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Lacrimae

Titel: Lacrimae Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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piaffe 6 à sa porte.
    — Oh… ils n’oseront rien, du moins pour l’instant. L’existence et l’importance de cette pierre rouge risqueraient de se répandre. Fâcheuse idée. Mieux vaut pour eux agir de derrière la tenture. Ils y excellent. Avez-vous avancé dans sa connaissance ?
    — Non pas, mon oncle. Nogaret la veut plus que tout puisque Rome la désire. Il y voit un moyen de pression, de chantage pour arracher à Clément V ce que souhaite Philippe. La condamnation posthume et la destitution de Boniface VIII, et sa neutralité bienveillante dans l’extermination de mon ordre. Je lui ai fait accroire que la pierre avait été en notre possession et que, peut-être, Jacques de Molay était informé de sa signification.
    — C’est faux ?
    — Tout à fait. Nous connaissons son existence depuis plus d’un siècle et la recherchons de part le monde. Les contes les plus insensés courent à son sujet, de l’est à l’ouest. Pierre philosophale, clef menant au savoir ultime, porte ouvrant sur Dieu. D’autres l’ont traitée de fable, de billevesée.
    — Et qu’en faites-vous ? s’enquit Constant de Vermalais.
    — Je ne sais. Toutefois, mon enquête au sujet de ce mire, un certain Jehan Fauvel, condamné à la Question par l’Inquisition…
    Hugues de Plisans remarqua la soudaine tension de son oncle. Il s’interrompit, attendant que celui-ci intervienne. Toutefois, Constant de Vermalais demeura muet. Plisans reprit :
    — … Et qui se suicida ou fut occis dans sa cellule, m’a troublé. Le bonhomme n’avait rien d’un agité à l’esprit embrouillé. Il s’agissait d’un grand savant qui avait réuni les arts médicaux antiques et actuels. Il avait gardé le meilleur des traités des plus prestigieux médecins, rejetant l’ivraie 7 . Pour ce que j’en ai appris, il luttait contre la superstition. Cet homme aurait-il été berné par des fariboles ? Pourquoi, alors, serait-il mort pour protéger la pierre et son secret ? Nogaret, l’Inquisition, l’évêque d’Alençon recherchent sa fille, une Héluise qui a disparu de Brévaux dès après le trépas de son père.
    L’abbé fronça les sourcils, sembla hésiter puis déclara d’un ton ferme :
    — Il nous la faut, donc.
    — Certes, et avant eux. Un de mes frères suit, telle une ombre, le vilain sbire payé par Nogaret pour la retrouver. Lors de son procès inquisitoire, la damoiselle Héluise fut décrite par son père, puis par Foulques de Sevrin lors de son audition devant Éloi Silage, telle une donzelle éprise de Psaumes et de broderie. Ayant entrevu, grâce à mon enquête, la personnalité du mire Fauvel, je n’y ajoute plus foi. Ma conviction est que les deux hommes se sont acharnés à la protéger en brossant un portrait de fille aussi insignifiante que possible. Ils ont eu grande raison. Néanmoins, combien de temps leur subterfuge sera-t-il efficace ?
     
    Un silence s’établit, seulement perturbé par les courts gémissements des bûches dans l’âtre. Hugues de Plisans sentit que son oncle retenait une information. Constant de Vermalais pencha le torse et entrelaça ses doigts, lâchant un soupir d’hésitation.
    L’abbé était à juste titre réputé pour sa vaste intelligence, sa pureté inflexible, et pour son implacable élitisme qui le rendait peu charitable. L’explication qu’il avait un jour donnée, longtemps auparavant, alors qu’Hugues était encore garçonnet, n’avait pas convaincu le jeune homme.
    — Dieu a distingué certains d’entre nous afin de Le mieux servir, de faire progresser Son œuvre. Il nous a créés plus intelligents, plus puissants, plus forts, sans doute plus proches de Lui qu’autres de Ses créatures. Qui sommes-nous pour discuter Son choix ?
    — Mais le Divin Agneau ? avait rétorqué Hugues, que ce discours troublait de désagréable façon.
    — Certes… L’infini amour et la compassion, même pour celles d’entre les créatures de Son Père qui ne les méritent pas et qui Le crucifièrent. Toutefois, Il est divin et jouit de l’éternité. Le temps nous est terriblement compté et nous sommes faillibles. Ne gaspillons pas le misérable sablier qui nous est octroyé ; nos forces, ne les diluons pas pour sauver quelques êtres épars quand nous devons aider au futur de l’humanité entière. Dieu ne saurait être injuste. Si l’une de Ses créatures trépasse, Il en a jugé ainsi.
    Constant n’avait jamais dévié de cette philosophie,

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