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Labyrinthe

Labyrinthe

Titel: Labyrinthe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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et un melon.
    Will n'avait pas grand appétit. La veille, pour tuer le temps en attendant le retour de Marie-Cécile, il s'était octroyé un verre, puis deux, puis trois. Elle n'était réapparue que bien après minuit et, à ce moment-là, il était dans un état d'ébriété avancé. Ce constat l'avait mise de méchante humeur. Une querelle nourrie s'était ensuivie, et ils n'étaient allés se coucher qu'à l'aube.
    Ses doigts se refermèrent rageusement sur le mot qu'elle lui avait laissé, sans se donner la peine de le rédiger elle-même. Cette fois encore, c'était sa gouvernante qui avait eu la tâche de le prévenir que ses affaires la contraignaient à partir pour plusieurs jours, et qu'elle espérait être de retour avant le week-end.
    Ils s'étaient rencontrés au printemps, lors d'un vernissage destiné à lancer une nouvelle galerie, par le truchement d'amis français de ses parents. Il entamait un congé sabbatique de six mois en Europe, et Marie-Cécile était l'une des commanditaires de la galerie. Parmi les hommes présents, elle avait jeté son dévolu sur lui. Attiré, flatté par tant d'attention, il s'était pris à lui raconter sa vie, tandis qu'ils vidaient une bouteille de champagne. Ils avaient quitté la galerie ensemble et ne s'étaient plus quittés depuis.
    Du moins en théorie, songeait-il amèrement. Il alla s'asperger le visage de l'eau fraîche du robinet. Un peu plus tôt, il lui avait téléphoné sans savoir ce qu'il voulait lui dire, mais son appareil était coupé. Avec elle, il ne savait jamais à quoi s'en tenir, et ses incessants va-et-vient commençaient à le lasser.
    Will regarda par la fenêtre qui donnait sur la cour arrière. Comme le reste de la demeure, l'endroit était net et parfaitement aménagé. Rien de naturel, cependant : posés sur un lit de galets gris clair, des jardinières de terre cuite, alternant citronniers et orangers, s'alignaient contre le mur orienté plein sud ; accrochés à la fenêtre, des bacs à fleurs débordant de géraniums déjà éclos et sur le portillon en fer forgé, un rideau de lierre vieux de plusieurs centaines d'années. Chaque chose évoquait la durée, la pérennité, et y serait encore bien après le départ de Will.
    L'impression l'habitait de marcher dans un rêve et de découvrir que le monde n'était pas celui qu'il avait imaginé. La décision la plus sage aurait été de dénouer sans heurts ses attaches et de poursuivre son chemin. Mais si décevante que fût sa relation avec Marie-Cécile, force lui était de reconnaître qu'elle s'était toujours montrée aimable et généreuse envers lui. Pour être honnête, elle avait rempli sa part du marché. Seules ses espérances irréalistes propres à sa jeunesse étaient responsables de son abattement. En ce qui la concernait, elle n'avait rien à se reprocher, n'ayant brisé aucune promesse.
    Will ne se rendait compte qu'aujourd'hui de l'ironie du sort qui l'avait conduit à passer les trois derniers mois dans une demeure en tous points semblable à celle où il avait grandi et qu'il avait voulu fuir, aux États-Unis. Hormis les différences culturelles, l'atmosphère, élégante et stylée, lui rappelait celle de chez ses parents, une résidence davantage conçue pour les mondanités que pour la vie de famille. Là-bas comme ici, il avait passé le plus clair de son temps à errer tout seul d'une pièce à l'autre.
    Pour Will, ce voyage avait été prétexte à réfléchir et décider de ce qu'il ferait de son existence. Le projet, au départ, consistait à voyager en France et en Espagne afin de rassembler des éléments d'inspiration en vue du livre qu'il projetait d'écrire. Or, depuis son arrivée à Chartres, c'est à peine s'il avait couché une ligne sur le papier. L'ouvrage qu'il voulait entreprendre traiterait de rébellion, de colère et d'anxiété, les trois inavouables composantes de la vie américaine. Aux États-Unis, les motifs pour exprimer sa colère ne lui manquaient pas, ici, en revanche, elle s'était calmée faute de combustible. Son seul objet de préoccupation était à présent Marie-Cécile, et elle était inaccessible.
    Ayant vidé la bouteille de lait, il alla la jeter dans la poubelle. Après un dernier coup d'œil sur la table, il finit par décider de prendre son petit déjeuner dans un quelconque café. La seule pensée de devoir faire la conversation à François-Baptiste lui retournait l'estomac.
     
    Will traversa le couloir. Dans le

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