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L'affaire Nicolas le Floch

Titel: L'affaire Nicolas le Floch Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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Nicolas.
    — Ah ! ça ! Comment faites-vous ?
    — Cela m'a paru assez naturel, fit modestement Nicolas.
    — Je n'ai pas fini, reprit Semacgus avec un geste d'impatience. Apprenez que le conservateur des collections, M. Bichot, l'aide de M. de Jussieu démonstrateur du salon de botanique, est un homme très amoureux de ses trésors et un peu maniaque. Il note sur un registre aux pages numérotées et paraphées, comme des minutes de notaire, les noms des visiteurs du cabinet. Il a pris cette habitude à la suite de menus larcins de collectionneurs. Ainsi possède-t-il non seulement les noms, mais les adresses, des visiteurs et, encore mieux, leurs demandes précises de consultation des herbiers et des cartons. Outre cela, vous ignorez peut-être que le Jardin n'est ouvert au public que les mardis et les jeudis.
    — Ma foi, voilà qui est torché ! dit Bourdeau en vidant d'enthousiasme un troisième verre.
    — Or, poursuivit le chirurgien de marine, le dernier amateur à visiter cette section l'a fait... le mardi 4 janvier 1774, soit deux jours précisément avant la soirée du 6 janvier au cours de laquelle Mme de Lastérieux est morte empoisonnée !
    — Vous allez trop vite pour ma pauvre tête, gémit Bourdeau. Ou alors c'est le chinon qui m'embrume le cerveau. Que diable, nous savons qu'elle n'a pas été empoisonnée au piment bouc, qui n'a d'ailleurs pas cette propriété...
    — Certes, intervint Nicolas, mais nous avons découvert – enfin, Semacgus a démontré – que dans le lait de poule des grains de piment bouc avaient été broyés pour dissimuler la présence d'un poison inconnu et violent.
    — Pourquoi se donner le mal d'en voler ? insista l'inspecteur.
    — Casimir ne possédait sans doute plus de cette épice, dont la réserve venue des Îles était épuisée, expliqua posément Nicolas. Il fallait qu'un lien incontestable reliât le poison dissimulé à un produit de la maison auquel un familier de celle-ci – moi, en l'occurrence – pouvait avoir accès. Le rôle de Casimir dans tout cela ? Nous l'ignorerons toujours ; un mort ne parle plus.
    — Messieurs, messieurs, intervint Semacgus, que de conjectures ! Prêtez plutôt attention à la suite de mon récit. Donc, le mardi 4 janvier 1774, un dénommé Charles du Maine-Giraud a demandé à consulter les collections des Îles. Dans le souvenir de M. Bichot, c'était un jeune homme de qualité selon son habit, fort poli et sans signe distinctif. Après son départ, le conservateur a constaté le vol.
    — Et son adresse ? dit Bourdeau.
    — Voilà l'essentiel. Ce monsieur habite dans un meublé rue Saint-Julien-le-Pauvre.
    — Nous voilà bons pour une visite rapide à cet oiseau-là, tonitrua Bourdeau.
    — Surtout, ajouta Semacgus triomphant, qu'il loge – je tiens cela de Rabouine, qui a déjà humé pour moi l'air du quartier – dans un meublé appartenant à...
    Tous le regardaient pendus à ses lèvres.
    — À M. Balbastre, organiste de Notre-Dame et contempteur enragé de M. Nicolas Le Floch, commissaire de police au Châtelet.
    L'hôte trouva à ses clients un air hébété alors qu'il posait devant eux un grand plat en terre juste tiré du feu. Il mit cela sur le compte de l'admiration et de la gourmandise. Le quasi de veau fumait et sa viande fondante se laissa doucement aller sur sa couche d'oignons.

IX
    CHASSES
    Nous touchons tous vivants à la rive infernale.
    Crébillon
    Le repas se transforma en conseil de guerre.
    — Voilà, dit Nicolas, ce que nous allons faire... Bourdeau se rendra au domicile de ce jeune homme pour y enquêter sur place. Si l'oiseau est au nid, il nous le ramènera au Châtelet où nous procéderons sur-le-champ à un premier interrogatoire. Quant à moi, je dois examiner le testament de Julie. Je possède d'elle quelques écrits que j'entends placer sous les yeux d'un praticien. Je crois savoir qu'un commis des Affaires étrangères, habile à l'ouverture de plis détournés, achetés ou dérobés aux courriers des principales puissances, pourrait nous aider. Pour cela, je me rendrai à Versailles, où...
    Il se retint à temps, juste avant de révéler le compte rendu qu'il devait faire au roi de sa mission à Londres.
    — ... où M. de La Borde, comme à l'habitude, ne me ménagera pas son aide. De retour à Paris, muni, je l'espère, d'une certitude, j'irai selon le résultat, consulter M e  Tiphaine et le pousser dans ses retranchements. En dernier

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