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Labyrinthe

Labyrinthe

Titel: Labyrinthe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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sentait en harmonie avec le monde. Ses cheveux flottaient au vent qui lui remettait également des couleurs sur les joues. Alors que Tatou galopait à travers les plaines, elle se demandait si, après son trépas, son âme éprouverait pareille sensation au cours du voyage de quatre jours qui la conduirait au Ciel 2 , cette transcendance, cette impression de grâce divine où le concept de création se libère des contingences physiques pour n'être plus que pur esprit.
    Alaïs esquissa un sourire. Les parfaits professaient la notion en vertu de laquelle le temps viendrait où toutes les âmes seraient sauvées et toute question trouverait sa réponse en Paradis. Pour l'heure, elle n'était préparée qu'à l'attente. Lui restait trop de choses à accomplir en ce bas monde pour songer à le quitter.
    Avec son ombre pour seul poursuivant, ses pensées à propos d'Oriane et de sa demeure, toutes ses craintes s'étaient évanouies. Elle était libre. Derrière elle, l'ocre des murs et des tours de la Cité se fondait dans le Ponant, jusqu'à disparaître complètement.
    1. Balcon de bois couvert orienté plein sud. (N.d.T.)
    2. Selon la croyance cathare, l'âme du défunt met quatre jours pour se séparer de son corps physique. (N.d.T.)

22
    Toulouse

    M ARDI 5 JUILLET 2005
    À l'aéroport de Blagnac, l'officier de la police de l'air était plus attentif aux jambes de Marie-Cécile qu'aux passeports des autres passagers.
    Les têtes se tournaient tandis qu'elle traversait la grande et austère surface carrelée blanc et gris. Ses boucles noires symétriquement coiffées, son tailleur écarlate parfaitement ajusté, son chemisier d'un blanc immaculé, autant de signes qui attestaient de son importance, révélaient qu'elle n'était pas du genre à patienter ou à faire la queue.
    L'allure compassée dans son costume noir, son chauffeur attitré l'attendait à la porte des arrivées, parmi les estivants en tenue débraillée et leurs parents venus les accueillir. Le temps de gagner leur voiture, elle s'enquit, souriante, de sa famille, même si ses pensées étaient de tout autre nature. Le téléphone portable qu'elle venait d'activer signalait un message émanant de Will. Elle l'effaça sans prendre la peine de l'écouter.
    La voiture se glissa en douceur dans la circulation. Comme elle rejoignait la rocade qui encerclait Toulouse, Marie-Cécile se détendit enfin. La cérémonie de la veille s'était révélée prodigieusement exaltante. Forte de l'idée que la grotte avait été mise au jour, elle s'était sentie comblée, transfigurée par le rituel, subjuguée par le pouvoir hérité de son grand-père. Au moment où, levant les mains, elle avait prononcé les paroles incantatoires, de l'énergie à l'état pur avait coulé dans ses veines.
    Même la tâche de réduire au silence Tavernier, impétrant s'étant révélé indigne de confiance, avait été accomplie sans le moindre écueil. Partant du principe que personne ne soufflerait mot – et elle était convaincue qu'il en serait ainsi – il n'y avait pas matière à s'inquiéter. Marie-Cécile n'avait pas perdu de temps en lui laissant la possibilité de se défendre. Pour autant qu'elle le sût, et en ce qui la concernait, les transcriptions des interviews qu'il avait accordées à une journaliste suffisaient amplement à le condamner.
    Quand bien même… Marie-Cécile ouvrit les yeux.
    Certains points de l'affaire continuaient pourtant de la préoccuper : la manière dont les indiscrétions de Tavernier avaient été mises en lumière, la concision et la précision des notes relevées par la journaliste, la disparition de cette même journaliste.
    Mais plus que tout, c'était la coïncidence qui la troublait. Il n'y avait a priori aucune relation entre la découverte de la grotte au pic de Soularac et une sentence prononcée de longue main à Chartres (au reste dûment exécutée), et cependant, dans son esprit, les deux événements étaient irréfutablement liés.
    La berline ralentit. Elle ouvrit les paupières et se rendit compte que le chauffeur s'apprêtait à prendre un billet d'entrée d'autoroute. Craignant de le voir s'acquitter du trajet avec une carte bancaire, elle toqua à la vitre qui les séparait :
    « Pour le péage », expliqua-t-elle en produisant entre ses doigts manucurés un billet de cinquante euros.
    Marie-Cécile avait une affaire à régler à Avignonet, environ trente kilomètres au sud-est de Toulouse. De là, elle partirait

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