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L'âme de la France

L'âme de la France

Titel: L'âme de la France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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fuyards.
    Mais ce ne sera pas l'effondrement. Le pouvoir politique tient. Il quitte Paris pour Bordeaux – sinistre souvenir de 1871 ! –, mais demande aux militaires de défendre Paris.
    Et c'est la bataille de la Marne, le front qui se stabilise, les soldats qui s'enterrent dans les tranchées.

    La République ne s'est pas effondrée. Il n'y aura pas de débâcle comme en 1870. Nul ne manifeste contre le régime et les soldats résistent.
    Ces « poilus » sont des paysans. La terre leur appartient. Un patriotisme viscéral, instinctif, les colle à ces mottes de glaise.
    Mais, poussés par les politiques, les chefs croient à l'offensive.
    Offensive en Champagne en 1915. Échec : 350 000 morts.
    En 1916, on s'accroche à Verdun.
    En 1917 – la révolution russe de février a changé la donne –, le général Nivelle, qui vient de remplacer Joffre, lance l'offensive du Chemin des Dames.
    Échec. Hécatombe. Mutineries.
    Pétain, économe des hommes, partisans de la défensive, le remplace. Il veut attendre « les Américains et les tanks ».
    Quand les Allemands lancent leurs dernières offensives, en 1918, Foch, généralissime de toutes les armées alliées, dispose d'une supériorité écrasante. Craignant que sa propre armée ne s'effondre – comme s'est dissoute l'armée russe après la révolution d'octobre 1917 –, l'état-major allemand fait pression sur Berlin pour qu'on sollicite un armistice. Ainsi, le sol allemand n'aura pas été envahi.
    C'est donc, le 11 novembre 1918, la victoire de la France.
    La nation a été le théâtre majeur de la guerre.
    Elle a sacrifié le plus grand nombre de ses fils – seuls les Serbes, proportionnellement à leur population, ont subi davantage de pertes.

    Le peuple français sous les armes et l'arrière ont tenu parce que l'« intégration » à la nation issue d'une histoire séculaire a été réalisée.
    Ce patriotisme aux profondes racines a été revivifié par les lois républicaines, par le suffrage universel, par le « catéchisme national » enseigné par les « hussards noirs de la République ».
    Chaque soldat est un citoyen.
    Cet attachement à la terre de la patrie – le poilu est souvent un paysan propriétaire de sa ferme – explique sa résistance. Il se bat. Il s'accroche au sol non parce qu'il craint le peloton d'exécution pour désertion ou refus d'obéissance, mais parce qu'il défend sa propre parcelle du sol de la nation.
    Et s'il se mutine en 1917, s'il fait la « grève des combats », c'est parce qu'on ne respecte pas en lui le citoyen, que l'on est « injuste » dans la répartition des permissions ou dans la montée en première ligne, qu'on « gaspille » les vies pour « grignoter » quelques mètres, tenter des percées qui ne peuvent aboutir.

    Certes, la lassitude, la contestation, la fascination pour la révolution russe, l'antimilitarisme – si présent en 1914 –, progressent en même temps que la guerre se prolonge et que les offensives inutiles se multiplient.
    Le poilu se sent solidaire de ses camarades qui « craquent », qui se rebellent et qu'un conseil de guerre expéditif condamne à mort.
    Mais le patriotisme l'emporte sur l'esprit de révolte.
    Le sol de la patrie occupé appartient aux citoyens. Il leur faut le défendre, le libérer.

    Ce sont des citoyens-soldats qui ont remporté la victoire. En première ligne, ils avaient le sentiment de vivre avec les officiers de troupe dans une « société » républicaine où chacun, à sa place, risquait sa vie.
    Ils n'avaient pas le même rapport avec les officiers supérieurs, perçus comme des « aristocrates ». Et les généraux qu'ils ont appréciés sont ceux qui, comme Pétain, les respectaient, rendaient hommage à leur courage, ne les considéraient pas comme de la chair à canon.

    À la tête du pays, l'union sacrée à laquelle participaient les socialistes confirmait ce sentiment d'une cohésion de tous les Français.
    Sans doute les socialistes quittent-ils le gouvernement en novembre 1917, reflétant par là la lassitude qui affecte tout le pays. Mais la personnalité de Clemenceau, président du Conseil, prolonge l'union sacrée. Il a un passé de républicain dreyfusard, même si, dans les milieux ouvriers, on se souvient du « premier flic de France », adversaire déterminé du socialisme. Il incarne un patriotisme intransigeant.
    Sa volonté de « faire la guerre » et de conduire le pays à la

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