'interrogiez ainsi ; que vous me contraigniez à choisir entre vous et lui, s'impatienta la jeune femme en faisant mine de se lever. Aussi, messire, à moins que ma présence ne vous soit requise pour une raison particulière, et attendu l'heure tardive, permettez-moi de me retirer. »
    Pelletier eut un geste d'apaisement.
    « Asseyez-vous, je vous prie. Je n'avais nullement l'intention de vous offenser. Pardonnez-moi. »
    Il tendit une main, qu'Alaïs hésita un instant à prendre.
    « Je ne voulais point parler par énigmes. J'hésite quant à… certaines choses doivent être claires dans mon esprit. Ce soir, j'ai reçu un message de grande conséquence, Alaïs. Et j'ai passé ces dernières heures à peser le pour et le contre afin de prendre la décision qui convient. Bien que j'aie décidé de mener certaines actions et que je vous aie fait quérir, certains doutes subsistaient.
    — Et à présent ? s'enquit-elle avec un regard appuyé.
    — À présent, la route à suivre m'apparaît très clairement. Oui, je sais maintenant ce que je dois faire. »
    Alaïs sentit le sang refluer de son visage.
    « Ainsi, c'est la guerre, souffla-t-elle.
    — Je la crois inévitable, en effet. Certains signes le laissent présager. Nous sommes confrontés à des événements bien trop grands pour que nous puissions les juguler, en dépit de nos efforts pour nous convaincre du contraire. Mais il est une chose encore plus importante que cela, Alaïs. Et si les négociations tournent en notre défaveur à Montpelhièr, peut-être alors n'aurai-je plus la possibilité de… vous dire la vérité.
    — Y a-t-il plus important qu'une menace de guerre ?
    — Avant d'aller plus loin, vous devez me donner votre parole que tout ce que je révélerai ce soir restera entre nous.
    — Est-ce la raison pour laquelle vous m'avez interrogée à propos de Guilhem ?
    — En partie, oui, admit-il, bien que ce ne soit pas la raison première. Cependant, faites-moi, avant toute chose, le serment de ne rien dévoiler de ce qui se dira entre ces quatre murs.
    — Vous avez ma parole », répondit-elle sans hésitation.
    Pelletier libéra un soupir, où Alaïs perçut du soulagement et non plus de l'anxiété. Les dés étaient jetés. Il avait fait son choix. Seule subsistait la détermination de mener l'entreprise à son terme quelles que soient les circonstances.
    Alaïs se rapprocha. La lumière des chandelles dansait au fond de sa prunelle.
    « L'histoire commence en terre d'Égypte, il y a de cela plusieurs milliers d'années. C'est l'histoire véridique du Saint-Graal. »
     
    Pelletier parla jusqu'au moment où l'huile de la lampe se fut consumée.
    Dans la grande cour régnait un profond silence, même les derniers noceurs étaient allés se coucher. Alaïs était exténuée. Ses doigts étaient exsangues et de larges cernes auréolaient ses yeux.
    À l'issue de son discours, Pelletier semblait vieilli, lassé.
    « Pour répondre à votre question, vous n'avez rien à faire. Pas encore et peut-être jamais. Si notre entreprise de demain est couronnée de succès, je disposerai du temps nécessaire pour mettre les livres en sûreté comme il m'échoit de le faire.
    — Et dans le cas contraire, messire, qu'adviendra-t-il de vous ? »
    Alaïs était effondrée. La peur la saisissait à la gorge.
    « Tout pourrait quand même bien se passer, dit-il d'une voix éteinte.
    — Et dans le cas contraire ? insista-t-elle, refusant de se voir faussement apaisée. Qu'en sera-t-il si vous ne revenez point ? Comment saurai-je le moment où je devrai inter-venir ? »
    Pelletier soutint un instant le regard de sa fille, puis tira de sa poche un sachet d'étoffe écrue.
    « S'il m'arrivait malheur, vous recevrez un insigne semblable à celui-ci.

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