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L'ange de la mort

L'ange de la mort

Titel: L'ange de la mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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    Bassingham poussa un hurlement en les voyant se saisir de son épouse, mais – comme le savait parfaitement Fitzwarren – le manoir était désert et la campagne enfouie sous une épaisse couche de neige.
    Qui viendrait à leur secours ? Et Fitzwarren, bouillonnant de rage, sentait que quelqu’un devait payer pour les innombrables soufflets que le destin lui avait infligés.
    À Londres, Corbett et Ranulf allaient assister à une rencontre d’une tout autre nature. Hervey les avait rejoints devant le portail sud de St Paul et ils étaient entrés dans la cathédrale à la fin de l’office de prime. Corbett leur avait fait signe d’attendre dans la nef, encore plongée dans la pénombre. Il avait regardé le cercle de lumière formé par les rangées de bougies posées dans leurs candélabres d’argent, entre les stalles. Les chanoines en étaient au psaume final. Corbett écoutait attentivement, l’esprit apaisé par les accents modulés du plain-chant : le jour du Jugement dernier, le Seigneur viendrait apporter la justice à toutes les nations... Corbett eut un petit sourire en entendant ces paroles. Si le Seigneur venait, il passerait le plus clair de son temps à faire oeuvre de justice, ici, à St Paul. Enfin, le chantre entonna le Gloria final — Gloria Patri et Filio et Spiritu Sancto ! — auquel le choeur répondit en un chant triomphal. Puis le silence retomba et les chanoines sortirent en rang ; on souffla les bougies et les ténèbres envahirent à nouveau la cathédrale.
    Corbett ne se souciait guère d’avoir été vu ; un instant plus tard, accompagné de Ranulf et de Hervey, il remonta la nef, passa près du sanctuaire et déboucha dans le cloître. De là, il gagna le chapitre qui avait bien changé d’aspect depuis l’avant-veille, depuis la journée du banquet ; en effet, les tapis étaient enroulés et les tables empilées contre les murs. Sur l’estrade l’attendait un groupe de silhouettes encapuchonnées. L’aube commençait juste à poindre, la salle était d’une obscurité lugubre, et la lueur tremblotante des bougies dessinait des ombres grotesques sur les visages. Corbett traversa la pièce. Tout en foulant les lattes de bois, il regardait les écus suspendus aux murs, frappés des blasons des chanoines qui avaient servi l’Église pendant des siècles ; il vit les couleurs — azur, or, sable {24} et gueules {25} — et les animaux – léopards, lions couchés et passants, griffons, dragons, dragons ailés... Pourquoi, se demanda-t-il négligemment, des hommes de Dieu éprouvaient-ils le besoin d’arborer d’aussi orgueilleuses armoiries ?
    Lorsqu’il arriva au fond de la grand-salle, il salua et monta sur l’estrade. Il s’approcha du haut bout de la table, se félicitant de voir les chanoines lui témoigner tout le respect dû à un envoyé du roi. Il prit place sur la large chaise en chêne sculpté et fit signe à Ranulf et à Hervey de s’asseoir sur un banc, à ses côtés. Oui, ils étaient bien là, ces cinq chanoines qui avaient concélébré cette messe fatidique avec Montfort, deux jours auparavant. Il les observa, reconnaissant le visage poupin de Plumpton et répondant à son regard hautain par une légère inclination. Quant aux autres, ils étaient jeunes ou âgés, semblaient ascétiques ou paraissaient n’avoir jamais connu une seule heure de jeûne dans leur vie. Tous étaient revêtus de robes sombres aux manches et capuchons bordés d’hermine. Chacun avait l’air anxieux et méfiant comme s’il redoutait ce qui allait advenir. Corbett les dévisagea à nouveau, jouissant de ce moment. En effet, il éprouvait assez bizarrement une répulsion presque incontrôlable pour ces ecclésiastiques replets, qui s’appelaient eux-mêmes hommes de Dieu, car il savait que l’un d’eux, sinon plusieurs, était coupable d’assassinat et de sacrilège. Ils attendaient, en un silence recueilli, prêts à répondre à ses questions et s’il faisait un pas de travers, s’empresseraient de se plaindre haut et fort à leur évêque, à l’archevêque de Cantorbéry, au roi, au pape ou à toute autre oreille bienveillante. Corbett donna le temps à Hervey de prendre son écritoire et ses rouleaux de parchemin. Ranulf ne bougeait pas ; les mains croisées, il savourait ce moment ; en effet, il buvait du petit lait quand il assistait aux procès de gens qui lui étaient supérieurs, surtout s’ils appartenaient au

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