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Labyrinthe

Labyrinthe

Titel: Labyrinthe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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pour Carcassonne. Sa rencontre était prévue à neuf heures, mais elle entendait arriver plus tôt. La durée de son séjour à Carcassonne dépendait de l'homme avec qui elle devait s'entretenir.
    Elle croisa ses longues jambes en ébauchant un sourire amusé. Elle avait hâte de voir s'il méritait sa réputation.

23
    Carcassonne
    Juste après dix heures, l'individu connu sous le nom de Audric Baillard quitta la gare de Carcassonne et prit le chemin de la ville, mince silhouette à l'allure stricte et distinguée, voire désuète, dans son costume clair de bon aloi. Il allait d'un pas pressé, tenant son bâton de marcheur comme un stick anglais. Le bord de son panama lui abritait les yeux de la lumière aveuglante.
    Traversant le canal du Midi, Baillard passa devant le somptueux hôtel du Terminus, avec ses miroirs Art déco aux ornements surchargés et ses portes à tambour en acier poli. Carcassonne avait beaucoup changé et les exemples ne manquaient pas, tandis qu'il progressait dans le dédale des rues piétonnes qui traversaient le cœur de la Basse ville : boutiques de mode, pâtisseries, librairies et joailliers. Les temps étaient à la prospérité. Une fois encore, Carcassonne était une destination, une ville au centre des événements.
    Les dalles blanches de la place Carnot brillaient sous le soleil. Encore une nouveauté. Les splendides fontaines XIX e avaient été restaurées, leurs bassins nettoyés. Les terrasses des cafés cernaient la place en pointillés colorés. Baillard eut un regard amusé pour le café Félix et ses parasols élimés sous les tilleuls. Certaines choses, au moins, demeuraient immuables.
    Il remonta une rue étroite et populeuse conduisant au Pont Vieux. Les antiques enseignes destinées à la Cité et ses fortifications étaient une autre indication de ce que les lieux étaient passés de la rubrique « Vaut le détour » du guide Michelin à celle de destination touristique internationale ajoutée de «  site protégé  » de l'Unesco.
    Puis il se retrouva en terrain découvert et voilà, il y était : La Ciutat . Comme toujours, Baillard éprouva le pincement de cœur de celui qui revient chez lui, même si ce n'était plus tout à fait l'endroit qu'il avait quitté.
    Une barrière décorative avait été installée à l'entrée du Pont Vieux afin d'en interdire l'accès à la circulation automobile. À une certaine époque, le piéton devait s'aplatir contre le parapet pour éviter d'être accroché par la cohorte ininterrompue de voitures, caravanes et autres motocyclettes qui s'y pressaient. Après quoi les ouvrages de pierre avaient présenté les premiers stigmates de décennies de pollution. Aujourd'hui, le parapet était immaculé. Un peu trop, peut-être. Mais le christ de pierre à demi rongé était toujours sur sa croix, à mi-chemin du pont, marquant ainsi la frontière entre la Bastide Saint-Louis, joyau de la ville actuelle, et la vieille ville fortifiée.
    Tirant un mouchoir jaune de la pochette de son veston, il s'en tamponna le visage et ce que son chapeau laissait paraître de son front. Les bords de la rivière au loin étaient entretenus et brillaient d'une végétation luxuriante d'arbres et de buissons, entre lesquels sinuaient des chemins de promenade. Sur la rive nord, harmonieusement disséminés sur une pelouse immaculée, se dressaient des massifs de fleurs exotiques. Assises sur des bancs de métal, des dames élégamment vêtues bavardaient en contemplant l'eau claire, pendant que leurs petits chiens haletaient patiemment auprès d'elles ou couraient sur les talons d'un éventuel jogger.
    Le Pont Vieux et ses douze arches filaient en ligne droite vers le quartier de la Trivalle, lequel, de triste banlieue qu'il était jadis, avait été transformé en portail de la vieille Cité. Des barrières de métal jalonnaient la chaussée à intervalles réguliers afin d'empêcher les automobilistes de stationner. Des pensées violemment multicolores débordaient des jardinières en longues traînées comme une chevelure de fée. Chaises et tables chromées rutilaient à la terrasse des cafés, et des lampadaires de cuivre aux formes élaborées s'étaient ajoutés aux luminaires désuets. Même les banales gouttières en plastique, craquelées par les intempéries, avaient été remplacées par des tuyaux de métal brossé, dont les extrémités évasées évoquaient la bouche de poissons affamés.
    La boulangerie et l'alimentation générale

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