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Lacrimae

Titel: Lacrimae Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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résister. Donnant donnant : la pierre rouge contre des hommes.
    1 - Ou « almuche ». Capuchon, souvent en fourrure, prolongé d’une courte pèlerine.
    2 - On a accusé Philippe le Bel de vouloir mettre la main sur la fortune du Temple. Cela étant, il semble avéré que l’argent que lui coûta le procès contre les templiers et la redistribution de leurs biens à l’ordre de l’Hôpital excédaient ce qu’il récupéra. Il semble donc que les mobiles du souverain aient été plus politiques qu’intéressés.
    3 - Certains templiers parvinrent à fuir vers l’Angleterre où nombre de leurs frères étaient déjà installés.
    4 - Circonvenu, trompé. Ce fut, en effet, ce que certains contemporains du souverain affirmèrent.
    5 - Opportunité due à la négligence ou à la malchance d’autrui.
    6 - Le mot a alors double sens. Il signifie : braver, chercher à attirer l’attention sur soi et, en parlant d’un cheval énervé, désigne le mouvement de ses pieds frappant la terre, sens que nous avons conservé en l’employant surtout au figuré pour évoquer l’impatience.
    7 - Ebriaca . Mauvaise herbe qui pousse parmi le froment. D’où l’expression « séparer le bon grain de l’ivraie ».
    8 - Les templiers furent arrêtés le 13 octobre 1307.

XIX
    Saint-Denis-d’Authou, octobre 1306
    S on grand corps épais appuyé au manteau de la cheminée de pierre, la mine fort sombre, Philippe éventa sa face rougeaude de la missive datée de presque un mois. Le sang lui bouillait. Il détailla le marchand efflanqué, en chemin pour la Normandie, qui la lui avait remise. L’homme, vêtu d’un long mantel d’épaisse laine grise, semblait attendre quelque chose. La teneur du message n’engageait pourtant pas Philippe à la largesse, ni le fait que ce vendeur ambulant de colifichets, lotions de peau et de voix 1 pour dames ait tant traîné en chemin avant de le lui remettre.
    — Tu me portes bien fâcheuse nouvelle, l’ami, lâcha-t-il.
    L’autre répondit d’une voix douce, teintée d’un fort accent savoyard :
    — J’en suis fort marri, seigneur. Cependant, je ne suis que le messager de ce tragique événement.
    — Certes. Va te restaurer. Je te ferai remettre une bourse pour ton service.
    — Dieu vous saura gré de votre belle générosité, seigneur, et je vous en remercie du fond du cœur.
    Le marchand s’inclina bas et disparut.
    Resté seul, Philippe parcourut à nouveau la lettre tracée d’une belle écriture ferme. Lisant aussi piètrement qu’il écrivait, il dut former les mots à haute voix.

    « Noble seigneur et mon bien-aimé frère d’alliance,
     
    « En dépit des tragiques circonstances qui me poussent à vous écrire, je supplie le Ciel que vous et votre mesnie soyez en belle forme.
    « Après le décès soudain de notre frère cadet, Lubin, l’an passé, un nouveau malheur nous éprouve. Le cœur me saigne et le chagrin m’étouffe à vous devoir apprendre ce qui suit. Mon admirable père, tant aimé et respecté, vient de trépasser à l’issue d’une terrible agonie. Je vous conte quelques détails de cette malemort 2 , vous suppliant de n’en rien révéler à ma chère sœur. Sa belle sensibilité de dame me fait redouter une réaction de nerfs que vous aurez la charité de lui épargner, car son chagrin sera affreux. Le destrier de mon père s’est emballé lors d’une chasse. L’animal a trébuché et chu sur mon père, lui écrasant la jambe d’épouvantable façon. Une maladie de gangrène s’en est mêlée. L’amputation recommandée par notre médecin fut incapable de l’enrayer. Mon pauvre père a souffert comme je ne le souhaite à aucun mien ennemi. Je vous implore de vouloir bien commettre un pieux mensonge, que Dieu vous pardonnera volontiers. De grâce, affirmez à ma chère sœur, votre tendre épouse, qu’il décéda vite et d’assez douce manière.
    « Je me doute, seigneur mon frère, de l’affliction que provoquera ce message, et suis de tout cœur et de toute âme à vos côtés. Je vous prie d’assurer ma sœur de mon éternelle affection fraternelle.
     
    « Votre respectueux et bien aimant André de Cluzet. »

    Par la mort de Dieu 3  ! Lui qui n’aimait rien tant que de couvrir sa tendre mie de présents, de nouvelles aimables, de caresses, comment allait-il lui conter la fin tragique de ce père qu’elle chérissait ? La seule idée de lui obscurcir l’humeur, de l’attrister, de la mécontenter en quoi

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